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Ottawa augmente ses dépenses militaires, mais rate la cible de l’OTAN

Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, saluant des militaires, le 8 avril 2024, sur la base de Trenton en Ontario.

Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, saluant des militaires, le 8 avril 2024, sur la base de Trenton en Ontario.

Photo : La Presse canadienne / Sean Kilpatrick

Changements climatiques, invasion russe de l’Ukraine, rôle perturbateur de la Chine dans l’Indo-Pacifique… Face aux menaces grandissantes auxquelles fait face le Canada, le gouvernement de Justin Trudeau va augmenter ses dépenses militaires de 8,1 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années et de 73 milliards supplémentaires d’ici 20 ans.

Avec sa nouvelle stratégie de défense nationale, dévoilée lundi, en vue du budget qui doit être déposé la semaine prochaine, le gouvernement fédéral compte consacrer 1,76 % du produit intérieur brut (PIB) aux dépenses militaires d'ici 2029-2030, une hausse par rapport aux dépenses actuelles qui représentent 1,33 % du PIB.

Ces nouvelles dépenses restent toutefois en deçà de la cible de financement de 2 % du PIB fixée pour tous les partenaires de l’OTAN.

Lors d'une conférence de presse sur la base militaire de Trenton, en Ontario, le premier ministre Justin Trudeau s'est défendu en affirmant que son gouvernement avait doublé le budget du ministère de la Défense nationale entre 2016 et 2026.

Quand on a pris le pouvoir en 2015, le Canada dépensait autour de 1 % de son PIB en défense sous les conservateurs en 2014. Donc à partir de ce moment-là, on a commencé à investir beaucoup plus dans les Forces armées canadiennes.

Une citation de Justin Trudeau, premier ministre du Canada

Budget fédéral 2024

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La vice-première ministre et ministre des Finances, Chrystia Freeland, est vue lors d'une conférence de presse, à Ottawa, le mardi 5 décembre 2023.

Nous allons continuer de nous assurer que les Canadiens et les FAC ont les équipements et les ressources nécessaires pour protéger le Canada et pour faire notre part au sein des organisations internationales comme le NORAD ou l'OTAN, a encore dit le premier ministre.

Aucune date n'a toutefois été arrêtée pour atteindre l'objectif de l'OTAN, a précisé plus tôt dans la journée un représentant du ministère de la Défense nationale lors d'une séance technique d'information à l'intention des médias, tout en affirmant que la stratégie de défense nationale devrait être renouvelée tous les quatre ans.

Le gouvernement fédéral rappelle, par ailleurs, que les initiatives annoncées dans le cadre de cette nouvelle stratégie de défense mettront le Canada sur la voie de dépasser l’objectif de l’OTAN visant à consacrer 20 % du budget de la Défense aux dépenses d’équipement de grande envergure.

Le Canada envisage notamment d’augmenter ses capacités militaires pour assurer la sécurité dans l’Arctique, alors que de plus en plus de pays convoitent ses richesses dévoilées par la fonte des glaces. Pour refléter l'importance de l'Arctique dans sa nouvelle stratégie, le document de 48 pages est d'ailleurs intitulé Notre Nord, fort et libre.

Parmi les nouvelles capacités que veut acquérir Ottawa, on trouve des sous-marins, des aéronefs à longue portée et des missiles hypersoniques qui se déplacent plus rapidement et sont plus difficiles à détecter.

La part du lion de ces nouvelles dépenses ira ainsi à la modernisation des équipements militaires des Forces armées canadiennes au cours des cinq prochaines années, mais aussi à la réfection des infrastructures militaires vieillissantes déjà existantes et à l’amélioration des processus de recrutement.

Quelques chiffres sur les dépenses en dollars canadiens au cours des cinq prochaines années :

  • Maintien en puissance des navires militaires, notamment les navires de patrouille extracôtiers et de l’Arctique : 1,9 milliard
  • Approvisionnement et production de munitions : 1,7 milliard
  • Amélioration du renseignement et des cyberopérations du Canada, avec la mise en place prochaine d’un cybercommandement pour « maximiser l’efficacité du Canada dans le cyberespace » : 917 millions
  • Renforcement de la capacité de lancement de missiles à longue portée : 400 millions
  • Achat d’hélicoptères tactiques pour répondre aux catastrophes naturelles et aux situations d’urgence sur l’ensemble du territoire : 17 millions

Le gouvernement libéral mise par ailleurs dans sa stratégie sur le recrutement de nouveaux effectifs militaires et le maintien des effectifs actuels en promettant de nouveaux investissements dans le but d'améliorer leur qualité de vie, notamment en ce qui concerne la santé et le soutien aux familles, comme les services de garde et le logement.

L’état de préparation au combat des Forces armées canadiennes a fait l'objet de critiques récemment avec la fuite, début mars, d'un document interne de la Défense nationale obtenu par CBC News.

Selon ce document daté du 31 décembre 2023, seulement 58 % des effectifs des Forces armées canadiennes seraient en mesure de répondre à un appel urgent des alliés de l’OTAN en cas de crise.

Pire encore, le rapport nous apprend que 45 % des équipements militaires canadiens réservés à la défense de l’Europe font face à des défis et sont considérés comme indisponibles et inutilisables.

À la fin de 2023, le document indique qu'il manquait 15 780 membres aux effectifs des FAC, un chiffre qui englobe à la fois les éléments réguliers et les éléments de réserve.

En septembre 2023, le chef d’état-major de la Défense, le général Wayne Eyre, a déclaré devant le Comité permanent de la défense nationale de la Chambre des communes qu’Ottawa avait demandé au ministère de la Défense de réduire ses dépenses de près d’un milliard de dollars sur quatre ans.

Une responsable du ministère de la Défense nationale a précisé lundi aux médias que ces réductions s'appliquaient toujours, affirmant que le ministère continuera de s'assurer que les fonds seront dépensés de façon responsable et efficace.

Malgré la cible de financement de 2 % du PIB non atteinte par le Canada, le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, s’est félicité de l'annonce d'Ottawa concernant l'augmentation des dépenses de défense.

[Cette] augmentation des ressources permettra au Canada de mieux assurer la dissuasion et la défense dans le nord-ouest de notre Alliance, en particulier dans l'Arctique, [mais aussi] à l'est, grâce au leadership du Canada au sein du groupement tactique de l'OTAN en Lettonie, et de mieux soutenir l'Ukraine.

Une citation de Jens Stoltenberg, secrétaire général de l'OTAN

Sur le plan international, les États-Unis ont salué la nouvelle stratégie de défense canadienne.

Les engagements financiers fermes contenus dans la mise à jour de la politique représentent certains des investissements les plus importants dans les dépenses de défense de l'histoire récente du Canada, a déclaré dans un communiqué l’ambassadeur des États-Unis au Canada, David L. Cohen. Passer de 1,33 % à 1,76 % d’ici 2029-2030 constitue un réel progrès, et nous sommes également encouragés par les assurances que nous avons reçues quant à des investissements supplémentaires.

Au Canada, le Parti conservateur a quant à lui minimisé ces nouveaux investissements, affirmant qu’il s’agit de nouvelles promesses à briser. Ces annonces ne compensent pas les années de négligence [de Justin Trudeau] qui ont laissé nos militaires dans un état de délabrement, a déclaré dans un communiqué James Bezan, porte-parole conservateur en matière de Défense nationale.

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