L’Alberta promet un nouveau modèle de rémunération des médecins de famille « compétitif »

La ministre de la Santé, Adriana LaGrange, a présenté, mercredi, le « squelette » du nouveau modèle de compensation pour les médecins de famille qui bonifiera le modèle actuel de paiement à l’acte. Toutefois, plusieurs composantes restent encore à négocier.

Les médecins sont actuellement rémunérés en fonction des actes prodigués. Or, certains patients ont des besoins complexes et nécessitent plus d'heures de travail que d'autres. Ces heures n'aboutissent pas nécessairement à un service facturable.

Le nouvel accord devrait ainsi permettre aux médecins d'être rémunérés sur la base d'autres éléments, en plus de la rémunération par acte, comme le nombre de patients qu'ils voient et le nombre d'heures qu'ils travaillent.

Mes collègues me racontent qu’ils étudient des analyses de laboratoire à 22h. [Dans ce modèle], le temps et la charge administrative sont compensés.

La complexité [des cas] sera prise en compte, assure Adriana LaGrange, ajoutant que le nombre de patients minimal pour être admissible à ce modèle est en négociation avec l'Association médicale albertaine (AMA).

Il s'agira d'un investissement historique dans les soins de médecine familiale dans la province, a déclaré le président de l’AMA, Dr Paul Parks.

Les montants des compensations sont encore à déterminer.

La porte-parole de l’opposition officielle en matière de santé, Dr Luanne Metz, déplore que ce nouveau modèle de rémunération ne soit pas encore finalisé. Nous savons que des propositions [complètes] de coûts ont été présentées au ministère au cours du premier trimestre 2023, mais ils sont toujours en train de discuter et de planifier.

De leur côté, la ministre de la Santé et le Dr Parks s’entendent pour dire que le gros du travail a été fait.

On s’attend à ce que le nouveau modèle soit mis en place à l’automne prochain.

Le sentiment d’avoir été entendu

« Nous ne connaissons pas encore les détails du nouveau modèle, convient Alexandre Grant, qui représente les étudiants en médecine de l'Université de l'Alberta, mais s'il existe une option autre que le paiement à l'acte qui reconnaît réellement que les médecins de famille travaillent beaucoup en dehors du temps qu'ils passent avec le patient [...] je pense que c'est une bonne chose ».

Peu de mes confrères sont intéressés par la médecine familiale , avoue l'étudiant en deuxième année de médecine.

L’Association des étudiants en médecine a réalisé un sondage auprès de 250 étudiants. Il en ressort que le modèle de rémunération et le fardeau administratif sont les deux facteurs qui rebutent le plus ces étudiants à se diriger vers ce type de spécialité.

Alexandre Grant croit que l’annonce de mercredi montre que le gouvernement a écouté les préoccupations de la communauté médicale.

Nous ne sommes pas formés pour être des entrepreneurs , dit l’étudiant. Ce n’est pas facile d’être omnipraticien, et si ce modèle peut rendre la tâche plus facile, ça fera une grande différence.

Médecins avec moins de patients

Bien que le Dr Parks voie d’un bon œil l’annonce de mercredi, il soutient que les médecins généralistes en milieu rural ou les omnipraticiens qui ont un plus petit bassin de patients pourraient cesser d'offrir des soins complets importants, s'ils sont laissés de côté.

Plus tôt en avril  (Nouvelle fenêtre)(en anglais), la province a commencé à distribuer une aide financière de 200 millions de dollars annoncée en décembre 2023 pour soutenir les omnipraticiens. 

Toutefois, pour avoir accès à cette aide financière, les médecins doivent avoir au moins 500 patients.

Ce minimum a suscité des critiques, notamment de la part de l'opposition néo-démocrate. Adriana LaGrange a déclaré que son objectif était d'inciter ces médecins à prendre en charge plus de patients.

Le gouvernement estime que 700 médecins de famille dans la province ont moins de 499 patients, et qu’environ 600 000 personnes n'auraient pas de médecin de famille.

On ne sait pas encore si le nouveau modèle de rémunération contiendra une exigence similaire.

Nous continuons à travailler sur ce point avec l'Association médicale de l'Alberta, a déclaré Adriana LaGrange.

Un comité de révision des tarifs composé de représentants de Services de Santé Alberta et de l'AMA aidera à formuler des recommandations à la ministre l'automne prochain.

Nous sommes déterminés à agir le plus rapidement possible, a déclaré Adriana LaGrange.

Plus de médecins en Alberta, dit la ministre

La province prévoit une croissance démographique importante cette année et affirme que le nombre de médecins qui pratiquent en Alberta est également en hausse.

Entre mars [2023] et [mars 2024], nous avons accueilli 500 médecins, dont 215 sont des médecins de famille ou des médecins généralistes en milieu rural, affirme la ministre.

Cette année, l’AMAavait sondé les médecins omnipraticiens.

On y apprenait que quatre médecins sur dix avaient répondu qu’ils ne pensaient pas que leur clinique pourrait rester ouverte une année de plus dans l'état actuel du système de santé.

Or, avec ce nouveau modèle, Adriana LaGrange promet un système de rémunération compétitif qui attirera plus de médecins omnipraticiens dans la province.