Hockey féminin : discussions à venir entre Hockey Québec et Hockey Mauricie
La nouvelle directrice du hockey féminin à Hockey Québec, Stéphanie Poirier, s'interroge sur la décision de changer le nom des Rafales. (Photo : 10 avril 2024)
Photo : Radio-Canada / Raphaël Poliquin
La restructuration du hockey féminin en Mauricie ne fait pas l’unanimité. Si certains parents sont prêts à faire jouer leurs filles contre les garçons, d’autres voient un recul pour les hockeyeuses. De son côté, Hockey Québec mise d’abord sur la sécurité des joueuses.
Dans ses réflexions pour développer le hockey féminin dans la région, Hockey Mauricie a décidé de transformer la ligue régionale masculine en ligue mixte. L’organisation soutient agir de la sorte pour répondre aux demandes de nombreux parents de hockeyeuses, dont celle de limiter les déplacements, et se dit même prête à aller à l’encontre de certaines recommandations de Hockey Québec, s’il s’avère nécessaire de le faire.
Hockey Mauricie n’écarte pas la possibilité que les équipes formées de joueuses de la catégorie des moins de 15 ans restent dans la ligue masculine régionale, si tel est le désir d’une majorité de parents.
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Mettons que beaucoup, beaucoup, beaucoup de parents nous disaient : “on ne veut pas aller jouer dans la ligue féminine [Ligue interrégionale de hockey féminin (LIHF)]”, il va falloir s’ajuster
, confirme Émile Desmarais, vice-président hockey de Hockey Mauricie.
Si le nombre de joueuses inscrites au volet féminin augmente, plus d’une équipe par catégorie d’âge pourrait être formée. On pourrait avoir une équipe M15 AA et une A
, précise-t-il. Dans le double lettre, nécessairement, il faut les pousser vers la ligue féminine. Ça ne veut pas dire qu'on n'accepterait pas un compromis, pour les filles qui joueraient dans le M15 A, de jouer en région.
À la question : Qu’en pense Hockey Québec?
, Émile Desmarais répond :
Ça va être une petite bataille entre Hockey Mauricie et Hockey Québec.
Celui qui est responsable du volet féminin se dit prêt à mener cette bataille, pour satisfaire les demandes des parents de joueuses. Oh que oui, si c'est nécessaire, je n’ai pas de problème avec ça.
De son côté, la nouvelle directrice hockey féminin et développement de Hockey Québec, Stéphanie Poirier, répond : Avant de se battre, j’espère au moins avoir un coup de fil ou un courriel. On est évidemment ouvert à la discussion, l’objectif est de trouver un compromis, mais j’espère qu’on se rappelle que c’est les joueuses qui jouent. Après un certain temps, les joueuses elles-mêmes sont tannées de jouer contre les garçons.
Je comprends que les parents ont des préoccupations, mais ça reste que c’est pour les enfants qu’on le fait et il faut prendre en compte l’aspect physique [des adolescents et des adolescentes]. Pour nous, la sécurité, c’est non négociable.
Aussitôt arrivée, aussitôt appelée à réagir
Hockey Québec a annoncé il y a à peine un mois la création d'une direction dédiée au hockey féminin. Trois personnes ont été embauchées, trois femmes, dont Stéphanie Poirier, officiellement arrivée en poste lundi.
Son équipe aura notamment le mandat de comprendre les enjeux propres à chaque région et d'augmenter le bassin de joueuses. Stéphanie Poirier est consciente que la réalité du déplacement fait partie des défis, non seulement en Mauricie, mais ailleurs au Québec.
Stéphanie Poirier est entrée en poste le lundi 6 mai à titre de directrice hockey féminin et développement pour Hockey Québec. (Photo d'archives)
Photo : Arianne Bergeron
Elle veut également défendre l’unicité du hockey féminin. À ses yeux, la disparition du nom des Rafales est questionnable. J’ai côtoyé des gens qui se sont battus pendant des années pour obtenir des droits
, tient à souligner Stéphanie Poirier. On va avoir des discussions, mais d’enlever complètement l’identité pour juste l’absorber, même si on apprécie le fait qu'ils vont garder les joueuses ensemble, ça, c'est quelque chose qui nous dérange un petit peu.
Ce n’est pas parce qu'on s'intègre qu'on est obligé d'être complètement assimilé.
Déception et recul
L’un des cofondateurs de l’Association de hockey féminin (AHF) de la Mauricie, Steve Rivest, qui a quitté ses fonctions après deux saisons à titre de président, est déçu de la décision de Hockey Mauricie. En tant que parent membre de l'AHF, il compte même voter contre la dissolution lors de l'assemblée générale annuelle prévue le 9 mai.
Il perçoit la décision de Hockey Mauricie comme un recul
pour le hockey féminin. Ce père de plusieurs filles qui ont joué au hockey craint que la décision de Hockey Mauricie ne décourage les jeunes joueuses.
L'ancien président de l'Association de hockey féminin de la Mauricie, Steve Rivest, se désole de la décision de Hockey Mauricie.
Photo : Radio-Canada / Luc Lavigne
Je ne sais pas si les filles vont s'identifier
, questionne-t-il. Quand elles regardent le hockey professionnel féminin, elles voient des filles qui jouent contre des filles, la célébration sur la glace, tout le protocole qui s'instaure après ça.
Il défend le point que les décisions doivent être prises en fonction des joueurs et des joueuses : Si ça [a des répercussions sur] les jeunes, si ça vient faire du trouble aux jeunes, il faudrait peut-être penser à une autre décision.
Est-ce que ça va enlever le goût aux filles de jouer? Peut-être.
Hockey Mauricie doit contacter par courriel ses membres dans les prochaines semaines pour les informer des changements apportés à la structure féminine.