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La science citoyenne à la rescousse du lac Winnipeg

Au-delà du Jour de la Terre, plusieurs citoyens travaillent inlassablement pour protéger les cours d'eau du Manitoba.

Deux femmes regardent un ruisseau.

Le ruisseau du parc Bruce fait partie du bassin du lac Winnipeg.

Photo : Radio-Canada / Trevor Lyons

Le réseau de surveillance communautaire du lac Winnipeg se préoccupe depuis de nombreuses années de la santé de ce plan d'eau face à la prolifération des algues, grâce à une veille citoyenne.

Le réseau fait appel à des personnes pour prélever des échantillons dans différents points d’eau au Manitoba.

Les échantillons sont ensuite analysés en laboratoire afin de mesurer la concentration en phosphore, un élément chimique qui contribue à la prolifération des algues dans le lac Winnipeg.

Depuis bientôt six ans, Carla Keast s’implique comme bénévole au sein de ce réseau tout au long de l'année au Manitoba, et pas seulement le Jour de la Terre.

Il ne s'agit pas d'un travail particulièrement cher, mais d'un engagement en termes de temps, explique-t-elle.

Une femme manipule une seringue dans un parc.

Carla Keast prélève 20 millilitres d'eau lors de son échantillonnage.

Photo : Radio-Canada / Trevor Lyons

Tous les deux jours, elle se rend dans un ruisseau du parc Bruce, dans l'ouest de Winnipeg, pour prélever des échantillons d'eau.

Lorsque la fonte printanière commence, je me rends sur place et je commence à surveiller l'écoulement de l'eau, explique-t-elle.

En descendant une bouteille en plastique attachée à une corde jusqu'au fond du ruisseau, elle recueille des données relatives à la contamination par le phosphore.

Elle explique que l'idée de pouvoir oeuvrer sur le plan local l'a incitée à s'engager dans ce projet de science citoyenne.

Ce travail est basé sur la science, ce qui est très important pour moi, et il aide les citoyens à contribuer à la recherche d'une solution à un grand problème, raconte-t-elle.

Une contamination humaine

L’apparition des algues est le résultat de l'eutrophisation, un processus entraîné par des quantités excessives de nutriments dans une masse d'eau, dont le phosphore.

La directrice générale de la Fondation du lac Winnipeg, Alexis Kanu, explique qu’une concentration élevée de phosphore a plusieurs effets néfastes sur l’écosystème aquatique du Manitoba.

Ils peuvent créer des zones sans oxygène dans le lac, ce qui réduit la capacité du lac à soutenir la vie aquatique, dit-elle.

Alexis Kanu sourit à la caméra.

Alexis Kanu est la directrice générale de la Fondation du lac Winnipeg, fondée en 2005.

Photo : Radio-Canada / Trevor Lyons

Il est dangereux de s'y baigner. Cela gâche complètement l'utilisation du lac.

Une citation de Alexis Kanu, directrice générale de la Fondation du lac Winnipeg

Ces algues peuvent parfois provoquer des effondrements dans la chaîne alimentaire tout en relâchant des toxines qui peuvent être dangereuses pour la santé humaine et animale, comme le rappelle Alexis Kanu

Ça a l'air d'une soupe. On dirait de la pâte à crêpes verte qui s'échoue sur le rivage. C'est dégueulasse. Ça pue, déclare Alexis Kanu.

Des problèmes politiques

Nora Casson, professeure à l’Université de Winnipeg et titulaire de la chaire de recherche du Canada sur les influences environnementales sur la qualité de l'eau, estime qu'il est difficile de contrôler les effets du phosphore en raison de l'activité humaine.

Il s’agit d’un élément très courant dans les engrais utilisés dans les jardins et les champs agricoles, ainsi que dans nos systèmes d'égouts, explique la chercheuse.

Le basin versant du lac Winnipeg.

L'ensemble de ce système dynamique s'appelle le bassin versant du lac Winnipeg. Il s'agit de l'un des plus grands bassins hydrographiques du monde, où vivent environ 7 millions de personnes.

Photo : Fournie par la Fondation du lac Winnipeg / Canadian Geographic

Elle ajoute que ces toxines sont introduites dans le lac Winnipeg à partir de diverses sources.

L'eau du lac Winnipeg provient de l'Alberta et de la Saskatchewan. Elle remonte du Dakota du Nord et traverse ensuite toutes les villes et les zones agricoles de cette région. Elle passe par divers ruisseaux et rivières et se jette finalement dans notre lac, dit-elle.

L'eau ne suit pas les frontières politiques.

Une citation de Nora Casson, Chaire de recherche du Canada sur les influences environnementales sur la qualité de l'eau

Pour relever ces défis, il faut une très, très bonne coopération entre les gouvernements et une élaboration très prudente des politiques.

Cela ne va pas s'améliorer du jour au lendemain. Les problèmes du lac Winnipeg sont le résultat de décennies de pollution. Nous devons donc nous attendre à ce qu'on mette de nombreuses années pour y remédier, ajoute Nora Casson.

Une scientifique dans un marais.

Nora Casson est professeure à l’Université de Winnipeg et la titulaire de la chaire de recherche du Canada sur les influences environnementales sur la qualité de l'eau.

Photo : Fournie par Nora Casson

Une solution locale

Alexis Kanu estime qu'il est possible de lutter contre la prolifération des algues à travers des solutions locales à petite échelle.

Elle explique que, en observant les petites sources d’eau qui se déversent dans le lac Winnipeg, comme le ruisseau dans le parc Bruce, les scientifiques sont en mesure d'identifier les zones qui produisent le plus de toxines.

Elle ajoute toutefois que c'est la participation individuelle de la population qui rend ce travail possible.

Nous avons des bénévoles qui collectent les données dont les gouvernements ont besoin pour prendre de meilleures décisions concernant notre eau, dit-elle.

Un ruisseau.

Le ruisseau du parc Bruce rejoint la rivière Assiniboine.

Photo : Radio-Canada / Trevor Lyons

Les gens veulent faire partie des solutions. Ils veulent faire quelque chose de tangible et de significatif pour protéger le lac Winnipeg.

Une citation de Alexis Kanu, directrice générale de la Fondation du lac Winnipeg

C’est d'ailleurs la raison principale pour laquelle Carla Keast s’est engagée auprès du réseau de surveillance communautaire du lac Winnipeg.

Elle estime que les petites actions menées par les citoyens peuvent avoir les effets les plus importants.

On me fait toujours sentir que mon travail est très, très précieux. De faire partie de la solution, c'est fantastique, se réjouit-elle.

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