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La hausse de la vitesse à 110 km/h en Ontario comporte des risques, selon des experts

Un panneau de signalisation de l'autoroute 417.

Avec l’extension de la limite de vitesse à 110 km/h à un plus grand nombre d'autoroutes en Ontario, tel qu'annoncé mercredi par la province, des experts s’alarment pour la sécurité routière et pour l’environnement. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Jean-Sébastien Marier

La décision de l'Ontario d'augmenter la limite de vitesse à 110 km/h sur un plus grtand nombre de tronçons d'autoroute, dont la 416 à Ottawa, fait craindre plus de collisions graves à des experts en sécurité routière. De son côté, l’organisme Écologie Ottawa s’inquiète pour l’environnement dans la capitale.

Professeur titulaire au département des génies civil, géologique et des mines à Polytechnique Montréal, Nicolas Saunier estime que le nombre d’accidents pourrait augmenter d’environ 20 % à la suite de l'adoption de cette mesure.

On s’attend à ce qu’il y ait une augmentation du nombre de morts sur les routes. C’est ce qui nous inquiète.

Une citation de Nicolas Saunier, professeur titulaire au département des génies civil, géologique et des mines, Polytechnique Montréal

La limite de vitesse passera de 100 km/h à 110 km/h à partir du 12 juillet prochain sur 10 tronçons d'autoroute supplémentaires en Ontario.

À Ottawa, cela concerne les 70 kilomètres de l'autoroute 416 qui la relient à l'autoroute 401. Les automobilistes de la région de la capitale nationale qui empruntent l'autoroute 417 à Ottawa en direction de la Belle Province et vice-versa peuvent déjà rouler à cette vitesse depuis septembre 2019.

La plupart des autoroutes de l’Ontario ont été conçues à l’origine pour que la vitesse puisse y être limitée en toute sécurité à 110 km/h et les données sur les changements que nous avons réalisés en 2022 montrent que c’est exactement ce qu’elles permettent de faire , a déclaré le ministre des Transports de l’Ontario, Prabmeet Sarkaria, par voie de communiqué.

Décision injustifiée

Selon Nicolas Saunier, la décision du gouvernement ontarien d'augmenter la limite de vitesse n’est pas justifiée.

On va polluer plus, ça va coûter plus cher à tout le monde et ça n'a pas de sens. [...] C’est purement électoraliste et ce ne sont pas des décisions qui sont basées sur la science.

Une photo du professeur Nicolas Saunier en train de parler au micro dans un studio de radio.

Le professeur Nicolas Saunier craint une augmentation du nombre d'accidents en raison de la hausse de la limite de vitesse. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Karl-Philip Vallée

De son côté, le directeur des relations dans la communauté et de la sécurité routière de CAA-Québec, André Durocher, aimerait comprendre l’objectif de la décision du gouvernement ontarien d’augmenter la limite de vitesse.

À partir du moment où la vitesse est plus élevée, on a un temps de réaction qui est supérieur. [...] Ce qui va être intéressant au cours des prochaines années, ça va être de constater le bilan du nombre d’accidents en le comparant avec les dernières années, explique-t-il.

Pour l’instant, le ministère des Transports et de la Mobilité durable du Québec, de son côté, n’a pas l’intention d’augmenter la limite de vitesse à 110 km/h sur ses autoroutes.

Des inquiétudes pour l’environnement

L’organisme Écologie Ottawa, qui exige un leadership en matière d'environnement, déplore lui aussi l’augmentation de la limite de vitesse sur certaines autoroutes ontariennes.

Le coordonnateur des programmes William Van Geest aurait voulu qu’un organisme en environnement de l’Ontario soit consulté avant que cette décision soit prise.

Un homme débout.

William Van Geest aurait voulu que l’organisme Écologie Ottawa soit consulté avant la décision du gouvernement ontarien. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Gaëlle Kanyeba

La vitesse la plus efficace est autour de 90 km/h. Au-delà de cette vitesse, les émissions de gaz à effet de serre augmentent de façon exponentielle. Il faut toujours tenir compte des aspects environnementaux : c’est un autre écosystème. Il faut prendre ça en compte et vraiment avoir un regard sur le tout, commente-t-il.

De son côté, Marie-Soleil Cloutier, professeure et directrice au Centre Urbanisation Culture Société de l’Institut national de la recherche scientifique, croit que la hausse de la limite de vitesse aggravera la pollution atmosphérique.

Il y a une consommation d’essence plus élevée à plus haute vitesse, évidemment. Mais il y a aussi la friction des pneus qui peut amener finalement plus de pollution de l’air, en plus d’une pollution sonore à plus haute vitesse, soutient-elle.

Au moment d’écrire ces lignes, le ministère des Transports de l’Ontario n’avait pas répondu à notre demande d’information concernant les répercussions potentielles de sa décision sur l’environnement.

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