Ottawa étudie la demande de révision de la décriminalisation des drogues en C.-B.
La ministre Ya’ara Saks à la Chambre des communes, le 29 avril 2024.
Photo : La Presse canadienne / Sean Kilpatrick
La ministre fédérale de la Santé mentale et des Dépendances, Ya'ara Saks, confirme que les discussions sont en cours avec Santé Canada au sujet de la demande de révision de la décriminalisation des drogues formulée vendredi par la Colombie-Britannique.
Nous évaluons actuellement les données et leur demande
, a-t-elle déclaré lundi. Et nous nous engageons entièrement à continuer de travailler avec la province.
La ministre a ajouté qu'il était encore trop tôt pour tirer des conclusions sur la décriminalisation autorisée il y a un peu plus d’un an en Colombie-Britannique.
La crise des surdoses, je le répète, est une crise sanitaire et non criminelle.
Des photos des victimes sont placées, une à une, durant un hommage rendu à Vancouver dans le cadre de la Journée internationale de sensibilisation aux surdoses, le 31 août 2023.
Photo : Radio-Canada / Ben Nelms
Dans l'espoir d'enrayer la crise des opioïdes et de limiter la stigmatisation des consommateurs, la Colombie-Britannique est devenue, au début de 2023, la première province au pays à décriminaliser la possession de petites quantités de drogues illicites dans le cadre d’un projet pilote de trois ans autorisé par Santé Canada.
Les adultes en possession de moins de 2,5 grammes de certaines drogues ne peuvent pour le moment ni être arrêtés ni être accusés.
Drogues qui font l’objet de l’exemption fédérale :
Les opioïdes (tels que l'héroïne, la morphine et le fentanyl)
Le crack et la cocaïne en poudre
La méthamphétamine (méthamphétamine en cristaux)
La MDMA (ecstasy)
Quelques mois après son entrée en vigueur, des villes ont demandé à la province davantage de réglementation entourant l’application du projet. Des critiques venues des corps de police et du milieu de la santé ont aussi alimenté le débat.
En octobre, la province a tenté d'introduire une loi visant à limiter la consommation de drogues dans les lieux publics, mais cette tentative a été bloquée par les tribunaux.
Vendredi dernier, la Colombie-Britannique a finalement décidé d’adresser une demande au fédéral en vue d’interdire la consommation de drogues dans tous les espaces publics.
Nous sommes à la disposition d’Ottawa et espérons qu’une réponse rapide pourra être donnée
, a dit le premier ministre de la province, David Eby, lundi.
Des réactions dans la sphère politique
Le chef du parti BC United et de l'opposition officielle en Colombie-Britannique, Kevin Falcon, a réitéré sa volonté de mettre un terme au projet pilote lundi.
Durant la période de questions à Ottawa, lundi, le chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre, a quant à lui accentué la pression sur le gouvernement Trudeau et a demandé que la Chambre des communes tienne un débat d'urgence sur la question.
Le chef conservateur Pierre Poilievre.
Photo : La Presse canadienne / Sean Kilpatrick
Le chef conservateur donne souvent la consommation publique de drogues dans des villes comme Vancouver comme exemple d’une expérience dangereuse
menée par le gouvernement néo-démocrate de David Eby et des libéraux fédéraux.
Pierre Poilievre a déjà affirmé qu’un gouvernement conservateur mettrait fin au programme de subventions fédéral, qui paye des gens pour consommer des narcotiques dangereux
et qu'il utiliserait l'argent économisé pour financer des programmes de rétablissement des toxicomanes.
Les drogues toxiques ont fait plus de 14 000 victimes depuis qu'une urgence de santé publique a été déclarée en Colombie-Britannique, en 2016.
Photo : Radio-Canada / Jean-Marc Poirier
Des groupes de défense, comme l’organisme Moms Stop the Harm, qui regroupe des familles de victimes de surdoses et d'empoisonnement par les drogues, demandent à rencontrer le chef conservateur.
J’exhorte les membres du Parlement à arrêter les déclarations dégradantes et polarisantes et à écouter ceux qui sont aux prises avec une consommation de drogues quand vient le temps d'élaborer des politiques.
La demande de révision présentée par la Colombie-Britannique vendredi a aussi fait réagir en Ontario.
Alors qu’une demande d’exemption présentée en 2022 par la Ville de Toronto est toujours en cours d’examen par Santé Canada, le premier ministre Doug Ford a déclaré, lundi, ne pas vouloir entendre parler de la décriminalisation de la possession de drogues dures dans la métropole.
En 2023, au Canada, la plupart des décès liés à une surdose d'opioïdes ont eu lieu en Colombie-Britannique, en Alberta et en Ontario, selon des données du gouvernement fédéral.
Avec les informations de La Presse canadienne