Fitzgibbon « ne voit pas matière » à créer une zone d’innovation à Rouyn-Noranda

Le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, émet des réserves envers le projet de zone d’innovation minière (ZIM), déposé il y a déjà plusieurs années par Rouyn-Noranda. La présidente du projet, Johanne Jean, relativise ces propos et maintient que la ZIM pourrait se concrétiser.

M. Fitzgibbon soutient qu’il n’y a pas matière à créer des zones d’innovation pour le secteur minier. Il a tenu ces paroles le 16 avril lors de l’étude des crédits de son ministère. 

C’est sûr que si les entreprises veulent participer avec les universités – dans ce cas-ci, c’est à Rouyn-Noranda – à une thématique où on sera plus performant pour nos mines, on va faire quelque chose. Est-ce une zone d’innovation ou un projet d’innovation? À ce stade-ci, c’est trop prématuré pour conclure, a-t-il ajouté. 

Annoncées en 2021, les zones d’innovation sont l’une des promesses phares du gouvernement de François Legault. L’objectif initial était d’en créer dix dans la province afin d’aider les acteurs industriels, universitaires et municipaux à renforcer leur expertise dans des domaines de pointe. 

À Rouyn-Noranda, le projet de zone d’innovation minière, à l’étude depuis bientôt quatre ans, doit permettre la création d’un nouveau quartier près du Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue et de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue.

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Plusieurs entreprises privées, comme Agnico Eagle et la Fonderie Horne, ont également promis d’y jouer un rôle et de lancer divers projets, comme un Centre intégré d’opérations pour les mines souterraines ou encore un Institut sur les mines intelligentes et autonomes. 

Trois zones d’innovation ont vu le jour depuis 2021, d’abord en Estrie, puis en Mauricie–Centre-du-Québec. En 2024, on en voit deux [supplémentaires] qu’on pourrait annoncer, a précisé Pierre Fitzgibbon, toujours lors de l’étude des crédits du 16 avril. En 2025, peut-être une autre. Quand même qu’on finirait à six ou sept, ça ne me dérange pas. 

Rouyn-Noranda garde le cap 

La présidente du Comité de coordination de la ZIM, Johanne Jean, se veut toutefois rassurante. Elle a elle-même évoqué les propos du ministre Fitzgibbon lors d’une allocution tenue mercredi devant la Chambre de commerce et d’industrie de Rouyn-Noranda. 

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C'est une déclaration qui nous a vraiment fait sursauter, a-t-elle d’abord admis sur scène. On a contacté le gouvernement dès le lendemain matin pour connaître ses réelles intentions. Aujourd'hui, je vous le dis, je me fais très, très rassurante. La zone d'innovation minière est très loin d'être enterrée, tout au contraire. 

Il était en commission parlementaire, il devait répondre aux questions, relativise-t-elle en entrevue. Ce n’est pas toujours facile et évident quand tu as les partis d’opposition devant toi. Nous, on nous confirme qu’on est toujours dans la course, qu’on a un très bon projet et qu’on répond à tous les critères. 

Déposé en 2021, le projet de zone d’innovation minière de Rouyn-Noranda devrait être présenté à un comité de recommandation du ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie d’ici la fin de mai. Ce comité sera ensuite chargé d’effectuer un suivi auprès du ministre Pierre Fitzgibbon, qui aura le dernier mot. 

Selon M. Fitzgibbon, au moins une trentaine de projets de zone d’innovation auraient été reçus ces dernières années, dont celui de la Ville de Val-d’Or. 

« On va faire un bon pitch de vente devant le comité de recommandation, ajoute Mme Jean. On va présenter la zone d’innovation, répondre aux questions et on va continuer à convaincre le ministre qu'on est essentiels. » 

Pourquoi attendre? 

Mme Jean croit qu’une reconnaissance de la part de Québec est indispensable pour concrétiser les projets actuellement rattachés à la ZIM, signifiant par là qu’il serait difficile de les mettre sur pied sans désignation officielle. 

Je vais donner l’exemple du projet de la Horne 5, de Ressources Falco. Nous pourrions, en partenariat avec elle, faire une mine laboratoire. Quand on parle d’une mine autonome et intelligente, on serait capable de la mettre sur pied. Pas juste de la planifier sur du papier. La désignation nous permettrait vraiment de concrétiser ces projets-là et de les concrétiser plus rapidement, a-t-elle répondu. 

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Les zones d’innovation, comme celle promue par Rouyn-Noranda, reposent en grande partie sur des investissements privés. Le secteur privé est censé investir environ 1,2 milliard de dollars d’ici 2030 dans le projet de ZIM, contre environ 400 millions de dollars du public.

Le chef de projet de la ZIM, Jean-Séverin Bouda, ne s'inquiète pas des propos tenus par Pierre Fitzgibbon. 

La mobilisation en faveur de la zone d’innovation minière est déjà là, soutient-il. Les entreprises sont derrière nous. Les citoyens sont derrière nous. La communauté culturelle et économique est derrière nous. Quoi qu’il advienne, la zone d’innovation minière, elle existe déjà. Ce qu’on cherche avec le gouvernement provincial, c’est vraiment d’aller plus vite, plus loin. 

Pour le financement public de 400 millions de dollars, une bonne partie provient de programmes existants, complète-t-il. Il n’y a pas de financement neuf à aller chercher ou à créer. Ce sont des programmes qui existent et pour lesquels bon nombre de projets privés se qualifient déjà.