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Caribou : la Haute-Gaspésie inquiète pour son avenir économique

Un caribou dans les Chic-Chocs.

La MRC craint les impacts sur l'économie de la région, dont une partie repose sur les activités récréotouristiques. (Photo d'archives)

Photo : Gracieuseté : Louis Fradette

La MRC de La Haute-Gaspésie craint les répercussions du plan de protection du caribou sur l'accès au territoire et aux activités récréotouristiques. Ces impacts pourraient être catastrophiques pour l'économie de la MRC, selon les élus.

Pour le préfet de la MRC de La Haute-Gaspésie, Guy Bernatchez, l'adoption des mesures dans leur état actuel nuirait à la vitalité de la région.

Il anticipe notamment des pertes d'emplois.

Le préfet déplore que le projet pilote de mesures de protection de la harde de la Gaspésie, présenté par le ministère de l'Environnement, n'inclue pas un mode de gestion dynamique du territoire. C'était pourtant, dit-il, une demande du milieu récréotouristique.

On pensait que nos représentations allaient être écoutées, mais on se rend compte que ce n’est vraiment pas le cas. Prenons le temps de bien analyser tout ça, travaillons ensemble sur une solution, parce qu’en ce moment, je crains une non-adhésion sociale, explique Guy Bernatchez.

Cette stratégie ne prend nullement en compte le social et l’économique de notre MRC.

Une citation de Guy Bernatchez, préfet de la MRC de La Haute-Gaspésie

Des restrictions

Parmi les mesures du projet pilote pour protéger la harde de la Gaspésie, le ministère de l’Environnement propose des changements réglementaires afin d'encadrer davantage les activités dans deux types de territoire, soit les massifs de conservation et les zones d’habitat en restauration (ZHR).

Carte des territoires ciblés par le projet pilote de conservation du caribou montagnard de la Gaspésie.

Les territoires ciblés par le projet pilote de conservation du caribou montagnard de la Gaspésie. En orange, les ZHR, et en rouge, les massifs de conservation.

Photo : Radio-Canada / Olivia Laperrière-Roy

Parmi les changements réglementaires proposés dans les massifs de conservation, le ministère mentionne prévoir un encadrement plus étroit des activités [...], ce qui se traduirait par un plus grand nombre d’activités pour lesquelles une autorisation serait requise.

Dans sa documentation, le gouvernement donne des exemples de conditions, et notamment une restriction quant à l’utilisation d’énergie explosive, d’aéronefs ou de machinerie lourde dans les massifs de conservation et les ZHR.

Le ministère de l’Environnement ne précise pas si l’utilisation d'une motoneige tombe sous cette restriction. Le préfet souligne qu'au fil des décennies la région a déjà renoncé, pour protéger le caribou, à la pratique du quad et de la motoneige dans la réserve des Chic-Chocs et dans le parc de la Gaspésie.

Ce qui le préoccupe particulièrement, c'est que, selon la carte, la zone d’habitat en restauration s'étend presque au fleuve et couvre des territoires habités.

Guy Bernatchez rappelle que le récréotourisme représente un des moteurs économiques les plus importants pour sa région. Si des touristes viennent nous visiter, c’est en grande partie en lien avec notre terrain de jeux dans l’arrière-pays, qui est une locomotive de premier plan, explique-t-il. Plusieurs jeunes sont venus s’établir ici en lien avec cet accès au territoire.

Un motoneigiste sur un sentier la mer et un village derrière.

La pratique de la motoneige est déjà limitée dans une grande partie du territoire de l'arrière-pays de la Haute-Gaspésie, souligne le préfet. (Photo d'archives)

Photo : Gracieuseté : SADC Haute-Gaspésie

Une industrie préoccupée

La MRC n’est pas seule à craindre les répercussions du plan de protection du caribou sur l’industrie récréotouristique : les entreprises elles-mêmes réitèrent leurs préoccupations.

Le milieu du ski hors-piste déplore de ne pas avoir été pris en considération dans l’élaboration de ce plan.

J’ai l’impression que le plan manque de spécificité régionale, affirme la propriétaire de Cap-Castor ski hors-piste, Sarah-Maude Poirier. Ici, on fait du ski, on fait de la raquette, il y a de la motoneige. On est où dans ce plan-là? On n’est pas là. Il n’y a pas juste la foresterie, même si elle a une grande incidence, mais il n’y a pas que ça, poursuit-elle.

Sarah-Maude Poirier en montagne, l'hiver.

Sarah-Maude Poirier, propriétaire de Cap-Castor ski hors-piste (Photo d'archives)

Photo : Gracieuseté de Cap Castor ski hors-piste

Aucun développement en altitude ne pourrait être fait et la seule chance qu’on a de survivre aux changements climatiques et aux nouvelles perturbations c’est d’aller dans l’arrière-pays, en altitude, où on se doit d’être capable de faire des aménagements légers, comme couper des branches et de dissocier ça de la foresterie, fait valoir à son tour Antoine Blier, directeur de la coopérative de plein air RAC, située à Rivière-à-Claude.

Si le plan passe de la manière comme il est présenté en ce moment, c’est un peu la fin de la filière du ski hors-piste comme on la connaît aujourd’hui.

Une citation de Antoine Blier, directeur général de la coopérative de plein air RAC
Antoine Blier debout sur un sentier glacé, les monts Chic-chocs en arrière de lui.

Antoine Blier, directeur général de la coopérative de plein-air RAC (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Emma Guerrero Dufour

Du côté de l’industrie d’excursion en véhicule hors-piste, on craint ne plus pouvoir fréquenter l’arrière-pays, d’autant plus que la dernière saison a été difficile.

On n’a pas beaucoup guidé en janvier ni en mars. L’hébergement, la restauration, les postes d’essence, tout le monde l’a ressenti, raconte Alain Thibault, propriétaire de l’entreprise Extrême Chic-Chocs.

Ça, c’était juste parce que dame nature nous a donné moins de neige cet hiver. Alors s’il ferme des routes, des sentiers et des territoires, ça va être encore plus catastrophique, ajoute-t-il.

Pour sa part, Michel Marin, organisateur régional du Parti libéral du Québec et ancien candidat libéral dans Gaspé, croit que la Haute-Gaspésie nécessite un plan de relance économique dans lequel le caribou va être protégé.

Ce qui va être acceptable pour nous, c'est un plan de relance économique dans lequel il va y avoir un volet protection du caribou. Ça ne peut pas être l'inverse. Ça ne peut pas être un plan de protection et de dévitalisation, explique-t-il.

Délai supplémentaire demandé

Ces mesures font l’objet de consultations qui devront se conclure d'ici le 30 juillet.

La MRC propose que ces consultations se terminent plutôt le 1er décembre, parce que c’est l’avenir de notre MRC qui en dépend, ni plus ni moins, selon Guy Bernatchez.

La protection du caribou a toutefois fait l’objet de nombreuses consultations au cours des dernières années.

La dernière en date est celle menée par la Commission indépendante sur les caribous forestiers et montagnards, qui a conclu dans son rapport final qu’il y avait urgence d’agir pour protéger l’habitat du caribou.

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