Des médecins préoccupés par le sort des nourrissons dans les services néonatals

Dans une lettre ouverte, une association de médecins d’Edmonton affirme que les unités de soins intensifs néonatals de la province, et particulièrement celles de la capitale albertaine, sont confrontées à un manque persistant de lits qui met en danger les bébés vulnérables.

Selon l'association Edmonton Zone Medical Staff, alors que la capacité d'accueil d'un service de néonatalogie oscille entre 80 et 85 % pour les cas d'urgence, à Edmonton, elle a atteint 95 à 102 % durant le tiers du temps entre janvier et mars.

Cela met les bébés en danger, souligne-t-elle dans une lettre adressée à la ministre de la Santé, Adriana LaGrange, et à la présidente-directrice générale de Services de santé Alberta, Athana Mentzelopoulos.

D’après l'association, la situation est d’autant plus préoccupante qu’elle contraint les infirmières à s’occuper de trop de bébés à la fois, ce qui fait que certains enfants souffrant d'insuffisance pondérale ne peuvent pas manger à temps. La situation est devenue si critique que des décès de nourrissons pourraient s'ensuivre.

Selon la lettre, la plupart des unités de soins néonatals ne sont pas aménagées de manière à permettre aux parents de passer la nuit avec leur enfant. Ainsi, seuls 2 des 69 lits de l'unité de soins intensifs néonatals de l'Hôpital Royal Alexandra sont dans des chambres individuelles.

L'association ajoute qu’il y a neuf chambres pour les soins aux parents, mais que la plupart d'entre elles sont semi-privées.

Bouleversée, Adriana LaGrange promet des solutions

Interpellée mardi au sujet de la lettre, la ministre LaGrange l'a qualifiée de très bouleversante, étant mère et grand-mère.

Il n'y a rien de plus pénible que d'avoir un enfant malade ou un bébé qui doit être hospitalisé dans une unité de soins intensifs néonatals.

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Elle dit avoir demandé à la santé publique de la province de lui fournir une description complète de la situation, afin de déterminer quelles sont les options et comment on peut remédier à la situation le plus rapidement possible.

Parmi les solutions envisagées figure l’évacuation médicale vers d’autres villes de la province ou même vers d’autres provinces. Si nous devons transporter ces bébés ou leurs familles vers d'autres villes ou d'autres provinces, je suis prête à faire tout ce qu'il faut pour m’assurer que les bébés sont bien soignés, a dit la ministre.

L’opposition horrifiée

La cheffe néo-démocrate Rachel Notley a déclaré qu'il était horrifiant d'apprendre que des familles d'Edmonton devaient désormais s'inquiéter de savoir si leurs nouveau-nés pouvaient être soignés en toute sécurité.

Le fait que la ministre songe à envoyer des bébés en soins intensifs néonatals à l'extérieur de la province pour qu'ils y soient soignés est un aveu d'échec du gouvernement du Parti conservateur uni.

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Les autorités admettent le besoin de lits

Je sais que l’augmentation du nombre de lits est nécessaire dans toute la province et notamment à Edmonton, a admis Mme LaGrange.

Services de santé Alberta reconnaît également qu’il y a un manque de lits à travers la province, mais estime qu’il n'y a pas péril en la demeure. Le taux d'occupation oscille entre 90 % et un peu plus de 100 %, mais encore une fois, nous avons de la capacité, a affirmé son porte-parole, Kerry Williamson, dans une déclaration diffusée mardi après-midi.

D’après lui, mardi, à midi, il y avait 9 lits disponibles dans la zone d'Edmonton, 14 dans la zone de Calgary, 7 à Red Deer, 7 dans la zone sud et 3 à Grande Prairie.

Kerry Williamson a ajouté que, en période de forte affluence, les équipes de toute la province travaillent ensemble pour s'assurer que les enfants reçoivent les soins dont ils ont besoin.

Selon la lettre, le nombre de lits dans les unités de soins néonatals d’Edmonton est resté le même depuis sept ans, alors que des rapports avaient laissé entendre que 20 à 30 lits [de plus] étaient nécessaires en 2016.

Sur fond de hausse démographique

La lettre mentionne par ailleurs que les médecins d'Edmonton craignent qu'il y ait de graves conséquences s'ils ne parviennent pas à répondre à la demande de places, surtout au moment où l'Alberta connaît une forte croissance démographique, due notamment au dynamisme de l'immigration, notamment l'immigration interprovinciale.

Alexandra Howlett, médecin en néonatalogie à Calgary, note en ce sens que beaucoup de personnes parmi les nouveaux arrivants sont de jeunes familles dont certaines viennent d'endroits où les soins de santé sont très instables.

Nous sommes préoccupés par le fait qu'il n'y a pas assez de planification pour se préparer à cet afflux de personnes qui viennent dans la province.

D'après elle, les services de soins intensifs néonatals de la province comptent environ 300 lits répartis entre le nord et le sud de la province, dont 126 lits répartis dans 5 unités de Calgary.

Avec des informations d'Anne-Marie Trickey