Centraide craint le gouvernement Charest
Prenez note que cet article publié en 2005 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Selon un document obtenu par Radio-Canada, Québec songe à retirer à Centraide l'exclusivité des dons retenus à la source des employés de l'État, ce qui pourrait lui faire perdre plus de 4 millions de dollars.
Radio-Canada a appris que le Québec jonglait avec l'idée de retirer à Centraide l'exclusivité des dons des employés de l'État retenus directement sur leur salaire. La perte de ce privilège, dont jouit Centraide depuis 30 ans, pourrait lui faire perdre plus de 4 millions de dollars.
Centraide est une organisation qui recueille des dons dans une collecte de fonds unique pour les redistribuer à 1500 oeuvres de charité au Québec. Celles-ci viennent en aide à environ 1,3 million de Québécois dans le besoin.
À titre d'exemple, Moisson Québec, la grande banque alimentaire de la capitale, a reçu 175 000 $ de Centraide cette année, soit environ 25 % de son budget.
La retenue des dons directement des chèques de paie rapporte quelque 12 millions de dollars. « Le gouvernement a donné cette exclusivité à Centraide pour pouvoir faire un focus sur la pauvreté », explique la PDG de Centraide, Michèle Thibodeau-DeGuire.
Mais selon un mémoire obtenu par Radio-Canada, le gouvernement Charest souhaite étendre cette particularité à la Croix-Rouge et à Partenaire-Santé, qui le réclament. Québec songe même à offrir la retenue à la source des dons aux 16 000 organismes de bienfaisance de la province.
Le document émane d'un comité de quatre ministres formé en juin l'an dernier à la suite des pressions de la Croix-Rouge et de Partenaire Santé. L'épouse du premier ministre Charest, Michèle Dionne, était alors présidente d'honneur de la campagne de financement de la Croix-Rouge.
Depuis trois ans, un autre proche du gouvernement libéral, Pierre Shedleur, récemment nommé PDG de la Société générale de financement, supervise le financement de la Croix-Rouge. Mais l'organisme affirme qu'il n'y a aucun lien avec l'attention portée à leur demande.
« Mme Dionne est impliquée depuis plus de sept ans à la Croix-Rouge, M. Shedleur, plus de trois ans. On a des gens de toutes les allégeances politiques », explique le directeur général de la Société canadienne de la Croix-Rouge - section Québec, Conrad Sauvé.
« Tout ce qu'on demande au gouvernement, c'est de permettre à nos donateurs actuels d'étaler leurs dons sur leurs chèques de paie », ajoute-t-il.
Mais selon Centraide, un tel changement, déjà effectué par le gouvernement fédéral, risque d'être catastrophique. « On perdrait près de 35 % [de nos dons de] de campagne, ce qui représenterait presque 4,2 millions », estime Mme Thibodeau-DeGuire.
La ministre responsable du dossier, Michèle Courchesne, affirme que la demande est encore à l'étude.