La sécheresse, un risque pour les agriculteurs, mais aussi pour les contribuables
Les conditions météorologiques extrêmes ont affecté les agriculteurs d'un bout à l'autre du pays ces dernières années.
Photo : Radio-Canada / Cory Herperger
La pression qu'exercent les changements climatiques sur le secteur agricole dans les Prairies aura une incidence sur le contribuable canadien, et selon des experts, cette situation peut faire hausser les primes d’assurance ou grever le budget de certaines provinces.
Ces derniers estiment que les conditions météorologiques extrêmes ont affecté les agriculteurs d'un bout à l'autre du pays ces dernières années.
En Saskatchewan par exemple, la sécheresse de l'année dernière a mis à rude épreuve la production agricole.
Cela a entraîné une baisse de près de 11 % de la production d'une année à l'autre, obligeant le gouvernement provincial à dépenser près de 1,2 milliard de dollars de plus que prévu.
Pour l'année à venir, la province prévoit un budget de 431,7 millions de dollars pour les programmes de gestion des risques, soit une hausse de 5,8 % par rapport à l'année précédente.
Selon la province, il s’agit d'une mesure en réponse aux conditions météorologiques et pédologiques difficiles auxquelles sont confrontés certains producteurs
.
Ce n'est pas la première fois que la sécheresse bouleverse les finances de la province
En 2021 par exemple, les agriculteurs de la Saskatchewan ont connu l'une des plus fortes baisses de production de l'histoire de la province (47 % d'une année à l'autre) en raison de conditions extrêmes de chaleur et de sécheresse.
En Saskatchewan, la sécheresse de l'année dernière a eu pour conséquence une baisse de près de 11 % de la production d'une année à l'autre, obligeant le gouvernement provincial à dépenser près de 1,2 milliard de dollars de plus que prévu.
Photo : Radio-Canada / Emilio Avalos
En Alberta, Agriculture Financial Services Corp, la société d'État a versé 2,1 milliards de dollars en 2021 et 552 millions de dollars pour la campagne agricole 2022, la sécheresse étant la principale cause de perte pour la grande majorité de ces sinistres.
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Pour la campagne agricole 2024, l'Alberta indique que les agriculteurs peuvent s'attendre à des primes d'assurance récolte plus élevées.
Nous allons voir plus de sécheresses, plus de ravageurs, les rendements ne seront pas aussi bons
, affirme le directeur du Centre Simpson de l'Université de Calgary, Guillaume Lhermie.
Plusieurs leviers d’aide pour les agriculteurs
Au Canada, l'assurance récolte est offerte aux agriculteurs de toutes les provinces pour les aider à couvrir les pertes de production.
Au-delà de l'assurance récolte, le Canada dispose également d'un cadre fédéral-provincial-territorial d'aide en cas de catastrophe.
Ce dispositif peut être déclenché lorsque les agriculteurs doivent faire face à des coûts exceptionnels
, tels que les coûts d'alimentation supplémentaires que les éleveurs de l'ouest du pays ont dû payer ces dernières années en raison de la sécheresse qui a asséché leurs pâturages.
Au cours de la période de trois ans se terminant le 31 décembre 2023, plus de 1,4 milliard de dollars ont été versés aux producteurs canadiens sous forme d'aide du programme Initiatives Agri-relance.
Tout en saluant ces différents programmes d’aide, le président de la Fédération canadienne de l'agriculture (FCA), Keith Currie, souligne que les phénomènes météorologiques violents deviennent si courants qu'il faudrait repenser l'ensemble de ces soutiens.
En effet, des financements comme Initiatives Agri-relance ont été critiquées pour leur lenteur à réagir à la suite d'une catastrophe.
Des agriculteurs attendent des mois, voire un an, avant de recevoir un financement.
Lorsque nous regardons des catastrophes comme une rivière atmosphérique en Colombie-Britannique, les conséquences des ouragans sur le Canada atlantique ou même les dégâts causés par la fumée des incendies de forêt et la façon dont cela a affecté les cultures, nous avons besoin de meilleurs programmes de gestion des risques
, soutient M. Currie.
Des experts appellent les gouvernements à investir dans la recherche agricole, car pour eux, la science peut réduire les pertes de récoltes liées au climat grâce à des solutions telles que la conception de variétés de semences résistantes à la sécheresse.
Photo : Radio-Canada / Cory Herperger
Investir dans l’innovation et la recherche agricole
De son côté, la directrice des relations gouvernementales, de la politique et des marchés pour la Commission du blé de l'Alberta, Shannon Sereda, estime que les gouvernements peuvent atténuer les conséquences financières des conditions météorologiques extrêmes en augmentant les investissements dans la recherche agricole.
Selon elle, la science peut réduire les pertes de récoltes liées au climat grâce à des solutions telles que la conception de variétés de semences résistantes à la sécheresse.
Stewart Oke, qui exploite une ferme à l'est de la ville de Red Deer, en Alberta, indique qu'il ne [pourrait] pas travailler
sans une assurance récolte qui le protège contre les pertes inattendues.
En effet, la partie de la province où est située la ferme de M. Oke est surnommée Hail Alley
(l'allée de la grêle) pour sa réputation en matière de tempêtes.
Pour cette raison, il pense comme Shannon Sereda que l'accès à la technologie peut faire beaucoup de choses et aider les producteurs à maintenir leur risque à un niveau contrôlable
.
Avec les informations de La Presse canadienne
