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Les auteurs québécois s'adaptent-ils à la nouvelle télé?

Une deuxième saison pour Série Noire

Une deuxième saison pour Série Noire

Photo : SRC

Radio-Canada

Beaucoup de téléspectateurs ne se contentent plus d'un seul épisode par semaine; ils préfèrent regarder les séries en rafale, après leur diffusion télévisuelle. Les auteurs québécois doivent-ils en tenir compte?

Un texte de Cécile GladelTwitterCourriel

Jean-François Rivard, scénariste de Série noire et des Invincibles, n'a pas changé sa méthode d'écriture. « Quand on écrit Série noire, on ne pense pas au visionnement en rafale, car on est d'abord diffusé à la télé. Quand on structure un épisode, on ne travaille pas juste une finale de l'épisode, mais celles avant tous les blocs publicitaires. Les scénaristes écrivent un certain nombre d'épisodes et la fin d'une saison doit pouvoir aussi être la fin de la série. »

Le format des séries écrites pour Netflix ou HBO aux États-Unis est différent et plus long, puisqu'il n'y a pas de pauses publicitaires. « C'est un 50 minutes en continu, sans pauses. De toute manière, peu importe comment tu l'écoutes, la fin doit être bonne », ajoute-t-il.

Le scénariste et réalisateur Jean-François Rivard.

Le scénariste et réalisateur Jean-François Rivard.

Photo : Radio-Canada/Olivier Lalande

De son côté, la scénariste Catherine Lafrance (Vertiges) appréhende un changement important dans la manière d'écrire.

Pour le moment, on écrit en fonction des pauses, mais je suis convaincue que ça va changer, car les gens en profitent pour faire autre chose.

Une citation de Catherine Lafrance

Danielle Trottier, la scénariste de la populaire série Unité 9, ne pense pas à ce type de visionnement quand elle écrit. « J'écris pour que ça soit vif, intense, poignant, peu importe quand ça sera consommé. Tant et aussi longtemps qu'on aura un rendez-vous hebdomadaire, le consommateur n'aura pas le choix », pense-t-elle.

La créatrice d'Unité 9 croit aussi que les téléspectateurs aiment cette période d'attente entre les épisodes et qu'il est bien d'avoir le choix entre différents modes de visionnement. « Mais l'écoute en direct, ça reste un des modes préférés des Québécois. Ils aiment les rendez-vous télévisuels », soutient-elle.

Pourrait-on construire les séries comme des films de 12 h ou de 16 h ? « Il y a aura toujours de la place pour les séries habituelles, mais ça ouvre des portes à des séries comme House of cards et Breaking bad, qui sont plus complexes et plus difficiles à comprendre. Intellectuellement, les gens sont prêts. Ce type de téléspectateurs est aussi très exigeant. Il est prêt à travailler autant que le scénariste », constate Catherine Lafrance.

Le visionnement en rafale ne pardonne pas

La scénariste Geneviève Lefebvre (Diva)estime que le visionnement en rafale est redoutable. « On voit tout. Les tics, les incohérences, les défauts de structure. Tu n'as pas l'indulgence du temps qui passe entre les épisodes. Rares sont les séries assez exceptionnelles pour échapper à l'oeil critique. Donc, tout scénariste devrait sérieusement y penser en écrivant », pense-t-elle.

Pour améliorer ses scénarios, Geneviève Lefevbre évite de surcharger un rôle et donne plus de consistance aux personnages secondaires.

En direct ou en différé : une affaire économique

Si les chaines télévisées tentent de créer des rendez-vous lors de la diffusion en direct de séries télé, comme Unité 9 et La galère, c'est aussi pour des raisons économiques.

Quand on regarde des séries en rafale, on n'a pas la publicité. Le financement est donc plus difficile pour les chaines traditionnelles.

Une citation de Le professeur de l'École des médias de l'UQAM, Pierre Barrette.

Chroniqueuse culturelle au 98,5 FM, Thérèse Parisien avance une autre raison de ne pas regarder certaines séries en rafale : les intrigues sont souvent dévoilées sur les réseaux sociaux. « Tu ne peux pas regarder Unité 9 en rafale, et si tu attends le DVD, tu es déconnecté. Tu auras les intrigues à la vitesse où circule l'information. Tu ne peux donc pas regarder l'émission plus tard, sauf si tu n'es pas sur les réseaux sociaux. Ceux qui le font sont débranchés », soutient-elle.

Le financement de Netflix et des chaines câblées comme HBO passe donc par les abonnements et non par la publicité. Tou.tv a également développé le service Extra, qui est payant.

L'effet d'entraînement?

Le collaborateur régulier à l'émission d'ARTV C'est juste de la télé, Dave Ouellet, pense que ce phénomène de visionnement en rafale est positif pour l'avenir de l'industrie. « Si tu commences à regarder la série The wire, tu vas louer les 25 DVD des 25 saisons. C'est un phénomène culte. Tu dois voir des séries comme Dereck ou Game of thrones », conseille-t-il.

Il ajoute que c'est aussi un phénomène de mode. On regarde certaines séries, car tout le monde les regarde. Thérèse Parisien est du même avis. Elle pense aussi que les réseaux sociaux amplifient les répercussions de certaines séries et les mettent au goût du jour.

« Pour certains, c'est de la boulimie, pour prendre de l'avance sur tout le monde. C'est une manière de justifier son attitude de " patate de sofa ". Pour d'autres, c'est pour avoir l'air branché. C'est plus cool de regarder une série en rafale, que de dire que tu suis Yamaska ou Toute la vérité toutes les semaines. C'est plus tendance », pense Thérèse Parisien.

La chroniqueuse distingue deux sortes de consommateurs de séries : ceux qui consomment à leur rythme, tranquillement, à l'abri des réseaux sociaux, et ceux qui suivent la série à la mode et le font savoir. « Tu n'as pas envie de dire que tu es en train de regarder Modern family. Les gens vont dire que tu es " off ". On veut regarder les séries vite et en primeur ».

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