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Ottawa autorise le secteur aérospatial à se procurer du titane russe

Un homme à côté d'une maquette d'avion.

Sergei Chemezov, le président du producteur de titane russe VSMPO-AVISMA, est également le président du conglomérat étatique Rostec, qui comprend l'essentiel du complexe militaro-industriel russe.

Photo : Associated Press / Sergey Ponomarev

Le Canada accorde une dérogation aux entreprises du secteur aérospatial leur permettant de se procurer du titane russe dans leur production, malgré les sanctions imposées par Ottawa dans cette industrie, a affirmé jeudi la cheffe de la diplomatie, Mélanie Joly. Selon nos informations, il s'agit d'une mesure « limitée » et temporaire.

Répondant aux questions de journalistes à Saskatoon, la ministre des Affaires étrangères a affirmé que cette mesure vise à protéger les emplois ici au Canada, tout en maintenant une pression maximale sur le régime russe.

Elle n’a toutefois pas précisé combien d’entreprises sont concernées par cette exemption partielle, mais Airbus et Bombardier ont annoncé bénéficier de cette mesure. Boeing a, pour sa part, indiqué à Radio-Canada ne pas s'approvisionner en titane en provenance de la Russie.

On sait qu’au Québec et au Canada il y a une industrie aérospatiale très importante. C’est pourquoi on a été en mesure d’avoir une approche équilibrée.

Une citation de Mélanie Joly, ministre canadienne des Affaires étrangères

Mercredi, l’agence de presse Reuters affirmait que le constructeur européen Airbus bénéficiait de cette dérogation pour sa production au Canada.

Guerre en Ukraine

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Un véhicule blindé est en feu, un corps gît dans la rue.

L’avionneur possède plusieurs usines au Canada, produisant des avions commerciaux de type A220 à Mirabel, au Québec, ainsi que des hélicoptères à Fort Érié, en Ontario. La compagnie compte aussi une division spécialisée en défense et espace à Ottawa.

Airbus emploie 4000 personnes au Canada, dont 3000 à Mirabel.

Un employé travaille sous l'aile d'un appareil.

Un employé d’Airbus travaille sous l’aile d’un A220 à l’usine de Mirabel, au Québec.

Photo : La Presse canadienne / Graham Hughes

Maintenir les activités

Selon Reuters, l’exemption décidée par le Canada devrait aider Airbus à garder ses activités intactes au pays sans qu’elles soient affectées par l’interdiction d’importation imposée par le Canada au principal fournisseur de titane de Russie, VSMPO-AVISMA.

Une porte-parole d'Airbus a confirmé à Radio-Canada ces informations.

Airbus a pris connaissance des sanctions imposées par le gouvernement canadien à VSMPO-AVISMA et a obtenu les autorisations nécessaires pour garantir la conformité des opérations d'Airbus avec les sanctions applicables.

Une citation de Une porte-parole d'Airbus

Jeudi, le PDG de Bombardier, Éric Martel, a affirmé que son entreprise, qui emploie plus de 9000 personnes au Québec et 2500 en Ontario, bénéficie elle aussi de cette exemption, selon Reuters.

Le 21 février dernier, le Canada a imposé des sanctions à 153 entités russes liées au complexe militaro-industriel russe, dont VSMPO-AVISMA. La société, fondée en 1941 dans l’Oural, est le premier fournisseur de l’aéronautique au niveau mondial. Le quart de la compagnie est détenu par Rostec, l'un des principaux conglomérats russes de l'industrie de la défense.

Les États-Unis et l’Union européenne se sont abstenus d’imposer des sanctions à l’industrie du titane russe, notamment pour ne pas nuire à leurs industries aérospatiales qui en dépendent encore.

Le géant américain de l'aéronautique Boeing affirme de son côté avoir complètement abandonné le titane russe depuis mars 2022.

Des personnes de dos se dirigent vers l’entrée d’une usine de Boeing.

Les travailleurs entrent dans l'usine Boeing de Renton, à Washington.

Photo : Reuters / JASON REDMOND

Le constructeur, qui emploie environ 14 000 personnes au Canada, affirme à Radio-Canada s'approvisionner actuellement en titane principalement aux États-Unis, mais aussi au Japon, en Chine et au Kazakhstan.

Notre inventaire et notre diversité de sources de titane fournissent un approvisionnement suffisant pour la production d'avions et nous continuerons à prendre les mesures nécessaires pour assurer la continuité à long terme.

Une citation de Connor Greenwood, porte-parole de Boeing

Une mesure limitée

Malgré cette exemption accordée au secteur de l’aérospatial, la ministre Joly affirme que le Canada a l’un des régimes de sanctions les plus sévères et les plus percutants du monde, surtout en ce qui concerne la Russie.

Selon des informations obtenues par Radio-Canada, cette exemption sera accessible pour une durée limitée et les exemptions de permis délivrées ne s'appliqueront qu'au secteur aérospatial, y compris le secteur militaire.

La mesure est limitée, a-t-on appris, et le gouvernement a envoyé un message clair aux entreprises de l’industrie : Elles doivent trouver d’autres sources de titane, comme le fait déjà Boeing.

Selon Affaires mondiales Canada, Ottawa a, depuis 2014, sanctionné plus de 2900 entités et personnes en Russie, en Ukraine, au Belarus et en Moldavie.

Ces mesures visent à dénoncer les atteintes à la sécurité internationale commises par la Russie et ceux qui la soutiennent, à limiter la capacité du gouvernement russe à financer sa guerre illégale contre l'Ukraine et à faire pression sur le régime de Poutine afin qu'il corrige son comportement, indique un porte-parole d’Affaires mondiales.

La décision d'exempter le secteur aérospatial a suscité de vives réactions de la part de l'ambassadrice d'Ukraine à Ottawa. Dans une entrevue accordée à CBC, Yuliya Kovaliv a affirmé que l'achat du titane russe ne fait qu'alimenter la machine de guerre du Kremlin contre son pays.

De son côté, le Congrès ukrainien canadien (UCC) appelle Ottawa à faire marche arrière et à appliquer les sanctions à toutes les industries qui ne respectent pas les sanctions imposées à Moscou, appelant le gouvernement de Justin Trudeau à appliquer un « embargo total » sur les produits russes.

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