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Procès d’Umar Zameer : la théorie de la Couronne, « des mensonges », dit la défense

Umar Zameer est toujours assigné à résidence depuis qu'il a été libéré sous caution après son arrestation, moyennant une somme de 335 000 $.

Une illustration judiciaire du procès.

La défense d'Umar Zameer a été la première à présenter ses derniers arguments, parce qu'elle a appelé des témoins à la barre du procès, dont son client.

Photo : Radio-Canada / Pam Davies

La Couronne et la défense ont présenté, mercredi, leurs arguments finaux au jury au procès d'Umar Zameer après cinq semaines d'audience. L'individu de 35 ans est accusé du meurtre prémédité de l'agent Jeffrey Northrup, qu'il a happé avec sa BMW dans le stationnement souterrain de l'hôtel de ville de Toronto en 2021.

Le plaidoyer de la défense est un profond désaveu de la théorie de la Couronne, qu'elle accuse d'avoir bâti sa cause sur des hypothèses, des supputations et des mensonges.

L'avocat Nader Hasan croit que la mort de l'agent Northrup est un accident tragique indéniable et malheureux et que le policier de 55 ans a confondu Umar Zameer avec le suspect d'une attaque au couteau dans le quartier.

Ne confondez pas une tragédie à une injustice, implore-t-il le jury d'entrée de jeu. L'avocat parle d'une suite de circonstances malencontreuses que son client regrettera toute sa vie.

Une illustration judiciaire du procès.

Umar Zameer répond aux questions de son avocat, Nader Hasan, lors de son témoignage la semaine dernière.

Photo : Radio-Canada / Pam Davies

Il rappelle que son client a dit au procès qu'il regrettait de ne pas avoir quitté le centre-ville 5 minutes plus tôt ou plus tard, ce qui lui aurait évité de croiser la police à la place Nathan Phillips, où une agression au couteau venait de survenir.

Me Hasan ajoute que son client n'avait donc aucune intention criminelle la nuit du 2 juillet 2021 et qu'il ignorait même que les agents qui l'abordaient dans le garage étaient des policiers en civil.

Il pensait qu'on allait le voler – ou pire encore – lorsque les deux policiers à pied l'ont interpellé avant qu'une voiture de police banalisée ne lui bloque le passage, poursuit l'avocat.

Une illustration judiciaire du procès.

Umar Zameer refait devant le jury les gestes de l'agente Forbes la nuit où elle a frappé sur la vitre de sa BMW. Les procureurs Michael Cantlon et Karen Simone sont à gauche.

Photo : Radio-Canada / Pam Davies

L'avocat affirme que son client ignorait combien d'individus se trouvaient dans le véhicule, parce que les vitres étaient teintées, qu'il croyait qu'ils étaient des criminels et qu'il a eu peur pour la vie de sa femme enceinte et de son fils dans la voiture.

Me Hasan ajoute que le garage était désert, qu'il était mal éclairé et qu'il était bientôt minuit. L'atmosphère était sinistre, pensez-y, même dans des circonstances moins suspectes, ajoute-t-il.

L'avocat souligne que l'inquiétude, la peur et la crainte du danger sont des sentiments que tout le monde connaît.

Une  illustration judiciaire du procès.

Inconsolable, Umar Zameer avait livré à la cour un témoignage bouleversant la semaine dernière.

Photo : Radio-Canada / Pam Davies

Il précise que les procureurs ont été incapables dans ce procès de répondre à une question évidente mais que tout le monde se pose : Pourquoi un père de famille s'en prendrait à des policiers?, s'interroge-t-il. Ça n'a pas de sens, répond-il.

Me Hasan assure que son client se serait arrêté s'il avait su qu'ils étaient des policiers et qu'il n'aurait pas fui la scène comme il l'a fait à toute vitesse.

Il ne savait même pas qu'il avait écrasé la victime à cause des angles morts de la BMW, poursuit-il.

Une illustration judiciaire du procès.

La cour lui avait accordé deux moments de répit pour qu'il se ressaisisse durant son témoignage.

Photo : Radio-Canada / Pam Davies

Il ajoute que les policiers ne se sont même pas comportés comme leur dicte le protocole, parce qu'ils ont frappé le véhicule de son client de leur poing et qu'ils hurlaient de sortir de sa BMW.

Tout citoyen s'attendrait à ce que la police agisse de façon responsable, dit-il.

L'avocat rappelle que son client n'avait rien à se reprocher et qu'il était en droit, selon la loi, de partir.

Une illustration judiciaire de l'interrogatoire de l'agente Forbes.

La procureure Karen Simone interroge l'agente Lisa Forbes; l'agent Northrup est à l'écran en tenue de civil la nuit de sa mort et l'accusé en bas à gauche.

Photo : Radio-Canada / Pam Davies

Me Hasan précise par ailleurs que les trois policiers qui ont été témoin de la collision mortelle, les agents Forbes, Correa et Pais, ont menti au procès et qu'ils ont conspiré pour que leur témoignage soit cohérent en écrivant leurs notes ensemble ou en visitant le garage 18 jours après la tragédie.

La Couronne n'aura pas prouvé le meurtre prémédité si vous ne croyez pas ces trois agents, explique-t-il en rappelant que les policiers avaient dit que la victime avait été happée de face et non sur le côté de la BMW.

Il laisse entendre que les policiers ont beau jeu de prétendre ce qu'ils avancent, puisque leur témoignage ne peut être corroboré par la caméra de surveillance dont l'angle est obstrué par une colonne en béton du garage.

Une illustration judiciaire du procès.

L'expert en collision de la défense, Barry Raftery, répond aux questions de l'avocat d'Umar Zameer, qui se trouve entre lui et la juge.

Photo : Radio-Canada / Pam Davies

Me Hasan rappelle que les experts en collision ont confirmé que l'agent Northrup avait été percuté d'abord sur le côté de la voiture et que rien ne prouve qu'il ait été blessé voire tué sur le coup.

Il assure en revanche que le témoignage de son client au procès était honnête.

Il n'existe aucune raison de ne pas le croire, dit-il, expliquant que son client avait fait marche arrière devant le véhicule de police banalisé et qu'il a perdu de vue à ce moment-là l'agent Northrup sur sa gauche.

Une illustration judiciaire du procès.

Barry Raftery est ingénieur mécanique de formation.

Photo : Radio-Canada / Pam Davies

L'avocat explique que le policier est tombé après avoir été touché lorsque la BMW a fait marche arrière et qu'il était devenu invisible à cause de l'angle mort du capot, lorsqu'il a été broyé par son client qui quittait les lieux.

Sa femme a d'ailleurs pensé qu'ils venaient de rouler sur un dos d'âne du stationnement, dit-il, précisant qu'il était justifié de faire marche arrière pour se dégager parce que le véhicule de police banalisé lui bloquait l'accès.

Mon client a tenté d'éviter de percuter les deux agents qui étaient près de la voiture, conclut-il, ajoutant que son client ne roulait ni vite ni de façon erratique.

Me Hasan demande donc au jury de l'acquitter sur toute la ligne.

Réplique finale de la Couronne

D'entrée de jeu, la Couronne a demandé au jury de laisser toute sympathie de côté et d'examiner les preuves factuelles qui ne sont pas des hypothèses.

La mort de l'agent Northrup est tragique, mais elle aurait pu être évitée peu importe les circonstances dans lesquelles se trouvait l'accusé, affirme la procureure Karen Simone.

Me Simone ajoute qu'Umar Zameer a choisi de ne pas répondre aux policiers en civil qui voulaient l'interroger au sujet de l'attaque au couteau.

Une illustration judiciaire du procès.

Le procureur de la Couronne, Michael Cantlon, contre-interroge l'expert Barry Raftery.

Photo : Radio-Canada / Pam Davies

Elle rappelle que l'accusé a verrouillé les portières de sa voiture et qu'il n'a même pas baissé sa vitre pour parler à la victime et à sa coéquipière.

La procureure affirme que la peur d'Umar Zameer et de son épouse était injustifiée, parce que les deux policiers qui les interpellaient à pied n'étaient pas armés et qu'ils s'étaient dûment identifiés. Le garage était en outre bien éclairé.

Son comportement et ses manœuvres de conduite ont eu des conséquences fatales, déclare-t-elle.

Elle reconnaît que le meurtre prémédité ne pourra être prouvé si le jury croit qu'Umar Zameer ignorait qu'il faisait affaire à des policiers.

Une illustration du procès.

L'expert en collision, cette fois de la Couronne, le sergent-détective Jeff Bassingthwaite, témoigne au procès d'Umar Zameer (assis à côté de ses avocats en bas à l'extrême-gauche).

Photo : Radio-Canada / CBC

Or, elle soutient que l'agente Forbes a bien montré son insigne de policière et qu'elle a baissé sa garde lorsqu'elle s'est aperçue qu'elle avait affaire à une jeune famille.

Elle lui a donné le bénéfice du doute et elle a même cru à une incompréhension due à la langue, ajoute-t-elle.

La procureure invite le jury à considérer l'option du meurtre non prémédité, s'il ne croit pas au meurtre prémédité, parce que plusieurs facteurs pourraient aussi le suggérer.

M. Zameer a fait le choix délibéré de s'enfuir en sachant que le policier Northrup était devant lui en levant les bras pour se préparer à l'impact, explique-t-elle.

Elle rappelle que l'agent Northrup était lourd, grand et de taille corpulente et qu'il ne pouvait passer inaperçu.

Une illustration judiciaire du procès.

La juge Anne Molloy, de la Cour supérieure de l'Ontario, continuera à donner ses instructions aux jurés jeudi matin avant de les laisser à leurs délibérations.

Photo : Radio-Canada / Pam Davies

La procureure relève en outre que le garage était dépourvu de dos d'âne et que l'accusé s'en était rendu compte lorsqu'il avait garé sa BMW dans le garage.

Il est impossible que M. Zameer n'ait pu voir ni sentir que la victime était sous son véhicule, poursuit-elle en précisant que tout conducteur se serait arrêté pour voir sur quoi il venait de rouler.

À défaut de le reconnaître coupable de meurtre, la procureure suggère au jury l'homicide involontaire, parce qu'il ne s'agit pas d'un cas de légitime défense selon elle.

Les actions de M. Zameer étaient imprudentes et sa conduite dangereuse peut donc être associée à un homicide involontaire, conclut-elle.

Elle précise qu'il n'y avait pas de trafic dans le garage à cette heure de la nuit et qu'il a redémarré à toute vitesse, à 30 km/h, bien au-delà de la vitesse permise et qu'il conduisait de façon imprévisible.

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