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Portrait de Paul Kagame

Radio-Canada

Paul Kagame naît en octobre 1957 à Kamonyi, dans la province de Gitarama, dans le centre du Rwanda. Il est issu de la famille royale du pays. En 1961, devant la montée des persécutions contre les Tutsis, sa famille quitte le pays pour l'Ouganda.

En 1979, alors qu'il a 22 ans, il rejoint le futur président de l'Ouganda, Yoweri Kaguta Museveni, dans un mouvement de résistance à la dictature d'Idi Amin Dada. Le groupe deviendra la National Resistance Army (NRA) qui a chassé Amin Dada du pouvoir.

Plusieurs réfugiés rwandais font aussi partie du noyau de cette résistance qui affrontera ensuite la dictature de Milton Obote, puis celle de Tito Okello. Cette période permettra aux militants Fred Rwigema et Paul Kagame de se construire une culture politico-révolutionnaire, dans laquelle les grandes figures révolutionnaires d'Amérique latine et de Chine ont une place prépondérante.

En 1986, Yoweri Kaguta Museveni devient président de la République de l'Ouganda, et plusieurs de ses compagnons d'armes rwandais deviennent officiers dans l'armée ougandaise. L'année suivante, Kagame fonde le Front patriotique rwandais (FPR), mouvement de guérilla tutsi, avec Rwigema.

En 1990, sous la direction de Rwigema, le FPR entreprend le retour au pays des exilés rwandais, réfugiés à partir de 1959. Le 2 octobre, Rwigema est tué au combat. Sa mort est cachée plusieurs jours aux combattants du FPR, dont les responsables sont en désarroi.

Le président ougandais Museveni, très proche des responsables du FPR, impose Kagame, son chef des renseignements militaires, à la tête du FPR. Kagame doit alors quitter un stage de formation à Fort Leavenworth, aux États-Unis.

De 1991 à 1993, entre combats, défaites et victoires, il négocie parallèlement les accords d'Arusha avec le président du Rwanda, Juvénal Habyarimana, forcé à la discussion par la France.

Pendant la période de négociations, Kagame est arrêté à Paris par les services français une douzaine d'heures, sous des allégations de terrorisme, juste après avoir été reçu par des conseillers politiques du gouvernement français et de l'Élysée.

Vers la présidence

Le 6 avril 1994, l'avion transportant le président Habyarimana est abattu. Les soldats belges de la mission de l'ONU sont accusés par les Hutus d'être responsables de son assassinat. Résultat: 10 soldats belges sont tués le lendemain par la garde présidentielle rwandaise.

En conséquence, l'ONU décide de se garder de toute intervention. En trois mois, 800 000 Tutsis et Hutus modérés sont assassinés dans un génocide sans précédent. En 13 semaines, près de 75 % de la population tutsie au Rwanda est tuée.

En parallèle, les troupes du FPR engagent le combat contre les Forces armées rwandaises. Malgré des troupes inférieures en nombre et des moyens militaires limités, Kagame profite de l'épuisement moral et médiatique des troupes adverses pour renverser les forces rwandaises et le gouvernement intérimaire.

Après le génocide, Pasteur Bizimungu est choisi comme président du Rwanda pour la période de transition. Kagame devient vice-président et ministre de la Défense le 19 juillet 1994.

Ses opposants l'accusent toutefois d'agir de façon autoritaire, voire dictatoriale, et de refuser de négocier avec les oppositions hutues. On affirme que Bizimungu n'est qu'un président fantoche, tandis que Kagame place les dirigeants du FPR à tous les niveaux de pouvoir.

En 1997, il envoie des troupes au Zaïre voisin (maintenant République démocratique du Congo), où de nombreux Hutus se sont réfugiés. Ce conflit des Grands Lacs africains aurait fait jusqu'à 5 millions de morts, selon Amnistie internationale.

En 2000, le Parlement rwandais désigne Kagame comme président après la démission de Bizimungu. Il est reporté au pouvoir lors des élections de 2003 avec 95 % des voix, un résultat contesté par l'opposition. L'élection d'un Tutsi par la majorité hutue est toutefois perçue comme un signe de réconciliation par la communauté internationale.

À de nombreuses reprises, Kagame accuse implicitement la France d'avoir participé au génocide en 1994 lors de l'opération humanitaire Turquoise. Tandis que Paris affirme que l'intervention a permis de sauver des vies, il estime plutôt qu'elle a servi à mettre des génocidaires à l'abri.

En revanche, l'emprisonnement de l'ex-président Bizimungu pour avoir tenté de former un nouveau parti politique démontre le caractère autoritaire du régime Kagame

Paul Kagame est marié à Jeannette Nyiramongi depuis 1987. Le couple a quatre enfants.

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