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Des coûts élevés pour la réfection des barrages municipaux au Québec

Une femme devant une fuite d'eau.

La mairesse de Chertsey, Michelle Joly, devant le barrage du lac d'Argent qui a cédé l'an dernier et une nouvelle fois cette année, malgré les réparations temporaires qui avaient été effectuées.

Photo : Radio-Canada

Plusieurs petites villes peinent à trouver le financement nécessaire pour effectuer la réfection des barrages municipaux alors que bon nombre d'entre eux arrivent à la fin de leur vie utile.

C'est notamment le cas de Chertsey, dans Lanaudière. Cette municipalité compte le plus grand nombre de barrages de toute la province. Elle en a 58 au total, dont 15 qui lui appartiennent. De ce nombre, neuf doivent être remplacés d'ici cinq ans.

Pour la mairesse Michelle Joly, il s'agit d'un véritable casse-tête.

C'est un fardeau financier très important. Les coûts de réhabilitation dépassent le million sur chaque barrage ou à peu près.

Une citation de Michelle Joly, mairesse de Chertsey

La majorité des barrages municipaux ont été construits entre les années 1950 et 1970, souvent pour créer des lacs artificiels afin d'installer des chalets aux alentours.

À l'heure actuelle, les villes peuvent obtenir une subvention maximale de 500 000 $ de la part de Québec pour leur réfection. Mais elles ne connaissent le montant qui leur est accordé qu'une fois les travaux terminés.

Le reste du financement provient de la collectivité. Selon les règles en vigueur à Chertsey, la Municipalité débourse 20 % de la facture pour effectuer la réhabilitation d'un barrage, et les citoyens qui demeurent autour du plan d'eau payent les 80 % restants.

Des factures élevées qui suscitent la grogne

Construit en 1925, le barrage du lac Beaulne a cédé lors de la crue printanière de l'année dernière. La Municipalité a alors dû effectuer des travaux d'urgence qui ont coûté plus de 500 000 $.

Il a fallu construire un batardeau pour protéger le lac et une route temporaire pour que les citoyens ne soient pas enclavés, explique la mairesse Joly. Le barrage a été réparé temporairement.

Propriétaire de l'infrastructure, la Municipalité aurait voulu effectuer sa réfection quelques années auparavant, au coût de 800 000 $. Mais les riverains s'y sont opposés par référendum.

C'est une facture qu'à l'époque, les citoyens ont trouvée trop salée. Donc, on a refusé le règlement d'emprunt, dit Françoise Marceau, membre de l'Association des propriétaires du lac Beaulne.

Les riverains auraient préféré un barrage en enrochement qui aurait coûté moins cher, mais selon la Municipalité, le prix d'un barrage en béton est plus avantageux si l'on tient compte de l'entretien à effectuer à long terme.

Résultat : c'est un nouveau projet de 1,2 million de dollars qui devrait bientôt être présenté aux citoyens selon des estimations préliminaires. Un montant que Françoise Marceau qualifie d'astronomique.

À Chertsey, on a l'impression qu'on choisit une Cadillac ou une Mercedes au lieu d'une Toyota parce que ça va être plus sécuritaire.

Une citation de Françoise Marceau, membre de l'Association des propriétaires du lac Beaulne

La Municipalité aimerait lancer les travaux cet été pour qu'un nouveau barrage soit construit d'ici la fin de l'année. Selon la mairesse Joly, le temps presse, puisque la sécurité des résidents est en jeu.

S'il y a un référendum et que les citoyens refusent de nouveau, la Municipalité n'aura d'autre choix que d'aller en injonction, affirme-t-elle.

D'autres tensions à prévoir

Ce genre de bras de fer pourrait se reproduire ailleurs à Chertsey. Le barrage du lac d'Argent doit lui aussi être remplacé, mais il y a seulement 80 contribuables autour du plan d'eau pour se partager la facture. C'est une énorme charge financière pour les citoyens, convient la mairesse Joly.

En comparaison, un peu plus loin, au lac Jaune, ils seront près de 500 à payer pour la réfection de leur barrage. La facture devrait tourner autour du million de dollars dans les deux cas.

Plusieurs villes, notamment dans Lanaudière et dans les Laurentides, sont aux prises avec le même problème. Les municipalités sont propriétaires de 577 barrages à forte contenance au Québec, tandis que 759 autres ouvrages appartiennent à des propriétaires privés.

Une aide supplémentaire de Québec réclamée

Michelle Joly aimerait que Québec bonifie l'aide financière maximale de 500 000 $ qui peut être octroyée pour la réhabilitation des barrages. Au minimum, la moitié des coûts d’un projet devraient être couverts selon elle, même s’il est plus élevé.

Elle aimerait également que le montant qui sera donné en subvention soit connu avant le lancement des travaux, ce qui permettrait de donner l'heure juste aux citoyens quant à la facture qu'ils auront à payer.

Mais est-ce à l'ensemble des contribuables de payer pour des barrages qui se trouvent bien souvent sur des lacs privés dont profitent très peu de gens?

Pierre Brissette, un professeur spécialiste en hydroclimatologie de l'École de technologie supérieure, n'en est pas certain. Si personne n'est capable de payer, ils peuvent ouvrir les vannes et vider le barrage. Ça fait toujours partie des solutions possibles. En Amérique du Nord, on détruit plus de barrages qu'on en construit depuis plusieurs années, dit-il.

Entre-temps, Chertsey craint d'hériter de nouveaux barrages. C'est ce qui arrive, par exemple, lorsque le propriétaire d'un ouvrage meurt ou fait faillite.

Ils deviennent ce qu'on appelle un bien sans maître et par la suite, ils sont redonnés à la Municipalité et on n'a pas du tout le moyen financier de régler ce dossier-là, explique la mairesse Michelle Joly.

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