10 ans plus tard, un projet de captage de carbone n’atteint toujours pas ses cibles

Le projet de captage de carbone de la centrale de Boundary Dam, à Estevan, en Saskatchewan, n’atteint pas ses objectifs de réduction de gaz à effet de serre, selon un récent rapport publié par le groupe de réflexion Institute for Energy Economics and Financial Analysis.

Ce projet, qui a été lancé en 2014, prévoyait que 90 % des émissions de dioxyde de carbone (CO2) seraient capturées.

Cet objectif n'a jamais été atteint, indique David Schlissel, de l'Institute for Energy Economics and Financial Analysis.

Nous ne pensons pas que le captage du carbone fonctionne aussi bien que l’industrie le pense, précise l'analyste.

Si l'on tient compte de toutes les émissions de l'usine, y compris les gaz de combustion qui sont simplement évacués, le taux de captage moyen est de 57 %, explique M. Schlissel.

Selon lui, le captage de carbone pourrait être bénéfique dans des projets de plus petite envergure.

En 2022, un rapport publié par International CCS Knowledge Centre, un centre de recherche à Regina spécialisé dans la capture et le stockage de carbone, en était venu à des conclusions similaires.

Le rapport affirme que le captage du carbone est limité par des enjeux techniques. De plus, le CO₂ capté lors du processus est souvent utilisé pour extraire davantage de pétrole dans le sol.

Pour plusieurs raisons techniques et économiques [...], le programme de la centrale Boundary Dam n’a pas fonctionné au maximum de sa capacité, ce qui a réduit la quantité de CO₂ captée dans les 10 dernières années, affirme le porte-parole du centre, Grady Semmens.

Cela ne veut pas dire que le projet n’a pas été un succès, ajoute-t-il.

Selon Grady Semmens, l’expérience du programme de la centrale Boundary Dam a permis à l’industrie de tirer des leçons afin d’améliorer les projets de captage de carbone.

De son côté, le porte-parole de SaskPower Scott McGregor estime que le plan de captage à la centrale Boundary Dam s'améliore progressivement.

Il soutient que le système était fonctionnel pendant la quasi-totalité des trois premiers mois de l'année 2024.

Il s’agit de la meilleure performance du programme jusqu’à présent, dit-il.

La Saskatchewan n'est pas la seule province à avoir un projet similaire avec des limites.

Depuis 2015, le projet Shell’s Quest, près d'Edmonton, a capté près de 9 millions de tonnes de CO₂ à un coût plus faible que prévu. Toutefois, le taux de captage de 77 % du projet demeure plus faible que les 90 % espérés.

Mercredi, le président-directeur général de Capital Power, Avik Dey, a affirmé que l’entreprise ne poursuivra pas son projet de captage du carbone de 2,4 milliards de dollars à sa centrale électrique de Genesee, en Alberta.

Fondamentalement, l’aspect économique du projet ne fonctionne pas, a-t-il déclaré à des analystes lors d’une conférence téléphonique.

Il s'agit en fait d'améliorer la technologie pour faire baisser les coûts. Comment construire le système de manière à obtenir des taux d'efficacité et de captage plus élevés tout en réduisant les coûts de captage? se demande-t-il.

Il faut espérer que la technologie s'améliore pour réexaminer la question lorsque les avantages économiques seront plus évidents, a-t-il ajouté.

Avec les informations de La Presse canadienne