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Un jeune sportif sur deux victime de violence dans une étude de l’ISQ

Gros plan sur le pied d'une élève sur un ballon de basketball dans un gymnase.

Le Réseau du sport étudiant du Québec rappelle que les élèves peuvent porter plainte en cas d'abus, de harcèlement ou de violence auprès de leur école, de leur fédération sportive ou directement sur le site du RSEQ.

Photo : getty images/uppercut rf / Zave Smith

Environ 56 % des jeunes répondants d’une vaste étude exploratoire de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) disent avoir été victimes d’au moins une forme de violence de la part d’une personne en autorité ou d’un pair depuis le début de leur parcours sportif. Des résultats qui n’étonnent pas une experte, venant corroborer ce que d’autres études ont aussi révélé.

L’ISQ a dévoilé jeudi les résultats de l’étude sur le vécu des adolescents dans les milieux sportifs (EVAQ), menée auprès de 19 642 jeunes du secondaire entre novembre 2022 et juin 2023. La portion sur la violence dans le sport (Nouvelle fenêtre) concernait les 9221 répondants de 14 ans et plus qui pratiquent un sport organisé au secondaire.

Ça fait plus de 20 ans que je fais des recherches dans ce domaine-là donc c’est pour moi pas si surprenant. Ce sont des chiffres qui ressemblent à ce qu’on a documenté dans d’autres pays et notamment ici au Québec, mais avec de plus petits échantillons, observe Sylvie Parent, professeure titulaire de la Chaire de recherche Sécurité et intégrité en milieu sportif de l'Université Laval.

Une femme regarde la caméra, dans un gymnase.

Sylvie Parent est titulaire de la Chaire de recherche Sécurité et intégrité en milieu sportif, à l'Université Laval.

Photo : Radio-Canada / Philippe L'Heureux

La ministre responsable du Sport, du Loisir et du Plein air, Isabelle Charest, et le directeur général adjoint du Réseau du sport étudiant du Québec (RSEQ), Stéphane Boudreau, sont moins tranchés que la professeure, insistant d’entrée de jeu sur les limites du caractère ponctuel de l’étude.

C’est difficile de dire si c’est surprenant ou pas, c'est difficile de quantifier ou de qualifier ces chiffres-là. Une chose que ça nous dit, par contre, c'est que la violence dans le contexte sportif, ça arrive, et il faut s'en occuper , soutient la ministre.

J’aime bien l’avertissement de la limite de l’étude, mais une agression qu’elle soit psychique, physique ou sexuelle, c’est toujours une agression de trop, relativise à son tour le directeur du RSEQ.

La violence des personnes en position d'autorité

En excluant les pairs, ce sont environ 40 % des répondants qui disent avoir subi au moins une forme de violence de la part d’une personne en position d’autorité, que cette violence soit de type psychologique, physique, instrumental ou sexuel.

Tant chez les répondants masculins que féminins, la violence psychologique de la part d’une personne en autorité est le type de violence qui ressort le plus souvent, à 23 % pour les garçons et 30 % pour les filles. Elle peut prendre la forme d’avoir été ignoré, rejeté, critiqué excessivement, injurié ou humilié.

L’enquête décrit la violence instrumentale comme le fait de restreindre les liens sociaux d’un jeune, de lui demander de s'entraîner malgré une blessure ou de lui demander d’utiliser des moyens pour atteindre un poids idéal pour son sport. C’est la deuxième forme de violence la plus commune auprès des répondants, 16 % disent avoir subi au moins un geste du genre d’une personne en autorité.

Selon l’étude, la violence physique peut inclure le fait d’avoir été frappé avec une main ou de s’être fait lancer un objet. Les répondants masculins sont les plus susceptibles d'avoir subi ce type de violence avec 13 % d’entre eux qui ont été victimes d’au moins un geste, contre 9 % des répondantes féminines.

Quant à elles, les jeunes répondantes étaient proportionnellement plus nombreuses à avoir subi au moins un geste de violence sexuelle que leurs confrères masculins. Ces gestes vont de commentaires blessants de nature sexuelle jusqu’à la relation sexuelle.

Des jeunes garçons jouent au soccer.

Parmi les répondants victimes d’au moins un geste de violence sexuelle, 28 % en ont subi un pour la première fois à l’âge de 10 ans ou avant.

Photo : Getty Images / matimix

Pour la plupart des types de violence, les victimes répondent plus fréquemment avoir subi le geste de la part d’une personne en autorité du même genre qu’elle. Il y a une proportion plus élevée de personnes qui posent des gestes qui sont de genre féminin que ce qu’on aurait pu penser auparavant parce que ces questions-là n’étaient pas posées , souligne au passage la professeure Sylvie Parent.

Il y a toutefois une exception à ce phénomène. Les répondantes féminines sont plus nombreuses à avoir subi un geste de violence sexuelle de la part d’une personne de genre masculin.

La violence des pairs

La violence subie par un pair est un peu plus répandue chez les répondants de l’étude, 45 % d’entre eux ont été victimes d’au moins une forme de violence de la part d’un autre jeune.

Même si les proportions varient, les tendances observées lorsque la violence provient de personnes en autorité se répètent sensiblement aussi lorsqu’elle provient de pairs.

Encore une fois, la violence psychologique ressort le plus fréquemment parmi les répondants, suivi par la violence physique et finalement par la violence sexuelle. L’étude n’a pas questionné les jeunes par rapport à la violence instrumentale de la part des pairs.

La professeure espère que les statistiques relevées dans l’étude contribueront à transformer la culture du milieu. C’est sûr qu’on s’attend à ce qu’il y ait un changement de mentalité, c’est ça qu’on souhaite et je pense que c’est ça que les gens souhaitent. Ça va prendre diverse initiative pour opérer le changement de culture, affirme-t-elle.

Les limites de l’exercice

Normalement l’ISQ ne réalise pas d’études qui ne lui permettent pas d'extrapoler les résultats à l’ensemble d’une population donnée, mais des études exploratoires comme l’EVAQ sont parfois nécessaires pour combler le manque d’information sur une problématique qui n’a pas beaucoup été étudiée.

On parle de 9000 jeunes du secondaire qui ont répondu à cette enquête, c'est énorme, remarque Sylvie Parent. Ça nous donne un premier portrait solide et là ce qu’on veut c’est d’avoir de la surveillance de ce phénomène-là dans le temps.

Ces nouvelles données pourront tout de même permettre au ministère de l’Éducation et la Chaire de recherche Sécurité et intégrité en milieu sportif de l’Université Laval de se pencher plus en profondeur sur la violence subie en contexte sportif.

On va voir a quelle fréquence ce sera nécessaire de faire ce genre d’étude là, affirme la ministre Isabelle Charest. C’est une base intéressante qui va nous permettre à différents échéanciers de venir mesurer les outils qu’on met en place.

La ministre responsable du Sport, du Loisir et du Plein air, Isabelle Charest, devant le terrain de football synthétique de Rimouski.

La ministre responsable du Sport, du Loisir et du Plein air, Isabelle Charest.

Photo : Radio-Canada / René Levesque

Avec la mise en place de mesures comme l’Officier indépendant des plaintes, elle veut travailler à redorer le blason du sport organisé. Le sport peut être un vecteur extraordinaire de développement, d'épanouissement, mais peut être aussi à l'opposé, très difficile et très problématique pour certains jeunes. C’est définitivement pas ce qu'on veut. On veut qu'ils se développent à leur plein potentiel, conclut la ministre.

En février, Isabelle Charest a d’ailleurs déposé le projet de loi 45, modifiant la Loi sur la sécurité dans les sports, avec comme objectif de renforcer la protection des personnes dans les sports.

La professeure Sylvie Parent voit d’un œil ces mesures, mais il y a encore moyen de faire mieux selon elle. Ce qui manque en ce moment c’est un plan d’actions concertées pour toutes les formes de violence. C’est important de voir comment tout ça fonctionne ensemble, plaide-t-elle.

Avec des informations de Louis-Simon Lapointe et Philippe L'Heureux.

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