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Souscrire à une assurance vie, un tabou pour certains immigrants

Des lampions de toutes les couleurs dans une église.

La mort d'un être cher peut engendrer des dépenses pour les funérailles.

Photo : Radio-Canada / Mélissa Paradis

Alors que de nombreux Canadiens d’origine immigrante sont habitués à la solidarité communautaire lors d’un décès dans leur famille, la plupart d’entre eux ont du mal à se défaire de cette pratique et souscrire à une assurance vie dans leur pays d’accueil.

Une assurance vie (Nouvelle fenêtre) peut donner de l’argent à la famille lors de la mort d’un proche. Ce type d’assurance est limité ou inexistant dans la plupart des pays africains en raison des risques plus élevés d’insécurité, selon Albin Ntunga qui travaille dans le milieu des assurances.

L’assurance vie est tout d’abord un problème de communication. C’est aussi un problème culturel, explique Eric Bende, originaire de la République démocratique du Congo .

Eric Bende assis.

Ertic Bende n'a jamais pris d'assurance vie dans son pays d'origine, mais compte sous peu y souscrire.

Photo : GABRIEL NIKUNDANA

Là d’où nous venons [...], la mort est un phénomène qui ne concerne pas seulement une famille ou la personne elle-même, mais c’est plutôt un phénomène qui concerne toute la communauté. Quand quelqu’un meurt chez moi, la mort est vraiment soutenue, explique-t-il.

Eric Bende est arrivé au Canada en 2023. Il n’a pas encore souscrit à une police d’assurance vie.

Si on n’est plus en vie, c’est toute la communauté, les milieux professionnels, les milieux mêmes ecclésiastiques qui vont mettre la main dans la poche pour contribuer à l’enterrement.

Une citation de Eric Bende, originaire de la République démocratique du Congo.

Voilà pourquoi vous constaterez que la plupart d’entre nous n’ont pas souscrit à cette assurance vie, dit-il.

David Mboli avec une casquette regarde à la caméra.

Selon David Mboli, il y a aussi un manque d’informations générales sur l’assurance vie.

Photo : GABRIEL NIKUNDANA

David Mboli a immigré au Canada en 2008. L’assurance vie est secondaire par rapport aux autres besoins essentiels dans sa vie au quotidien, dit-il.

Moi, personnellement, je n’ai pas accordé beaucoup d’importance à souscrire à cette assurance-là, même si l’irréparable peut arriver. Mais, je ne m’estime pas éternel, explique David Mboli, arrivé au Canada depuis 2008.

La réalité de chez nous n’est pas la réalité d’ici. Il n’y a peut-être pas suffisamment de sensibilisation autour de cette assurance vie.

Une citation de David Mboli

Au-delà des problèmes financiers et des barrières culturelles, le manque de communication constitue également une autre difficulté à souscrire à l’assurance vie, fait remarquer Amadou Ba, historien, chercheur, écrivain et chargé de cours à l’Université Nipissing.

Après la mort, ce n’est pas leur problème

Albin Ntunga est conseiller en sécurité financière et en assurances depuis de nombreuses années. Il affirme que plus de 90 % de ses clients sont de nouveaux arrivants.

Albin Ntunga

« Parler de la mort appelle la mort me disent certains », explique Albin Ntunga.

Photo : Albin Ntunga

Il y en a qui me disent qu’après leur mort, ce n’est plus leur problème, explique M. Ntunga. Ils sont peu nombreux, heureusement, se réjouit-il.

Selon M. Ntunga, il n’est pas assez facile de convaincre certaines personnes qui pensent beaucoup plus à leurs factures mensuelles qu’à ce qui va arriver après leur mort.

Ce n’est pas facile. Lorsque les gens voient que tu insistes, ils finissent par te donner raison, conclut-il.

Changement de perception au sein des familles

David Mboli a été agréablement surpris d’apprendre que ses enfants ont pris une assurance à son insu.

Ils [ses enfants) prévoient le pire pour dire que si ce monsieur meurt aujourd’hui ce serait notre affaire. Notre honneur sera mis en jeu. Il faudrait vraiment essayer d’assurer son départ d’une façon honorable. C’est l’explication que je donne à leur initiative, croit-il.

De son côté, Vera Mokbel, originaire du Liban, n’avait pas pensé à ce type d’assurance avant qu’elle s’installe au Canada en 2016.

J’ai souscrit à l’assurance vie pour que mes enfants puissent en bénéficier quand je quitterai ce monde, dit-elle.

 Vera Mokbel regarde la caméra

« Le futur est toujours quelque chose d'abstrait », explique Vera Mokbel.

Photo : GABRIEL NIKUNDANA

Étant une mère monoparentale, elle pense toujours à la sécurité financière de ses enfants.

Je suis seule ici avec mes enfants. Je ne suis avec aucune autre personne. Si mes enfants ont besoin de quelque chose, qui vont-ils contacter, se demande-t-elle.

Au Liban, il y a la famille, les amis, la grande communauté. Quand la mort frappe, tout le monde cotise.

Une citation de Vera Mokbel, originaire du Liban

Eric Bende est de son côté déterminé à bien s’intégrer et épouser les pratiques de son pays d’adoption.

Nous sommes dans un nouvel environnement et un nouveau milieu. Aujourd’hui, je suis même prêt d’aller payer mon assurance vie, affirme-t-il.

Pour lui, l’assurance vie permet de mettre la famille à l’abri de certaines dépenses qui entourent les funérailles après votre vie.

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