À Merritt, si vous ne respectez pas les restrictions en eau, elle sera coupée
Ces photos, prises à environ une année d'écart où les rivières Nicola et Coldwater se joignent dans la ville de Merritt, démontrent déjà les effets des manteaux neigeux plus bas que la normale dans la région.
Photo : fournie par la ville de Merritt - Radio-Canada/Julie Landry
Le conseil municipal de Merritt prend les grands moyens pour conserver l’eau, à l’approche d’un été qui s’annonce particulièrement sec, notamment parce que le manteau neigeux est à 65 % de la normale. Les restrictions d’eau de niveau 3 sont déjà en vigueur, trois mois plus tôt qu’à l’habitude, et ceux qui ne les respecteront pas risquent de voir leur alimentation d’eau coupée.
Comme la ville de Merritt s’approvisionne en eau dans des aquifères, il est plus difficile de connaître exactement le niveau d’eau actuel que si elle provenait de réservoirs. Avec notre aquifère, c'est un jeu de devinette parce que nous ne savons pas vraiment ce qu'il contient
, explique le maire Michael Goetz. Nous sommes donc toujours prudents, car nous ne savons pas vraiment ce qu'il y a là-dessous.
La Ville de Merritt se prépare à faire face à un été chaud et sec.
Photo : Radio-Canada / Julie Landry
C’est la raison pour laquelle la Ville impose si tôt dans l'année le niveau 3 de restriction d’eau, qui limite entre autres l’arrosage automatique à deux jours par semaine, à des moments précis dans la journée. Le pari que fait la Ville est de réduire la consommation d’eau dès maintenant, pour ne pas avoir à imposer des restrictions encore plus sévères plus tard durant l'été.
Le maire de Merritt est persuadé que les résidents de sa ville respecteront les restrictions d'eau.
Photo : Radio-Canada / Frederic Gagnon
Le maire Goetz se dit très fier des efforts déployés par la population au cours des deux dernières années pour conserver l’eau, mais admet que le système d’amendes pour les récalcitrants n’a pas l’effet dissuasif escompté. Il a toutefois espoir que les restrictions seront respectées cette année.
Je ne pense pas que nous couperons l'eau à qui que ce soit. Je pense que tout le monde s'y conformera avec prudence, car les gens se préoccupent de la communauté et de la sécheresse qu'elle pourrait connaître.
Des réactions variées
Le maire admet que certaines personnes trouvent que les conséquences sont trop lourdes, même si la majorité des réactions qu’il a entendues étaient positives.
Diane Boston et sa fille Payton travaillent fort pour maintenir leur potager sur leur terrasse de Merritt, malgré les restrictions d'arrosage.
Photo : Radio-Canada / Julie Landry
Diana Boston, qui cultive un potager sur sa terrasse, voudrait bien que son gazon reste plus vert plus longtemps. Elle s’oppose aux restrictions, même si elle comprend les motivations de la Ville. Ce n'est pas très bon si l'on considère que tout le monde vient de reprendre ses activités de jardinage et que maintenant nous ne pouvons plus arroser
, dit-elle.
Si nous voulons arroser nos plantes, nous devons rester ici avec le tuyau d'arrosage pendant des heures. Ce n'est pas faisable, surtout pour les personnes âgées.
Diana Boston estime que tous les résidents devraient avoir accès à l’eau, en tout temps, notamment en cette période où il est encore possible de faire un petit feu dans sa cour arrière. Ils doivent avoir accès à l’eau
, s’indigne-t-elle. Elle s’engage malgré tout à respecter les restrictions.
Linda Warner a déjà décidé de n'arroser que ses fleurs et arbustes pour conserver de l'eau.
Photo : Radio-Canada / Julie Landry
Linda Warner, elle, est ravie des mesures prises par la Ville. Être proactif, c'est bien mieux que de réagir et je pense que cela va sensibiliser et aider tout le monde à conserver l'eau
, dit-elle.
Elle croit que la Ville fait bien de menacer de fermer l’eau à ceux qui ne respecteront pas les restrictions. Je pense que c'est une idée fantastique parce que les gens essaieront toujours d'étirer les règles et de les enfreindre
, affirme celle qui s'inquiète des feux de forêt cet été. Je pense que l'été ne sera pas très bon.
Les fermiers autour de Merritt se préparent
La Ville de Merritt n’est pas la seule dans la vallée Nicola à se préparer à faire face à la sécheresse et aux feux de forêt. Les fermiers de la région comme Al McKay-Smith, membre de la Nicola Watershed Community Round Table (NWCRT), un groupe qui se préoccupe de la santé du bassin versant de la rivière Nicola, font également les choses différemment cette année.
Cette année, contrairement aux années précédentes où nous avons eu trop d'eau, il n'y aura probablement pas assez d'eau. Nous essayons donc de nous y préparer
, explique le fermier, qui croise les doigts pour qu’il y ait des précipitations en juin, un mois souvent pluvieux.
Le fermier Al McKay-Smith a décidé d'irriguer ses terres plus tôt cette année pour faire face à une éventuelle sécheresse.
Photo : Radio-Canada / Julie Landry
Il travaille en ce moment pour gorger ses sols d’eaux, en prévision du temps sec. Notre permis d'utilisation de l'eau nous permet de commencer à arroser à partir du 1er avril, mais nous ne commençons généralement pas à irriguer nos terres avant le mois de mai
, explique-t-il.
Cette année, nous avons commencé à irriguer dès le début du mois d'avril et nous essayons d'injecter autant d'eau que possible dans le sol, car il s'agit avant tout de stocker l'eau.
Tout comme son groupe, NWCRT, il estime que la sensibilisation est la clé pour conserver l’eau et que les solutions trouvées à même la communauté sont souvent plus efficaces.
Le maire estime être bien préparé pour la saison des feux
Le maire de Merritt admet être anxieux à l’aube de la saison des feux de forêt, mais croit être bien entouré de pompiers et des équipes d’urgence prêts à agir rapidement.
Je suis donc persuadé que si nous sommes tous très prudents, si les interdictions de feux sont imposées au bon moment, si tout le monde prend soin de limiter sa consommation d'eau et si personne ne s'emballe avec le feu, je pense que nous nous en sortirons bien
, affirme-t-il. Mais le temps nous le dira.