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Le prêtre Johannes Rivoire, accusé d’agressions sexuelles, est décédé

Portrait de Johannes Rivoire.

L'oblat français Johannes Rivoire était accusé d'avoir agressé sexuellement des enfants à Naujaat et à Rankin Inlet, au Nunavut. Cette image le montre à Arviat, en 1979.

Photo : Bibliothèque et Archives Canada

Le prêtre Johannes Rivoire, accusé d’agressions sexuelles sur des enfants inuit, est mort, jeudi, des suites d’« une longue maladie », confirment les Oblats de Marie-Immaculée (OMI).

L’homme de 93 ans qui vivait à Lyon, en France, faisait face depuis longtemps à des accusations de nature sexuelle pour des faits qui se sont déroulés lorsqu'il travaillait au Nunavut.

Nous sommes conscients que cette nouvelle sera un coup dur pour de nombreuses personnes, en particulier les survivants et leurs familles qui avaient milité pour qu’il soit traduit devant la justice au Canada, a déclaré le porte-parole de la congrégation des Oblats de Marie-Immaculée (OMI), Ken Thorson, dans un échange de courriels.

Des allégations confirmées lors d'une enquête indépendante

Au mois de mars, le juge québécois à la retraite André Denis a rendu publiques les conclusions de son enquête indépendante visant à faire la lumière sur la manière dont les allégations avaient été traitées au sein de la communauté ecclésiastique. Cette enquête avait été demandée par les Oblats des provinces du Canada et de France.

Le juge retraité a conclu que Johannes Rivoire avait commis les agressions sexuelles sur cinq enfants mineurs à Naujaat, au Nunavut, entre les années 1968 et 1970, et sur une enfant mineure à Arviat et à Whale Cove entre 1974 et 1979.

Trois chefs d’accusation pour agressions sexuelles avaient été déposés contre le prêtre en 1998. Il avait aussi fait l’objet d’un mandat d’arrestation, mais avait refusé de revenir au Canada. Ces accusations avaient toutefois été abandonnées en 2017 puisque la Couronne doutait de pouvoir obtenir sa condamnation.

Un homme sur une photo en noir et blanc.

Johannes Rivoire est arrivé au Nunavut dans les années 60 et il est reparti en France en 1993.

Photo : Courtoisie : Lieve Halsberghe

De nouvelles accusations accompagnées d’un mandat d’arrestation ont été déposées en 2022. Sa communauté tentait depuis lors d’obtenir son retour au Canada afin qu’il soit traduit en justice. Ils avaient notamment demandé aux autorités de la congrégation à Rome d’entreprendre des procédures de renvoi contre le prêtre Rivoire.

La même année, les Oblats de Marie-Immaculée du Canada et de la France avaient en effet demandé aux autorités de la congrégation à Rome d’entreprendre les procédures de renvoi contre Johannes Rivoire, après son refus de rentrer au Canada pour faire face aux accusations pesant contre lui.

Nous regrettons sincèrement que Rivoire ne se soit jamais rendu disponible et qu’il ne fasse jamais face aux accusations portées contre lui, et ce, malgré tous les efforts [des survivants], affirme Ken Thorson. Nous regrettons que les efforts déployés pour qu’il soit officiellement démis de ses fonctions de prêtre aient, ultimement, échoué.

Aucune des accusations contre Johannes Rivoire n’a donc été prouvée en cour.

« Le combat n’est pas fini »

Lorsqu’il a appris la nouvelle, Jack Anawak, un ami proche de l’une des victimes présumées, a affirmé ressentir une forme d’engourdissement. Il décrit un sentiment doux-amer, qui oscille entre soulagement et tristesse, dit-il, puisque ce décès laisse aussi place à une impression d’affaire inachevée.

Je ne suis pas certain de ce que sera l’impact sur ses victimes [présumées], qui cherchaient à obtenir justice, [car] nous avons travaillé pendant si longtemps pour le ramener au Canada ou le voir être poursuivi en France, dit-il.

Jack Anawak, à Iqaluit, au Nunavut, le 26 juin 2023.

Jack Anawak, ex-politicien et survivant d'un pensionnat pour Autochtones, a dédié des décennies de sa vie à faire la lumière sur les mauvais traitements commis au pensionnat Turquetil Hall de Chesterfield Inlet.

Photo : CBC / Dustin Patar

J’espère [que ses victimes présumées] pourront obtenir de l’aide pour gérer tout ça, parce que c’est encore un enjeu important pour elles.

Une citation de Jack Anawak, militant et proche d’une des victimes alléguées

Le président de l’organisme national inuit, Inuit Tapiriit Kanatami (ITK), Natan Obed, est pour sa part catégorique : Même si [Johannes Rivoire] a désormais échappé à la justice sur Terre, nous savons que ce n'est pas la fin du combat, non seulement pour ses victimes, mais aussi pour tous ceux qui demandent encore justice, dit-il. 

Il souhaite surtout que le gouvernement canadien et l’Église catholique en fassent davantage pour rendre justice aux victimes présumées.

Le cas de [Johannes Rivoire] n’est qu’un exemple au sein d’un système d’abus sexuels perpétrés contre des enfants inuit.

Une citation de Natan Obed, président, Inuit Tapiriit Kanatami
Natan Obed, le soleil sur le visage devant la basilique St-Pierre au Vatican

Natan Obed croit que le gouvernement canadien et l’Église catholique n’en ont pas fait assez pour rendre justice aux victimes alléguées de Johannes Rivoire.

Photo : Radio-Canada / Marie-Laure Josselin

La militante belge Lieve Halsberghe, qui s'est impliquée dans la cause au fil des ans, estime, elle aussi, que le dossier n’est pas clos, puisque de nombreux autres oblats font également l’objet d’allégations d’abus sexuels.

Elle cite l’exemple de l’ancien prêtre Eric Dejaeger, reconnu coupable de plusieurs dizaines d'accusations d’agressions sexuelles envers des enfants du Nunavut et de l’Alberta.

Nous devons creuser dans les documents et écrire l’histoire exactement comme elle s’est déroulée, pour que la vérité puisse être mise en lumière. Il n’y a que la vérité pour aider à la guérison des familles et des communautés.

Avec des informations de Kate Kyle, Juanita Taylor et Natalie Pressman

Pour obtenir de l’aide :

  • La ligne téléphonique d'aide aux anciens résidents des pensionnats autochtones et aux personnes qui sont touchées par les pensionnats offre un appui émotionnel et fournit des références pour l'obtention de services d'aide. Elle est offerte 24 heures sur 24, au 1 866 925-4419.
  • La ligne d’aide Nunavut Kamatsiaqtut   (Nouvelle fenêtre)offre du soutien 24 heures sur 24 à des Nunavummiut qui sont en situation de crise. Le service est offert au téléphone (1 800 265-3333) en anglais et en inuktitut, selon l’heure de la journée.
  • La ligne d’Espace Mieux-Être Canada (Nouvelle fenêtre) offre du soutien en santé mentale aux adultes (1 866 585-0445) et aux jeunes (1 888 668-6810), 24 heures sur 24.
  • La Ligne d'écoute d'espoir pour le mieux-être  (Nouvelle fenêtre)apporte une aide immédiate à tous les membres des peuples autochtones, avec des conseillers sensibilisés aux réalités culturelles, au téléphone (1 855 242-3310) ou par clavardage. De l'aide est également offerte sur demande en cri, en ojibwé ou en inuktitut.

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