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Le projet de Métaux Torngat à Sept-Îles suscite de l’inquiétude

Trois personnes assises à une table donnent une conférence.

Une cinquantaine de citoyens étaient présents lors de la séance d'information de Métaux Torngat au palais des congrès de Sept-Îles

Photo : Radio-Canada / Alban Normandin

L’entreprise minière Métaux Torngat a dû répondre aux questions et aux inquiétudes de nombreux citoyens jeudi soir au Palais des Congrès de Sept-Îles, dans le cadre d'une séance d’information sur son projet d’usine de traitement de terres rares. Le traitement d’éléments radioactifs, l’écoulement de polluants dans la nappe phréatique et l'entretien du parc de résidus à proximité d'espaces verts étaient au cœur des préoccupations de plusieurs citoyens.

Sept-Îles et la Côte-Nord sont en voie de se positionner comme leaders dans la transition énergétique, a expliqué le vice-président et responsable des relations et partenariats communautaires, Éric Luneau, lors de la présentation du projet.

Il était accompagné de Christine Burow, directrice du marketing, et de Sylvie St-Jean, vice-présidente environnement, lors d'une période de questions de 45 minutes.

Trois représentants de la minière Métaux Torngat parlent au micro.

Éric Luneau (à gauche), Christine Burow (au centre) et Sylvie St-Jean (à droite).

Photo : Radio-Canada / Alban Normandin

Ils ont dû répondre aux nombreuses préoccupations des citoyens au sujet du projet d’usine de transformation de terres rares que l’entreprise Métaux Torngat envisage dans le secteur du parc industriel Arnaud à Sept-Îles.

Après avoir demandé à Québec de suspendre temporairement la procédure d’évaluation d’impacts de son projet en janvier dernier, en raison du manque d’acceptabilité sociale, l’entreprise dit être retournée à la planche à dessin et souhaite maintenant aller de l’avant avec un projet renouvelé et moins dommageable sur l'environnement.

Les inquiétudes et les interrogations des citoyens demeurent

Malgré les explications de la vice-présidente Sylvie St-Jean concernant l’atténuation des risques de contamination de la nappe phréatique et des nouvelles mesures de sécurité envisagées par l’entreprise, plusieurs citoyens ont fait valoir leurs préoccupations quant au projet.

Une citoyenne tient un micro et pose une question.

Cette citoyenne a interrogé l'entreprise à savoir si des particules de résidus de terres rares allaient être présentes dans l'air.

Photo : Radio-Canada / Alban Normandin

La présence d’éléments radioactifs tels que l’uranium et le thorium dans les terres rares qui seront traités à l’usine, ainsi que l'entreposage des résidus dans un parc d’enfouissement à proximité de l’usine, étaient deux des inquiétudes que plusieurs citoyens ont mentionnées lors de la période de questions.

Une citoyenne, qui s’est présentée comme étant une professionnelle de la santé, a dit être inquiète quant à l’impact à long terme sur la santé des Septiliens et des communautés autochtones vivant à proximité de la future usine. D'autres se sont dits peu satisfaits des réponses de l’équipe de Métaux Torngat concernant la fiabilité et la faisabilité des technologies présentées.

Plusieurs citoyens autour d'une table écoute une dame poser une question.

Une citoyenne juge que l'entreprise n'avait pas encore réussi à répondre à ses questions, notamment au sujet des technologies qu'utilisera l'entreprise Métaux Torngat.

Photo : Radio-Canada / Alban Normandin

Les terres rares englobent 17 minéraux qualifiés de critiques, parce qu’ils sont essentiels à la fabrication d’éoliennes, de batteries pour les voitures électriques et d’aimants permanents.

À Strange Lake, on retrouve notamment du néodymium, du praséodyme, du terbium et du dysprosium. Les gisements de terres rares contiennent naturellement des éléments radioactifs, comme le thorium et l’uranium.

L’entreprise défend son bilan préliminaire

Interrogée sur la présence de matière radioactive, la vice-présidente environnement de Métaux Torngat, Sylvie St-Jean, a défendu à maintes reprises les évaluations de risques de l'entreprise.

Les données nous disent qu’on serait dans les niveaux les plus faibles pour ce qui est des matières radioactives naturelles. […] Mais on les prend très au sérieux.

Une citation de Sylvie St-Jean, vice-présidente environnement de Métaux Torngat

L’entreprise prévoit aussi des inspections quotidiennes du parc qui servira pour entreposer les résidus générés par l’usine de traitement.

Afin de surveiller l’écoulement d’eau provenant de ses résidus, qui pourrait s’infiltrer dans la nappe phréatique environnante, Métaux Torngat affirme que des détecteurs seront installés sous le parc à résidus. Les résidus, sous forme de matière sablonneuse, seront aussi recouverts de ciment et de membranes étanches.

Maquette virtuelle de la raffinerie de Sept-Îles.

Maquette de la raffinerie de Sept-Îles.

Photo : Capture d'écran

Dans le but de minimiser la consommation en eau de l’usine, Métaux Torngat entend utiliser les eaux usées de la ville de Sept-Îles. Ça reste une proposition, concède Sylvie St-Jean.

À l’usine, l’eau serait recyclée continuellement, en circuit fermé, afin d'empêcher la contamination des cours d'eau et de la nappe phréatique. Il en va de même pour les puissants acides qui seront utilisés pour séparer les différents composants de terres rares.

Québec meilleure mine reste à convaincre

Ces arguments laissent dubitative la Coalition Québec meilleure mine, en entrevue vendredi à Bonjour la Côte.

Pour le porte-parole Rodrigue Turgeon, le discours du promoteur relève de l’écoblanchiment.

Il dit que c’est une solution à la crise climatique, tout en écartant les autres applications industrielles qui n’ont rien à voir avec la lutte contre la crise climatique, critique-t-il.

Si Métaux Torngat assure que l’écoulement d’eau dans la nappe phréatique provenant de ses résidus pourra être évité, Rodrigue Turgeon reste sur ses gardes. Il nous faut des preuves, des démonstrations scientifiques. L'eau est souvent la première victime dans le secteur minier.

À la lecture des informations, on ne peut pas soutenir le développement de ce projet dans sa phase actuelle.

Une citation de Rodrigue Rurgeon, porte-parole de Québec meilleure mine

Mais Métaux Torngat démontre une ouverture à bien faire les choses. On veut améliorer le projet avec la population, assurent les représentantes.

Un échéancier à long terme

Pour l’instant, l’entreprise envisage de débuter une étude d’impacts environnementale (EIA) au courant de l’année, suivi d’un BAPE en 2025. Une étude de faisabilité sera aussi effectuée la même année. Selon les estimations de l'entreprise, l'usine devrait être opérationnelle à la fin de 2027.

Métaux Torngat soutient que le complexe industriel générera 280 emplois à long terme, en plus des 200 emplois générés à la mine de Strange Lake, à la frontière de Terre-Neuve-et-Labrador.

L'entreprise attend toujours de savoir si elle obtiendra l'un des blocs énergétiques attribués par le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie pour combler ses besoins énergétiques de 70 mégawatts.

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