•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

AnalyseCes sondages Biden-Trump qui ne disent pas grand-chose

Les électeurs votent le jour du scrutin en déposant leurs bulletins dans des urnes.

Bien qu'ils soient bombardés de sondages, les électeurs américains ne sont pas encore branchés sur les enjeux de l'élection présidentielle de novembre. (Photo d'archives)

Photo : afp via getty images / PAUL J. RICHARDS

43-44 %, 37-37 %, 41-43 % : tous ces sondages qui préfigurent une élection présidentielle très serrée entre Joe Biden et Donald Trump donnent le tournis aux États-Unis, surtout lorsqu’ils sont suranalysés dans les médias. Mais que valent-ils vraiment? Probablement pas grand-chose pour prédire le résultat final de novembre prochain.

Cela faisait des mois que Donald Trump avait une certaine avance dans la plupart des sondages, mais depuis quelques jours, il y a des signes avant-coureurs d’un certain déclin, d'une fatigue, dans le soutien à l’ex-président républicain. Son procès criminel à Manhattan, qui fait les manchettes de façon quotidienne, y serait-il pour quelque chose? Trop tôt pour le dire.

Il reste que l'avance de l'ancien président Trump sur le président Biden a diminué au cours des derniers mois, et les plus récents sondages montrent une course au coude-à-coude, alors que Joe Biden gagne du terrain grâce au soutien de groupes démographiques clés.

Le président américain Joe Biden descend de Marine One à son arrivée à la zone d'atterrissage de Soldier Field à Chicago, en Illinois.

Joe Biden est plus que jamais au coude-à-coude avec Donald Trump dans les intentions de vote.

Photo : afp via getty images / MANDEL NGAN

Selon FiveThirty Eight, un agrégateur de sondages qui compile et pondère les enquêtes d’opinions, la moyenne des coups de sonde donne 41,04 % des intentions de vote à Donald Trump, contre 40,6 % pour Joe Biden. Autant dire qu’on est bien en deçà de la marge d’erreur.

Élections américaines 2024

Consulter le dossier complet

Des drapeaux américains sont placés devant le Capitole des États-Unis.

Muni de sa boule de cristal, Larry Sabato, qui a célébré récemment le 25e anniversaire de la fondation de son Centre pour la politique à l’Université de la Virginie, met en garde ceux qui prennent pour argent comptant ces sondages qui pullulent. Ils peuvent montrer au fil du temps ce qui se passe dans les principaux sous-groupes, les données démographiques qui comptent dans la politique américaine, et si un sous-groupe modifie clairement ses préférences, mais pour ce qui est de nous dire qui va gagner, il suffit de tirer à pile ou face.

Un outil de propagande

Ces sondages sont surtout utilisés à des fins de propagande politique pour faire miroiter des avancées dans les intentions de vote ou encore pour mobiliser des bâilleurs de fonds, pour les candidats qui tirent de l’arrière. Quel que soit le camp favori du moment, il s'appuiera sur ce sondage et dira : "Regardez ces chiffres, bien sûr, ils sont gravés dans la pierre." Ils ne peuvent pas changer, les élections sont terminées. Et toute l'histoire nous montre ensuite que ce n'était pas vrai, fait remarquer Larry Sabato.

Des électeurs quittent un bureau de vote après avoir voté lors des élections primaires de l'État du Wisconsin.

Quel sera l'enjeu majeur du scrutin de novembre? Trop tôt pour le dire. (Photo d'archives)

Photo : Getty Images / Scott Olson

À un peu moins de six mois du rendez-vous électoral de novembre, la marge d'erreur des sondages se situerait, selon lui, aux alentours de 6 %, alors que la semaine précédant l'élection, elle n’est plus que de 1,7 %.

Parlant d’erreur, en 2016, les maisons de sondage se sont clairement trompées sur l’issue réelle du vote, avec la victoire de Donald Trump sur Hillary Clinton.

Même en 2020, elles ont subi un certain embarras, car même si Joe Biden a gagné par plus de 7 millions de voix sur Donald Trump, mentionne Larry Sabato, cela s'est vraiment joué sur 43 000 voix dans les États clés les plus serrés. Quarante-trois mille voix sur plus de 160 millions de voix exprimées.

Des maisons de sondage fictives?

Aujourd’hui, bien des instituts de sondage font des projections avec un échantillon de 600 ou 700 personnes, parfois même 400 ou 500, ce qui ne donne pas un bon instantané de la situation. Larry Sabato déplore qu’une fois de plus les médias extrapolent trop sur ces données moins fiables. La presse les laisse faire parce qu'elle aime aussi les rumeurs. Je ne veux pas être cruel, mais il y a beaucoup de gens dans la profession de journaliste qui ne comprennent pas du tout les chiffres.

L’autre phénomène que l’on constate en regardant ces coups de sonde, c’est la prolifération de maisons de sondage qui semblent sorties de nulle part et qui, bien souvent, ont des enquêtes d’opinion qui sont commanditées par des groupes partisans, bien qu’ils s’en défendent en se proclamant non partisans. Ces résultats sont alors partagés dans les chambres d’écho que sont les diverses publications partisanes, reprises ensuite par les bureaux des partis nationaux.

L'ancien président américain Donald Trump s'exprime lors d'un événement de campagne à Grand Rapids, au Michigan.

L'avance de Donald Trump dans les sondages semble avoir atteint un plateau, voire connu un certain déclin.

Photo : Getty Images / Spencer Platt

Pendant un certain temps, nous avons utilisé les moyennes des sondages et pensé que cela éliminait le problème, que nous pouvions éliminer l'erreur dans une certaine mesure, explique le fondateur du Centre pour la politique de l’Université de Virginie.

Les partis ont compris et savent donc que si l'on crée quatre ou cinq instituts de sondage fictifs qui ne peuvent pas être facilement classés comme démocrates ou républicains, la moyenne s'en trouvera affectée, et ils le font surtout dans les États clés de l'échiquier politique.

Une citation de Larry Sabato, politologue, Université de la Virginie

Pourquoi sonder surtout six États?

Le président Joe Biden et son adversaire républicain sont engagés dans une course présidentielle serrée qui pourrait en effet dépendre de la façon dont les votes des grands électeurs seront exprimés dans six États clés : Arizona, Georgie, Michigan, Nevada, Pennsylvanie et Wisconsin.

Tous ces États ont opté pour Joe Biden en 2020, mais le nombre d'électeurs d'origines ethniques et d'âges divers pourrait entrer en ligne de compte à la prochaine élection. Des voix qui ne semblent pas encore mobilisées de façon définitive, à plusieurs mois du scrutin.

Et le facteur Kennedy?

Dans une course aussi serrée, la candidature de Robert F. Kennedy Jr. a le potentiel de faire basculer l'élection, même si l'on ne sait pas exactement en faveur de qui. Des sondages antérieurs suggéraient que Kennedy Jr., descendant de la famille démocrate la plus célèbre du pays, pourrait attirer plus de votes qui seraient allés à Joe Biden, mais des sondages plus récents suggèrent qu'il nuirait aussi à Donald Trump.

Un vendeur de produits dérivés de Robert F. Kennedy Jr.

La candidature indépendante de Robert F. Kennedy Jr. pourrait siphonner des appuis importants tant à Joe Biden qu'à Donald Trump.

Photo : Radio-Canada / Frédéric Arnould

Sur ce point, le politologue de l’Université de la Virginie tempère un peu la perception générale. Il ne croit pas que Robert F. Kennedy Jr. prendra autant de votes à M. Trump qu’à M. Biden.

Donald Trump a trois atouts dans son jeu pour que Joe Biden perde des appuis essentiels, si modestes soient-ils, souligne Larry Sabato. Il s'agit de trois candidats susceptibles de prendre plus de votes au démocrate : Jill Stein, candidate du Parti vert, Cornel West, candidat indépendant afro-américain qui n'obtiendrait peut-être que 1 % ou moins du vote populaire, mais l'endroit où il l’obtiendrait pourrait avoir une réelle importance dans certains États, et bien sûr RFK Jr.

« Wait and see »

Bien sûr, tout peut changer, comme on le voit dans les récents sondages. Joe Biden dispose d’ici l’élection présidentielle d'un réservoir de publicité négative bien plus riche à utiliser contre Donald Trump, grâce aux déclarations et aux idées incendiaires de ce dernier, ou encore à ses déboires judiciaires.

Mais les tendances évoluent, un peu comme les plaques tectoniques, à leur rythme.

Faut-il donc se pencher sur ces sondages maintenant? Pas vraiment, à part pour les accros de la politique. Avant le mois d’octobre, cela ne servira pas à grand-chose, car le choix des Américains est loin d’être cristallisé.

Il faudra attendre de voir ce que sera la question de l'urne : le prix de l’essence, la situation à la frontière, la guerre dans la bande de Gaza? Ou une autre surprise?

La seule chose (presque) sûre, c’est que de Joe Biden et de Donald Trump, un seul sera président…

Vous souhaitez signaler une erreur?Écrivez-nous (Nouvelle fenêtre)

Vous voulez signaler un événement dont vous êtes témoin?Écrivez-nous en toute confidentialité (Nouvelle fenêtre)

Vous aimeriez en savoir plus sur le travail de journaliste?Consultez nos normes et pratiques journalistiques (Nouvelle fenêtre)

Infolettre Info nationale

Nouvelles, analyses, reportages : deux fois par jour, recevez l’essentiel de l’actualité.

Formulaire pour s’abonner à l’infolettre Info nationale.