Kahnawake dit «non» à un casino

57% des membres de la communauté mohawk se prononcent par référendum contre la construction d'un casino sur le territoire de la réserve située au sud-ouest de Montréal.

Les membres de la communauté mohawk de Kahnawake ont refusé samedi de faire bâtir un casino sur leur territoire. Le résultat final du référendum indique que 57% des membres se sont prononcés contre l'implantation d'une maison de jeu.

C'est la seconde fois en 10 ans que les Mohawks de Kahnawake se prononcent par voie de référendum sur un projet de casino sur leur territoire. En 1994 déjà, la communauté autochtone avait rejeté un projet de casino par une faible majorité de 53%.

Contrairement à leurs habitudes, les Mohawks se sont déplacés en grand nombre pour ce second plébiscite. On évaluait le taux de participation à près de 37%, alors qu'il dépasse à peine les 20% généralement.

Par voie de communiqué, le conseil mohawk de Kahnawake a annoncé qu'il se conformerait à la décision populaire, tout en indiquant qu'il reviendrait sous peu à la charge avec un nouveau projet. «Je suis évidemment déçu des résultats, a affirmé le chef Joe Norton. Toutefois, nous sommes déterminés à poursuivre nos efforts afin de trouver des projets qui assureront l'avenir économique de Kahnawake.» Selon le conseiller spécial Eric Cardinal, les leaders de la réserve pourraient annoncer un autre projet d'envergure dès lundi.

Un casino plus gros que celui de Montréal à son ouverture

Le projet présenté aux Mohawks de Kahnawake prévoyait que le casino soit construit près de la sortie 90 de l'autoroute 30, au coût de 114 millions de dollars. L'établissement aurait contenu plus de 1800 machines à sous et 85 tables de jeu, soit un peu plus d'effectifs que le casino de Montréal lors de son ouverture.

Les promoteurs parlaient de profits estimés à 63 millions de dollars dès la première année alors que le budget total de la réserve est de 55 millions par an. Les sommes recueillies par le casino auraient été affectées aux infrastructures de la réserve, comme les écoles et les services de santé, une façon pour Kahnawake d'acquérir plus d'autonomie et de créer près de 1700 emplois à temps plein.

De leur côté, les opposants au projet ont fait valoir que la réserve ne devait pas s'enrichir en saignant les gens, autochtones comme non-autochtones. De plus, la question de la sécurité sur la réserve et au casino les préoccupait beaucoup. Les résidents de Kahnawake ne savaient pas si cette sécurité aurait été assurée par la Sûreté du Québec ou la police de la réserve afin d'écarter les mafias et les criminels des enceintes du casino.

Les explications de Jean-Hugues Roy