Les policiers dépêchés à Kanesatake rentrent chez eux
Prenez note que cet article publié en 2004 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Abandonnant définitivement leur opération, les 55 peacekeepers dépêchés par différentes réserves du Québec pour remplacer les policiers autochtones de Kanesatake plient bagage.
Selon La Presse, les 55 peacekeepers dépêchés par différentes réserves du Québec pour remplacer les policiers autochtones de Kanesatake abandonnent définitivement leur opération. Confinés dans un hôtel de Laval depuis leur évacuation du territoire mohawk, ils ont plié bagages dimanche matin.
La consigne aurait été donnée samedi en début de soirée par Terry Isaac, le policier qui devait à l'origine remplacer le chef de police Tracy Cross. Le grand chef de Kanesatake, James Gabriel, avait décidé de ce remplacement parce qu'il jugeait Tracy Cross incapable de mettre fin au trafic de marijuana et au crime organisé sur le territoire de Kanesatake.
Avec l'aide financière du fédéral et d'une cinquantaine de policiers autochtones de différentes réserves, le grand chef Gabriel avait tenté d'amorcer un «nettoyage» de Kanesatake au début de la semaine dernière.
Mais ses opposants au Conseil de bande, avertis de l'opération par une fuite policière, ont dressé des barricades et préparé une embuscade au terme de laquelle la cinquantaine de policiers autochtones ont été séquestrés dans le poste de police de Kanesatake, plongeant la réserve dans une crise.
Terry Isaac, qui retournera donc dans sa réserve de Restigouche, n'a pas caché que l'expérience avait été «assez amère». Il a refusé de dire, pour des raisons de sécurité, si une nouvelle opération pouvait éventuellement être lancée.
Il a cependant confirmé que la fuite provenait d'une personne de sa propre réserve et a assuré que des mesures seront prises pour que ce mouchard réponde de ses actes devant la justice.
Pendant ce temps, la situation semblait être revenue presque complètement à la normale sur le territoire de Kanesatake.
Trafic d'armes à Kanesatake
Par ailleurs, Terry Isaac a confirmé que Kanesatake était une plaque tournante importante du trafic d'armes en provenance des États-Unis.
En plus de la vente illégale de cigarettes et le trafic de marijuana, la réserve qui borde la ville d'Oka est un «véritable refuge» pour certains réseaux criminels en raison du laxisme et de la corruption des autorités policières amérindiennes.
Le gouvernement québécois était au courant du trafic d'armes à Kanesatake depuis plusieurs années. Selon James Gabriel, grand chef de Kanesatake, plusieurs chefs mohawks seraient également au courant de ces activités criminelles et tenteraient de les endiguer. Mais le manque de moyens et l'intimidation qu'exercent les bandes criminelles et les trafiquants sur les autorités amérindiennes rendent la lutte plutôt inégale.
Les armes trafiquées à Kanesatake proviendraient majoritairement des États-Unis, où il est beaucoup plus facile de les acheter qu'au Canada. Ces armes entreraient ensuite au pays via la réserve d'Akwesasne, située à la jonction des frontières du Québec, de l'Ontario et des États-Unis avant d'être transportées à Kanesatake où on les entrepose dans des caches contrôlées par les bandes de motards criminels.
Selon la Gendarmerie royale canadienne, Akwesasne serait également un point d'entrée important pour les immigrants illégaux.