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Un Torontois veut ériger une statue de la première dame de l’histoire d’Haïti en France

Gravure montrant la famille Louverture dans son domicile.

Il n'existe aucun portrait de Suzanne Louverture, tout juste des gravures comme celle-ci, qui la montrent avec Toussaint accueillant leurs enfants à leur retour de leurs études en France.

Photo : Radio-Canada / Gracieuseté de Gabriel Osson

L’histoire est écrite par les vainqueurs, dit l'adage, et ils oublient parfois de faire de la place aux femmes dans leur récit. Le hasard s’est chargé de l’apprendre au canado-haïtien Gabriel Osson.

L’auteur torontois était à un mariage en France lorsqu’un voisin de table lui apprend que Suzanne-Simone Baptiste-Louverture, dite Suzanne Louverture, épouse du héros de l’indépendance de Saint-Domingue à l'époque, était enterrée à quelques kilomètres.

Gabriel Osson se prend de passion pour le personnage de Suzanne, jusqu’à y consacrer un livre à paraître prochainement, fruit d’un travail de terrain de plusieurs années. Un parcours du combattant, parce qu'aucun des documents ne se trouvait à un seul endroit, et qui l’a vu traverser la France en long en large et en travers.

Gabriel Osson au micro.

L'auteur torontois Gabriel Osson s'est pris de passion pour la vie de Suzanne Louverture.

Photo : Radio-Canada / Hamza Abouelouafaa

Un projet de statue pour honorer sa mémoire

Au gré de son enquête, l'auteur se rend compte de la double peine subie par Suzanne Louverture : d'abord l'exil forcé avec ses enfants vers la France, puis l'invisibilisation dans les livres d'histoire. Mais Suzanne a quand même été quelque part au sein même de toute cette bataille de la révolution des esclaves à Saint-Domingue, objecte l'auteur.

Manifeste.

Manifeste du débarquement du vaisseau le "Héros" dans lequel la famille Louverture est arrivée en France.

Photo : Radio-Canada / Gracieuseté de Gabriel Osson

Sur la plantation de son mari, c'est elle qui est aux commandes lorsqu'il est au front : elle recevait les personnes qui revenaient du front, elle les soignait, les nourrissait, avant qu'elles puissent prendre leurs forces et retourner au combat.

Finalement, le sort de Suzanne Louverture est semblable à celui de beaucoup d'autres femmes impliquées dans la lutte pour la liberté à Haïti et dont les manuels d'histoire ont fait abstraction, explique le Torontois.

Si elle n'était pas la femme qu'elle était, Toussaint ne serait jamais devenu l'homme qu'il est.

Une citation de Gabriel Osson, auteur et conférencier

À mesure que Gabriel Osson se familiarise avec le passé de la première dame d'Haïti, émerge un autre projet : mettre sur pied une mission de reconnaissance, rassembler 100 000 dollars et faire ériger une statue à Agen, la ville où Suzanne Louverture est décédée, loin de son île natale.

L'idée couve déjà depuis quelques années dans cette ville située dans le département du Lot-et-Garonne, dans le sud-ouest de la France. Elle est portée par Sylvie Pourcel, dont la relation avec Haïti remonte à des dizaines d'années.

La comédienne, conteuse et directrice artistique d'une compagnie de théâtre s'y est rendue plusieurs fois pour des projets culturels et entretient des amitiés sur place, notamment avec un sculpteur local, Woodly Caymitte. C'est lui qui sera chargé d'imaginer l'œuvre. De l'imagination, il en aura besoin. En effet, mis à part quelques gravures, aucun portrait de Suzanne n'existe.

Jusqu'à ce jour, je n'ai jamais été capable de mettre la main sur une vraie image ou un vrai portrait de Suzanne

Une citation de Gabriel Osson, auteur et conférencier

Plus aucune trace de son passage à Agen

Si la famille Louverture est demeurée dans la région, aujourd'hui le cimetière où se trouvait la tombe de Suzanne et de son fils n'existe plus. Une gare a été construite dessus, effaçant toute trace de son passage. On a déplacé les ossements dans l'actuel cimetière, mais sans faire de tombe, sans faire d'ossuaire marqué avec les noms, indique Sylvie Pourcel.

On pensait faire une statue debout ou assise sur le banc et avec son fils, qu'elle tient dans sa main.

Une citation de Sylvie Pourcel, comédienne

Si les historiens ont beaucoup écrit sur l’exil de Toussaint Louverture en France, peu se sont intéressés à sa femme et à ses enfants, eux aussi déportés à bord du même bateau, le Héros.

Une fois arrivée en Bretagne, la famille est séparée, Toussaint Louverture est envoyé dans le département du Doubs, où il trouve la mort quelques mois plus tard. Le reste de la famille est donc envoyé à Agen, où Suzanne finira sa vie en 1816, dans le dénuement et l'oubli.

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