Poilievre s’oppose à ce que « les ultrariches » paient leur juste part, dit Trudeau
Le premier ministre Justin Trudeau a défendu mercredi aux Communes le budget présenté par son gouvernement la veille.
Photo : La Presse canadienne / Adrian Wyld
Les conservateurs de Pierre Poilievre s'opposent à ce que « les ultrariches » paient leur « juste part », a accusé le premier ministre Justin Trudeau au lendemain du dévoilement d'un budget qui augmentera l'impôt sur le gain en capital pour une infime proportion de la population.
Les conservateurs ont déjà déclaré qu'ils voteraient contre ce budget. Ils voteront contre l'équité. Ils voteront contre le fait de demander aux ultrariches de payer leur part
, a affirmé M. Trudeau mercredi lors d'un discours devant le caucus libéral.
Or, selon lui, le plan présenté par sa ministre des finances, Chrystia Freeland, a pour objectif de bâtir de manière responsable
une économie juste pour tous
, particulièrement les jeunes.
Le budget de 535 milliards $, qui affiche un déficit de près de 40 milliards $ et aucun horizon de retour à l'équilibre, prévoit 8,5 milliards $ sur cinq ans pour accélérer la construction de millions de logements et 2,6 milliards $ pour les programmes d'aide aux étudiants et de bourses.
Ottawa paiera une partie de ses nouvelles dépenses grâce à une croissance économique meilleure que prévu, mais aussi avec des changements ciblés à l'impôt sur les gains en capital qui devraient rapporter plus de 19 milliards $ au cours des cinq prochaines années.
Ces modifications devraient toucher 0,13 % des Canadiens qui ont un revenu annuel moyen de 1,4 million $.
À l'heure actuelle, un multimillionnaire qui vide ses investissements peut payer un taux d'imposition plus bas sur ses revenus qu'un travailleur de la classe moyenne. Ce n'est pas juste. Nous allons donc le faire payer un peu plus.
Il a réitéré que la taxe ne s'appliquera pas aux résidences principales. Ainsi, 99,87 % des Canadiens ne paieront pas un sou de plus d'impôt
, a-t-il mentionné.
Poilievre réplique à Trudeau
Lors de la période des questions en après-midi, le chef conservateur a répliqué à M. Trudeau que c'est lui les ultrariches
.
Il a caché sa fortune familiale dans un fonds en fiducie à l'abri de l'impôt afin de ne pas avoir à payer les mêmes impôts que tout le monde, a lancé M. Poilievre. Il passe ses vacances avec les ultrariches sur leurs îles privées dans des endroits fiscalement avantageux où ils peuvent cacher leur argent et éviter de payer leur juste part ici au Canada.
Le chef du Parti conservateur du Canada Pierre Poilievre a qualifé Justin Trudeau d'ultrariche aux Communes, mercredi.
Photo : La Presse canadienne / Adrian Wyld
Et selon lui, ceux qui paieront pour cette orgie de 50 milliards $ de nouvelles dépenses inflationnistes
ne sont pas les milliardaires, mais bien vous
, les citoyens ordinaires qui peinent à joindre les deux bouts en raison des hauts taux d'intérêt et des taxes qu'impose le gouvernement.
Dans une réponse, M. Trudeau a estimé qu'alors que les conservateurs préfèrent les coupes et l'austérité
, son gouvernement choisit d'investir
dans les jeunes, les aînés et les emplois de l'avenir parce que c'est comme ça qu'on bâtit une économie plus forte
.
Le Bloc parle d'« ingérence »
Tout comme le Parti conservateur du Canada, le Bloc québécois a confirmé qu'il n'appuierait pas le budget. Son chef, Yves-François Blanchet, en a contre les nombreuses ingérences dans les compétences des provinces.
Les services de garde, l'assurance dentaire, l'assurance médicaments, les infrastructures municipales et le logement ne relèvent pas d'Ottawa, a-t-il énuméré.
Le chef du Bloc québécois Yves-François Blanchet n'appuiera pas le budget des libéraux.
Photo : La Presse canadienne / Adrian Wyld
M. Blanchet a déclaré aux journalistes que le budget n'est finalement qu'une opération à caractère électoral d'un gouvernement en panique
qui instrumentalise
la Constitution canadienne.
Les néo-démocrates refusent quant à eux de révéler s'ils voteront en faveur du budget, plaidant qu'ils ont encore des inquiétudes sur certains aspects en dépit des gains arrachés au gouvernement.
Le budget s'engage notamment à financer la première phase d'un régime national d'assurance médicaments et promet des normes fédérales pour les soins de longue durée – deux engagements que les libéraux avaient pris envers le Nouveau Parti démocratique.
Les jeunes se font arnaquer à l'épicerie et le savent. Ils voient Loblaw et Metro faire des profits records. Et le budget libéral d'hier ne fait rien pour régler ça. [...] Pourquoi le premier ministre prend encore le bord des PDG plutôt que celui des jeunes?
a demandé le chef du NPD, Jagmeet Singh, en Chambre.
Autrefois très populaires chez les jeunes, les libéraux ont vu l'appui de cette tranche d'électeurs s'amenuiser au profit des conservateurs, en grande partie parce que les jeunes ont le sentiment que les dés économiques jouent contre eux.