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« L’État n’a pas à gérer le transport collectif » : Guilbault sous un feu de critiques

François Legault a pris la défense de sa ministre des Transports jeudi, estimant qu'il est « plus facile pour les maires de quêter à Québec » que de faire le ménage de leurs dépenses.

La ministre photographiée entre deux chaises.

La ministre des Transports, Geneviève Guilbault, lors de l'étude des crédits de son ministère, mercredi.

Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel

« Chacun gère sa fougère ». La métaphore utilisée mercredi par la ministre Geneviève Guilbault pour illustrer son affirmation voulant que la gestion du transport collectif n'incombe pas à l'État a fait bondir des élus tant provinciaux que municipaux.

La réplique est d'abord venue des maires de Montréal et de Québec, dont les sociétés de transports collectifs cumulent des déficits qui pourraient avoir un impact sur les services aux usagers.

Lors d'une rencontre de la Communauté métropolitaine de Montréal, jeudi, Valérie Plante s'est gardée de lancer des roches à la ministre des Transports, mais a néanmoins réfuté ses propos.

Oui, le transport collectif est une mission de l'État, pour des raisons évidentes, a plaidé la mairesse de Montréal, qui a entre autres évoqué les cibles de réduction des gaz à effet de serre (GES) du gouvernement Legault. Le premier émetteur de GES, ce sont les voitures et les camions, a-t-elle souligné.

J'invite la ministre, j'invite tout le gouvernement, à venir prendre le métro le matin, à venir prendre l'autobus à Laval, à attendre longtemps dans les couronnes parce qu'il y a seulement un autobus qui passe une fois à l'heure.

Le maire de Québec, Bruno Marchand, a quant à lui été plus cassant, affirmant devant les journalistes n'avoir pas confiance en Mme Guilbault, parce qu'il n'y a pas de vision qui émane de là.

Le transport, pour elle, c'est de développer des routes, a-t-il lâché. Elle ne parle pas d'autobus, elle ne parle pas de flexibus, elle ne parle pas de vélo, elle ne parle pas de covoiturage. Elle veut développer des routes.

On revient au Temps d'une paix de Joseph-Arthur.

Une citation de Bruno Marchand, maire de Québec

Rappelons que le gouvernement Legault a récemment retiré le projet de tramway à Québec des mains de M. Marchand pour le confier à la Caisse de dépôt et placement. Depuis, le torchon brûle entre le maire de la capitale québécoise et la ministre des Transports.

Le reportage de Véronique Prince

La ministre clarifie son message

Devant ce tollé, la ministre Guilbault s'est présentée jeudi devant les journalistes de la tribune parlementaire pour tenter de clarifier ses propos. Selon elle, bien que le soutien au transport collectif soit une mission de l'État, il ne revient pas à Québec d'en assumer la gestion.

Elle a ainsi nuancé son affirmation de la veille, concédant que ses propos ont peut-être [...] été mal exprimés, ou ont porté à confusion.

Ce n'est pas une mission de l'État de gérer le transport collectif, ça, je le maintiens, s'est-elle empressée d'ajouter.

Les routes, ça, vous voyez, c'est une mission directement de l'État, parce que le réseau supérieur, ce n'est pas les municipalités, ce n'est pas personne d'autre, c'est nous qui devons le faire directement, a-t-elle illustré.

Mais le transport collectif est géré par des sociétés de transport, par des municipalités, et on n'est pas concerné quand elles prennent des décisions.

On ne peut pas d'une part revendiquer d'être souverain et de gérer nous-mêmes nos choses, mais quand il y a un déficit, le refiler ailleurs.

Une citation de Geneviève Guilbault, ministre des Transports du Québec

Mme Guilbault a affirmé malgré tout que son ministère allait être au rendez-vous.

L’Union des municipalités du Québec (UMQ), qui dit entendre les nuances apportées par la ministre, en a profité pour inviter Mme Guilbault à un rendez-vous national sur l’avenir du transport collectif prévu le 10 mai prochain à Drummondville.

Nous l’invitons à se joindre à nous afin de nous présenter sa vision, a déclaré Martin Damphousse, président de l’UMQ et maire de Varennes.

La ministre Geneviève Guilbault présentant un tableau en point de presse.

Geneviève Guilbault a souvent recours à un tableau qui montre, selon elle, que son gouvernement a investi davantage que ses prédécesseurs dans le transport collectif. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel

Période des questions houleuses

Les propos de Geneviève Guilbault l'ont suivie jusqu'au Salon bleu, jeudi. Les partis d'opposition se sont relayés pour conspuer la ministre et dénoncer sa vision du transport collectif.

Hier, le chat est enfin sorti du sac, a lancé le co-porte-parole de Québec solidaire Gabriel Nadeau-Dubois en se levant en Chambre. On a compris pourquoi le transport en commun se détériore à la grandeur du Québec. Ce n’est juste pas son travail, à la ministre des Transports et de la Mobilité durable de s'occuper de la... mobilité durable, a ironisé M. Nadeau-Dubois.

Elle, elle s'occupe juste des routes. Comme dans le bon vieux temps du ministère de la Voirie.

Une citation de Gabriel Nadeau-Dubois, co-porte-parole de Québec solidaire

Le bilan de la CAQ en termes de transport collectif est un échec, a pour sa part affirmé le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon. Dans les faits, ce gouvernement a saboté davantage de projets qu'il n'en a réalisés.

La ministre Guilbault s'est défendue en brandissant à plusieurs reprises un tableau, montrant selon elle qu'aucun autre gouvernement n'avait autant investi dans le transport en commun.

François Legault, Mathieu Lacombe et Jonatan Julien en point de presse.

Le premier ministre François Legault, lors d'une conférence de presse sur la création du Musée national de l'histoire du Québec, le 25 avril 2024.

Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel

Elle a pu également compter sur l'appui de son chef. J'ai totalement confiance en Geneviève Guilbault, a affirmé François Legault lors d'un point de presse en après-midi. Quant aux critiques des municipalités, le premier ministre s'est dit pas du tout surpris des réactions.

Je ne tombe pas sur le derrière, a-t-il résumé. Ça fait assez longtemps que je suis en politique pour savoir que, pour les maires, c'est toujours plus facile d'aller quêter à Québec que d'aller faire le ménage dans leurs dépenses.

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