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Des superinfirmières pourront prendre en charge des patients en première ligne

Une infirmière au chevet d'une patiente.

Les infirmières praticiennes spécialisées auront plus d'autonomie et pourront prendre en charge des patients en première ligne à compter de lundi prochain.

Photo : Envato

À compter de la semaine prochaine, les infirmières praticiennes spécialisées en soins de première ligne pourront prendre en charge des patients qui n’ont pas de médecin de famille, a annoncé jeudi le ministre de la Santé du Québec, Christian Dubé.

Cette mesure procurera l’autonomie nécessaire aux superinfirmières pour agir sans la supervision d’un médecin. Jusqu’à présent, seuls les médecins pouvaient prendre en charge les personnes inscrites au guichet d’accès à un médecin de famille (GAMF).

Il s’agit d’une disposition prévue par la Loi visant à augmenter l’offre de services de première ligne et à améliorer la gestion de cette offre, qui a été adoptée au printemps 2022.

On est dans la bonne direction pour améliorer l’accès des Québécois [aux soins de première ligne], a affirmé M. Dubé. Et je pense que ça valorise beaucoup le métier d’infirmière de façon générale, particulièrement celui d’infirmière spécialisée.

Le ministre a évoqué le changement de paradigme entrepris il y a deux ans avec l’adoption du projet de loi 11 pour délester les médecins en première ligne. On ne peut pas mettre juste la pression sur les médecins; il faut aussi impliquer les autres professionnels de la santé. C’est le premier gros changement du projet de loi et [la nouvelle de ce matin], c’est une résultante.

Le principe qu’on a voté et que le Collège des médecins a accepté [...], c’est que ce n’est pas seulement les médecins. L’important, c’est le bon professionnel pour le bon patient.

Le ministre de la Santé du Québec, Christian Dubé, en mêlée de presse.

Le ministre de la Santé du Québec, Christian Dubé.

Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy-Roussel

La nouvelle mesure permettra aux infirmières praticiennes spécialisées (IPS) en soins de première ligne d’assurer le suivi des patients. Depuis 2021, les superinfirmières peuvent aussi faire des diagnostics et des plans de traitement pour traiter certains problèmes médicaux tels le diabète, l'hypertension, l'asthme et les maladies pulmonaires obstructives chroniques.

Ses pouvoirs renforcés lui permettront d’agir en complémentarité avec les médecins de famille. Déjà, selon les statistiques évoquées par le ministre Dubé, l’infirmière spécialisée n’a pas besoin d’un médecin pour 95 % des cas qui lui sont présentés.

Le ministère de la Santé prévoit que chaque infirmière spécialisée pourra prendre en charge de 250 à 800 patients, selon son expérience. J’ai quand même 1000 infirmières spécialisées dans les cliniques. Alors 1000 infirmières qui prennent 800 patients, ça commence à être intéressant, a dit M. Dubé.

Le reportage de Aimée Lemieux.

Un accueil positif

L'annonce de jeudi réjouit la présidente de l’Association des infirmières praticiennes spécialisées du Québec (AIPSQ), Christine Laliberté.

C’est une bonne nouvelle, ça fait longtemps qu’on l’attendait, a-t-elle réagi en entrevue à l’émission Tout un matin, sur ICI Première.

Ça change la donne : ce n’est plus nécessairement un médecin de famille pour tout le monde, ça peut aussi être une infirmière praticienne, ajoute-t-elle. Mais c’est quelque chose qui va se faire progressivement. Ça va aller en fonction du développement des cliniques d’infirmières praticiennes, entre autres.

Jusqu’à présent, on compte 11 cliniques d’infirmières praticiennes spécialisées au Québec. Le ministre Dubé a annoncé jeudi que huit autres ouvriront leurs portes cette année.

L’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) accueille aussi favorablement les nouvelles mesures.

On réagit très positivement, car ça va dans le sens d’améliorer l’accès à la population aux soins de première ligne, a affirmé Luc Mathieu, président de l’OIIQ.

M. Mathieu est convaincu que le nouveau rôle des superinfirmières contribuera à désengorger le réseau de la santé. Selon lui, la prochaine étape sera de former plus de superinfirmières et de les intégrer dans les groupes de médecine familiale (GMF).

Au Québec, on a moins d’infirmières praticiennes spécialisées (IPS) qu’ailleurs au Canada. Il faudrait qu’il y en ait plus et il faut qu’on ouvre ça [l’organisation des soins] pour que ce soit des équipes de proximité. Il faut des cliniques de proximité dans lesquelles il y a des IPS et des mécanismes de collaboration avec les autres professionnels de la santé : médecins, pharmaciens, ergos, physios, travailleurs sociaux…, explique M. Mathieu.

Qualifications et limites

À compter de lundi prochain, les infirmières praticiennes spécialisées pourront donc inscrire des patients sans médecin de famille dans les GMF. Elles pourront aussi assurer la prise en charge et le suivi pour une variété de problèmes dans les cliniques d’infirmières spécialisées.

Que ce soit du diabète, l'hypertension, des douleurs, une problématique suite à un accident de travail, l’infirmière praticienne peut le faire. C’est quand la complexité augmente qu’on a besoin de faire appel à un collègue médecin pour nous aider à compléter certaines interventions, explique Christine Laliberté, présidente de l’Association des infirmières praticiennes spécialisées du Québec (AIPSQ).

Mais à la base, l'infirmière praticienne peut travailler longtemps avec les gens avant d’avoir besoin de faire appel au médecin. Ça va réduire la charge qu’on met sur les médecins quand ce n’est pas nécessaire.

Pour les problèmes de santé plus spécialisés et les problèmes de santé mentale, l’intervention du médecin sera encore nécessaire.

Si on rencontre une personne en sans rendez-vous qui a besoin d’un suivi et d’un certificat médical pour l’assureur pour un trouble de santé mentale, ça prend un diagnostic et on n’a pas le droit de le poser. C’est des travaux qui sont en cours et qu’on espère voir débloquer d’ici la fin de l’année, précise Mme Laliberté.

Ces derniers mois, l’OIIQ et l’AIPSQ ont rencontré des associations d’assureurs pour les sensibiliser au travail des superinfirmières. Certains assureurs insistent encore pour que les certificats médicaux soient délivrés par des médecins pour procéder à des remboursements.

Si certains assureurs ou patients se questionnent sur la capacité des superinfirmières à jouer un plus grand rôle en première ligne, Luc Mathieu, lui, n’a aucun doute.

Les infirmières praticiennes sont prêtes. En termes de formation, c’est la plus costaude qu’on trouve au Canada, conclut le président de l’OIIQ.

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