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Excédés, des dizaines d’agriculteurs manifestent en tracteur à Saint-Jean-sur-Richelieu

Sébastien Rainville à bord de son tracteur.

Sébastien Rainville, de Sainte-Sabine, s'inquiète pour l'avenir du secteur agricole.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Plus d'une centaine de producteurs agricoles de la Montérégie ont convergé vers Saint-Jean-sur-Richelieu au volant de leurs tracteurs vendredi non seulement pour réclamer davantage de soutien financier de la part du gouvernement Legault mais aussi pour dénoncer l'ajout constant de normes environnementales qui compliquent leur travail.

Sébastien Rainville est exaspéré. [Québec] nous demande tout le temps plus de choses à faire pour les normes, soupire-t-il. Comme plusieurs de ses camarades, ce jeune agriculteur de Sainte-Sabine se dit préoccupé par l'adoption, en avril 2022, du projet de loi 102, dont certaines dispositions entreront en vigueur l'an prochain.

La nouvelle réglementation obligera notamment les agriculteurs comme lui à obtenir une prescription agronomique s'ils veulent continuer à utiliser des semences enrobées de pesticides, une démarche longue et coûteuse à laquelle il devra néanmoins se plier, ses terres étant vulnérables aux ravages du ver fil-de-fer.

Le projet de loi 102, poursuit M. Rainville, aura aussi pour effet d'obliger les agriculteurs à entreposer leurs semences enrobées dans un espace de rangement fermé à clé, comme n'importe quel autre pesticide.

La semence, jusqu'à maintenant, on la mettait dans le garage, mais là, il va falloir que ça change, explique-t-il. Il va falloir mettre ça dans des endroits sécurisés, comme n'importe quel pesticide. C'est juste qu'une palette de semences, c'est plus dur à mettre [sous clé] que trois ou quatre bidons de Roundup, mettons.

Une file de tracteurs.

Des dizaines de tracteurs ont défilé au centre-ville de Saint-Jean-sur-Richelieu vendredi.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Ces nouvelles normes, malgré leur bien-fondé, alourdissent grandement le travail des agriculteurs, qui doivent en outre composer avec la lourdeur administrative, la bureaucratie et la paperasse que leur impose le gouvernement du Québec, soutient le président de la Fédération de l'Union des producteurs agricoles (UPA) de la Montérégie, Jérémy Letellier.

On n'a qu'à penser au Code de sécurité routière, aux permis qu'il faut aller chercher, aux obligations en matière de machinerie agricole... Juste comprendre les programmes du ministère de l'Agriculture, ce n'est pas toujours évident non plus, donc il y a beaucoup de choses qui sont à améliorer là-dedans, illustre-t-il.

Certes, le premier ministre Legault répète depuis des mois qu'il faut réduire la bureaucratie en général et s'assurer en particulier d'une certaine réciprocité entre les normes imposées aux producteurs d'ici et celles en vigueur à l'extérieur de la province.

Mais à un moment donné, il va falloir que les bottines suivent les babines, soutient M. Letellier.

Jérémie Letellier tient une pancarte qui porte la mention « Moins de paperasse ».

Le président de la Fédération de l'UPA de la Montérégie, Jérémie Letellier, affirme que ses membres sont pris à la gorge par les mesures bureaucratiques imposées par le gouvernement du Québec.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Québec, de son côté, fait valoir que des changements se préparent non seulement pour venir en aide financièrement au secteur agricole – qui, de l'aveu même de François Legault, vit une crise actuellement – mais aussi pour alléger la bureaucratie.

Le gouvernement, par exemple, a annoncé en février dernier avoir entrepris, en collaboration avec l'UPA et les différentes filières agricoles, un important exercice visant à réduire le fardeau réglementaire et administratif des agriculteurs québécois.

Et les fruits de cette réflexion pourraient bien se retrouver dans un projet de loi plus vaste, prévu pour l'automne 2024, a indiqué la députée d'Iberville, Audrey Bogemans, lors d'une mêlée de presse organisée vendredi en marge du rassemblement de Saint-Jean-sur-Richelieu.

Jérémy Letellier s'inquiète néanmoins. C'est bien beau de nous dire : "On va regarder ça, on va essayer de diminuer votre paperasse", mais c'est quand même des règlements qu'eux-mêmes ont adoptés! souligne-t-il.

Une petite fille fait semblant de conduire un tracteur miniature.

L'ambiance était gaie vendredi à Saint-Jean-sur-Richelieu, malgré la crise qui sévit dans le secteur de l'agriculture depuis quelque temps.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Le rassemblement de vendredi avait été organisé pour réclamer une aide gouvernementale accrue et pour sensibiliser la population aux pressions économiques, territoriales, climatiques et environnementales inégalées auxquelles les agriculteurs font face.

Des activités similaires sont également prévues à Vaudreuil-Dorion le 10 avril et à Saint-Hyacinthe le 12 avril.

Ces manifestations s'inscrivent dans le cadre d'une action nationale qui s'est déjà fait entendre dans plusieurs autres régions administratives ces dernières semaines, notamment dans la Capitale-Nationale, en Mauricie, au Saguenay–Lac-Saint-Jean et dans le Bas-Saint-Laurent.

Cette campagne, chapeautée par l'UPA, se déroule de manière ordonnée, contrairement à la révolte des agriculteurs français, qui a fait les manchettes partout sur la planète en raison des barrages établis sur les routes du pays cet hiver.

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