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L’Alliance forêt boréale est « heureuse » des premières mesures de protection du caribou

On voit un caribou mâle, de profil, avancer sur un sol rocheux, en hiver.

La situation du caribou montagnard en Gaspésie est précaire. Depuis deux hivers, Québec capture des femelles et les protège dans des enclos de maternité afin de les protéger des prédateurs lors de la mise bas du printemps.

Photo : SEPAQ/Denis Desjardins

L’organisme Alliance forêt boréale accueille favorablement les mesures annoncées mardi par Québec pour protéger les populations de caribous forestiers de la Gaspésie et de Charlevoix. Si la date du dépôt du plan pour assurer la pérennité des cervidés du Saguenay–Lac-Saint-Jean demeure inconnue, son président, Yanick Baillargeon, se dit « content ».

On est très heureux de voir que le gouvernement a pris une des recommandations qu’on avait faites en Commission indépendante, celle d’y aller par territoire, souligne-t-il d’emblée au nom des élus du Saguenay–Lac-Saint-Jean et de la Côte-Nord rassemblés dans l’organisme pour protéger les intérêts des communautés forestières.

Selon Yanick Baillargeon, également préfet de la MRC Domaine-du-Roy, le gouvernement Legault doit déployer plusieurs stratégies de conservation adaptées à la réalité de chaque région.

Yanick Baillargeon en entrevue via Zoom.

Le préfet de la MRC Domaine-du-Roy, Yanick Baillargeon, est le président de l'Alliance forêt boréale.

Photo : Radio-Canada

Il s’attend à ce que Québec ne déploie jamais de grande stratégie nationale et croit que les dispositions pour le Saguenay–Lac-Saint-Jean tarderont à venir, car les résultats des actions mises en place en Gaspésie et à Charlevoix seront tout d’abord étudiées.

J’aurais très mal vu le gouvernement venir implanter une stratégie mur à mur au Québec, mettre de côté toutes les communautés forestières en ne sachant pas si elle va avoir du succès auprès des hardes de caribous, estime-t-il.

D’après moi, ça va prendre un certain temps avant de voir d’autres stratégies s’établir dans les faits.

Une citation de Yanick Baillargeon, président de l'Alliance forêt boréale et préfet de la MRC Domaine-du-Roy

59,5 millions $

Le ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, Benoît Charette, s’est déplacé à Saint-Anne-des-Monts mardi pour dévoiler l'octroi d’une enveloppe de 59,5 millions de dollars visant à renverser le déclin du caribou dans les deux régions.

La superficie de la réserve de biodiversité des caribous forestiers de Manouane-Manicouagan, située à cheval entre le Saguenay–Lac-Saint-Jean et la Côte-Nord, sera agrandie de 4826 km2, a-t-il révélé en compagnie de la ministre des des Ressources naturelles et des Forêts, Maïté Blanchette Vézina.

Une zone de 96 km2 sera également mieux protégée au mont Vallières-de-Saint-Réal, près du Parc national de la Gaspésie. Plusieurs claims miniers sont répertoriés dans ce secteur.

Gros plan de la tête d'un caribou de la Gaspésie.

Les caribous sont en danger au Canada, au point d’être devenu un enjeu politique.

Photo : iStock / pchoui

L’enveloppe prévoit également des mesures pour restaurer le couvert forestier et améliorer les méthodes de suivi de l’état des populations. Des consultations publiques sont lancées pour étudier l'impact de ces mesures.

« Très minces »

Selon Martin-Hugues St-Laurent, professeur en écologie animale à l’Université du Québec à Rimouski (UQAR), ces annonces sont très minces.

Celui qui se penche sur la question de la préservation du caribou depuis plusieurs années est déçu que les délimitations claires des zones à protéger demeurent inconnues et soient encore l’objet de consultations publiques. Il rappelle que plusieurs ont déjà eu lieu.

Martin-Hugues St-Laurent espérait également que le gouvernement se commette en établissant des cibles concrètes.

Martin-Hugues St-Laurent, professeur et chercheur en écologie animale de l’UQAR, s'adresse à un journaliste.

Martin-Hugues St-Laurent, professeur et chercheur en écologie animale à l’UQAR

Photo : Radio-Canada

Selon lui, le plan de protection du caribou forestier devrait être en place depuis longtemps au Saguenay–Lac-Saint-Jean, car le temps presse. Il faut interdire la coupe des massifs forestiers matures, restaurer l’habitat du caribou forestier, retirer ses prédateurs, comme les loups et les ours, énumère-t-il.

Mais les intérêts de l'industrie forestière sont toujours priorisés, selon le chercheur.

Je trouve ça triste que sur la base des feux, sur la base des emplois, sur la base des impératifs d’extraction de ressources, on repousse toujours aux calendes grecques les engagements de protection de la biodiversité qu’on a.

Une citation de Martin-Hugues St-Laurent, professeur de biologie à l'Université du Québec à Rimouski

Dans le communiqué de presse, on voit clairement qu’on vise l’équilibre entre la protection de la biodiversité et le développement économique des régions. Je pense qu’on a l’air de primer le développement économique des régions, poursuit-il. Le chercheur fait référence à une déclaration écrite de la ministre Maïté Blanchette Vézina.

L'intention du gouvernement a toujours été claire : augmenter la protection du caribou forestier et montagnard de la Gaspésie, tout en s'assurant de préserver le dynamisme économique de nos communautés forestières, indique l’élue dans le communiqué de presse.

« L'industrie forestière n'est pas responsable »

De son côté, le député de Chicoutimi - Le Fjord, Richard Martel, a déclaré que l’industrie forestière n’est pas responsable du déclin des populations de caribous.

Le conservateur, Richard Martel.

Le conservateur et député de Chicoutimi - Le Fjord, Richard Martel

Photo : Radio-Canada

L’industrie forestière n’est pas responsable du déclin des populations du caribou. Nous avons des travailleurs et des entrepreneurs audacieux du secteur forestier ici au Saguenay. Notre forêt sera mise à mal avec ou sans exploitation forestière, mais sans exploitation forestière c’est notre avenir économique et social qui va en pâtir, déplore le conservateur dans une communication écrite.

Il n’est pas nécessaire de choisir entre l’environnement et nos industries.

Une citation de Richard Martel, député conservateur de Chicoutimi - Le Fjord

La littérature scientifique est toutefois loin de confirmer les prétentions de M. Martel.

Une étude publiée l'automne dernier a renforcé le consensus scientifique selon lequel la disparition de l'habitat du caribou, notamment la disparition des forêts matures, est causée par l'activité humaine et l'aménagement forestier. Les conclusions d'une équipe de chercheurs supervisée par Martin-Hughes St-Laurent de l'Université du Québec à Rimouski sont claires à ce sujet.

Le déploiement de la stratégie de protection du caribou forestier, promise au préalable en 2018, a été repoussé à maintes reprises, puis devait finalement voir le jour l’an dernier. Cette dernière est toutefois tombée à l’eau en raison des feux de forêt qui ont bouleversé l’industrie forestière durant l’été.

Aucun nouvel échéancier n’a été dévoilé depuis. Ottawa avait imposé un ultimatum à Québec pour son dévoilement avant le 1er mai, menaçant d’utiliser ses pouvoirs pour intervenir.

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