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La websérie québécoise à la croisée des chemins?

Adib Alkhalidey et Mickaël Gouin de la websérie <i>7 $ par jour</i>

Adib Alkhalidey et Mickaël Gouin de la websérie 7 $ par jour

Photo : Radio-Canada

Radio-Canada

Nées et diffusées sur le web, avant la télévision ou le cinéma, Les têtes à claques, Mère indigne, Le cas Roberge ont innové et ont eu du succès dès 2006.

Un texte de Cécile GladelTwitterCourriel

Depuis, la vague des webséries a déferlé sur le Québec. Les formats courts humoristiques semblent être la norme. Mais à l'heure où la série House of Cards chamboule le paysage télévisuel aux États-Unis, la série web québécoise passera-t-elle de l'adolescence à l'âge adulte?

À l'instar des téléspectateurs québécois, les organismes de financement tardent à prendre le virage numérique. Actuellement, produire au Québec une série lourde pour le web comprenant une douzaine d'épisodes d'au moins 30 minutes s'avère financièrement trop risqué.

Les séries sur le web n'ont simplement pas accès au même financement, ni aux mêmes crédits d'impôt que les séries télévisées.

« Dans notre système, l'argent est là pour la télévision, on a de la difficulté à s'adapter, on s'accroche au vieux modèle », soutient Claire Dion, directrice générale adjointe du fonds indépendant de production (FIP), le seul fonds consacré à la production de séries web.

Et pourquoi les productions ne pourraient-elles pas se financer avec la publicité, comme la télé?

« Quand les séries ont une durée de moins de 3 minutes, l'amoncellement de publicités avant la diffusion n'encourage pas à en écouter plusieurs. La nature du mode de diffusion a conditionné le format lui-même », explique Pierre-Mathieu Fortin, producteur pour Jimmy Lee, une filiale de l'agence de publicité montréalaise Sid Lee.

Selon lui, un modèle de financement qui fonctionne reste l'abonnement. « Il n'y a que Netflix, Amazon ou iTunes qui peuvent produire de grosses séries. Le problème avec le Québec, c'est qu'il n'y a pas assez de monde pour que ça devienne économiquement viable. Quand tout le monde se rassemble devant le petit écran, c'est pour regarder La voix ou Tout le monde en parle. On est un peu pris avec un système de télé qui reçoit de l'aide de l'État, sans laquelle on ne pourrait pas se payer des séries de la qualité de 19-2 », soutient-il.

Avec Mère indigne, c'est la première fois qu'on a appliqué la formule télévisuelle au web. C'était plus réalisé, il y avait une direction artistique.

Une citation de Pierre-Mathieu Fortin

Source: UDA, Pierre-Mathieu Fortin et le FIP

Le court, un format éphémère

Pour Pierre-Marthieu Fortin, la websérie ou la série de courte durée est à la télé ce que le court métrage est au cinéma. « Certaines durées fonctionnent bien à cause à la nature du média. Quand tu es à la maison pour écouter des séries télé ou un film, tu vas consommer dans ce format. La websérie est consommée avec un ordinateur ou un téléphone mobile, donc rapidement. »

Le format de ce type de série est souvent de moins de 3 minutes. C'est pour cette raison que l'on produit de nombreuses webséries humoristiques. « La comédie fonctionne très bien avec ce format. Quand on a fait des dramatiques, pour bâtir une tension et un sentiment de proximité, ça prend 6 à 7 minutes. On ne peut pas le faire en 4 minutes », soutient Pierre-Mathieu Fortin.

Créer un contenu court, punché et peu coûteux, ça demande beaucoup de bonnes idées et un grand talent créatif. Mettre en scène plusieurs lieux, de multiples personnages et créer des décors complexes, ça coûte cher. C'est la raison pour laquelle on voit beaucoup de concepts avec deux personnages en train de discuter.

Une citation de Joannie Langevin, productrice pour la maison de production Jessie Films

C'est aussi un format qui se cherche. « Ça nécessite un examen de conscience, de savoir ce qu'on veut. Il y a clairement une demande pour du format court, car il y a de plus en plus de mobiles. Il faut rendre ce format accessible au public. Mais il n'est pas très rentable. Une série de 12 fois 1 heure est plus facile à gérer qu'une série de 12 fois 3 minutes », note Pierre-Mathieu Fortin.

Claire Dion explique qu'aucune série sur le web ne passe la troisième saison et qu'il y a un essoufflement par manque de financement. « Il faudrait donner plus de temps à l'écriture, donc plus d'argent au développement », soutient-elle.

Pourtant, les créateurs québécois ont une grande liberté par rapport aux Américains, qui doivent être liés à des studios de production. Les séries québécoises sont d'ailleurs souvent primées à l'étranger. « La série sur le web est un laboratoire extraordinaire, il y a beaucoup de thèmes à explorer. Il y a de belles choses qui se passent », reconnaît Claire Dion en donnant l'exemple de la série Féminin/Féminin (Nouvelle fenêtre), qui porte sur l'univers lesbien.

Une image tirée de la websérie « Féminin/Féminin », de la jeune réalisatrice québécoise Chloé Robichaud

Une image tirée de la websérie « Féminin/Féminin », de la jeune réalisatrice québécoise Chloé Robichaud

Photo : femininfeminin.com

Une chaîne spécialisée en webséries
LIB TV (Nouvelle fenêtre) est une chaîne qui regroupe les webséries. Une idée de Patrick Huard, cofondateur de Jessie films, copropriétaire de cette chaîne avec Jimmy Lee.

Des contrats avec les acteurs mal adaptés au numérique?

Depuis 2013, l'Union des artistes a négocié avec l'Association québécoise de la production médiatique des ententes spécifiques pour les nouveaux médias qui venaient à échéance en décembre 2014 et seront renégociés dans les prochains mois. Les cachets y sont moins élevés que pour la télévision et le cinéma. Quatre types d'ententes sont prévues : pour le contenu numérique associé à une émission de télévision et pour les contenus non associé, dramatique et non dramatique.

Les cachets comprennent l'utilisation illimitée des séries pendant un an. Ensuite, tous les comédiens doivent recevoir des droits de suite, qui correspondent à 3 à 8 % de leur cachet total, selon le nombre d'années demandées (1 à 5 ans).

Ces montants sont encore trop élevés pour Claire Dion. « L'UDA ne fait aucun compromis. Les droits de suite ne sont pas adaptés au web. Un petit distributeur aurait des offres pour une série, mais les droits de suite sont trop élevés. Ça fait que nos productions ont beaucoup de difficultés à l'étranger », soutient Claire Dion.

Elle ajoute que, souvent, les producteurs n'ont pas le financement pour traduire un épisode en anglais, afin de vendre la série à l'étranger. « Au niveau du développement, ça manque. »

Le personnage de Patrice Lemieux

Blue moon, l'exception à la règle

L'automne dernier, le service de vidéo sur demande de Vidéotron Club Illico a annoncé la production d'une série de Fabienne Larouche, Blue moon. Ce service se compare à Netflix, puisqu'il est accessible par abonnement sur le web, mais aussi à la télévision et sur tablette.

La série Mensonges était cofinancée par Club illico et addikTV. Ce n'est pas le cas de Blue moon qui est seulement financé par Club illico et qui a accès aux crédits d'impôt de la vidéo sur demande.

Type de financement pour le numérique/web

-Le fonds indépendant de production finance uniquement les séries de fiction sur le web depuis 2010. Les montants sont de 500 000 $ à 800 000 $ par année pour le Québec pour un total d'environ 5 web séries par année.

-Le fonds TV5  pour la création numérique pour les jeunes de 18 à 35 ans. Un montant de 260 000 $ par année est disponible.

-Le fonds des médias avec deux volets :

  • le volet expérimental, qui finance les séries sur le web, mais aussi tout ce qui est numérique, notamment les jeux vidéo, qui ont obtenu 52 % du financement en 2013-2014.
  • Le volet convergent, qui finance les volets web de séries traditionnelles diffusées à la télévision.

-Les crédits d'impôt, si c'est de la vidéo sur demande.

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