Explosion en 2022 : Eastway Tank et son propriétaire condamnés à verser 850 000 $

L’entreprise Eastway Tank a été condamnée à une amende de 750 000 $ et son propriétaire Neil Greene à une amende de 100 000 $, vendredi en fin de journée, en lien avec l'explosion du 13 janvier 2022 qui a causé la mort de six travailleurs. Le juge a imposé la sentence recommandée par les deux parties.

L’entreprise et son propriétaire avaient plaidé coupable plus tôt dans la journée à trois accusations pénales.

Ils faisaient l’objet de poursuites en vertu de la Loi sur la santé et la sécurité au travail.

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L'amende imposée à Eastway Tank est la plus élevée jamais infligée à une entreprise de cette taille dans l’histoire de la Loi sur la santé et la sécurité au travail de l’Ontario.

Celle imposée à son propriétaire est l’une des plus importantes à être imposée à une personne accusée en vertu de cette loi.

Aucune sanction ne peut ramener les victimes à la vie, a déclaré le juge Mitch Hoffman lorsqu’il a rendu sa décision.

Le juge a indiqué qu'il avait pris en compte l'absence de condamnation antérieure en matière de santé et sécurité au travail pour le propriétaire et l’entreprise. Il a également considéré le niveau élevé de remords exprimé par Neil Greene lors de son plaidoyer.

Le magistrat a qualifié la sanction de tout à fait appropriée et a déclaré qu'elle devrait servir d'avertissement aux autres entreprises.

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Neil Greene était présent au palais de justice d’Ottawa vendredi, dans la salle d’audience. Il était représenté par ses deux avocats, Donald Bayne et Kirstin Macrae. Le ministère a quant à lui confié le dossier à David McCaskill et à Daniel Kleiman.

Pas suffisamment de précautions

Kayla Ferguson, Rick Bastien, Etienne Mabiala, Danny Beale et Russell McLellan, employés d'Eastway Tank, ont perdu la vie le 13 janvier 2022. Un sixième employé, Matt Kearney, est mort à l'hôpital, le lendemain.

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Un exposé conjoint des faits d’une dizaine de pages relatant, détail par détail, tout ce qui s’est déroulé le jour de la tragédie a été lu dans la salle d’audience vendredi matin.

On y apprend que les avocats de la Couronne et de la défense ont convenu que Neil Greene et Eastway Tank ont admis avoir omis de s'assurer que le carburant diesel utilisé pour les tests humides (wet test en anglais) des camions-citernes n'était pas contaminé par de l'essence ou tout autre liquide ou toute substance inflammable.

L'entreprise a également plaidé coupable de ne pas avoir pris les précautions nécessaires afin de protéger ses employés.

Des familles brisées

À la suite de la reconnaissance de culpabilité, les proches des victimes ont, tour à tour, lu une déclaration.

La mère de Daniel Beale, Jean Schade, a raconté qu’elle était encore aujourd’hui très émotive. Elle ne peut plus regarder des émissions ou des films où il y a des feux ou des explosions. Elle a aussi dit que, parfois, elle voit un homme avec une carrure semblable à celle de son fils marcher dans la rue, et elle croit qu’il s’agit de son fils toujours vivant.

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La femme et les enfants d’Etienne Mabiala ont ensuite lu une déclaration, rappelant à quel point leur maison était remplie d’amour jour après jour.

Il était aimé de tous, il était un travailleur acharné, voulant toujours améliorer la vie de sa famille. Même après 31 ans de mariage, il était toujours un mari dévoué et romantique, a écrit sa veuve, Edmonde Nathalie Pombo.

Sa fille Celeste a raconté à quel point sa sœur Darlene et elle ont également eu beaucoup de difficulté à accepter la mort de leur père, en plus d’énumérer toutes les conséquences de sa disparition.

Je demande toujours [à mes proches] une confirmation par texto qu’ils sont arrivés à destination. Je le fais parce que je connais le sentiment d’apprendre qu’un être cher ne rentrera pas à la maison ce soir, a expliqué Celeste avec beaucoup d’émotion et de courage.

Plus tard, elle a admis que sa sœur avait eu des pensées suicidaires. Assis dans la salle, Neil Greene a semblé émotif en écoutant les témoignages des Mabiala.

Des membres des familles des autres victimes ont enchaîné les déclarations. De fil en aiguille, l’émotion se faisait de plus sentir dans la salle. Même le juge Mitch Hoffman a essuyé quelques larmes.

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Le fils de Rick Bastien, Joshua, dit avoir perdu [s]on père et [s]on meilleur ami le 13 janvier 2022. Dans les jours qui ont suivi, sa consommation d’alcool, de drogues et de médicaments a augmenté. Il a raconté avoir choisi de se prendre en main afin de rendre son père fier. Lui-même un ancien employé d’Eastway, il s’est aussi réfugié dans le travail.

À cause de cette tragédie, je ne pourrai plus jamais voir mon père. Je ne vais jamais être en mesure de l’accepter. [...] Il ne pourra plus jamais me faire un câlin. Je ne pourrai plus aller à la pêche ou en camping avec lui.

Sa sœur, Tracy, a pris la parole, racontant qu’elle prend maintenant des médicaments pour soigner sa dépression et son anxiété.

Je fais également de la thérapie, de l’insomnie et j’ai subi un trouble de stress post-traumatique.

La veuve de Rick Bastien, Louise Martel, a elle-même admis qu’elle n’allait jamais plus être la même personne en raison de la perte de l’amour de sa vie. Le matin du 13 janvier 2022, je ne me sentais pas bien. J’ai demandé à Rick de rester à la maison avec moi. Il a insisté pour aller au travail, car il y avait beaucoup d’ouvrage. Pendant longtemps, je me suis blâmée pour ne pas avoir insisté.

Avec les informations de Mama Afou, d’Anne-Charlotte Carignan et de Guy Quenneville, de CBC News