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La force tranquille de Mali

Une personne est assise.

Mali Rock-Hervieux se distingue grâce à sa grande résilience.

Photo : Radio-Canada / Etienne Rivard

Avez-vous déjà vu une fleur pousser à travers l'asphalte? Elle a besoin d’une grande force et de beaucoup de résilience. Ça représente bien Mali Rock-Hervieux. Depuis sa tendre enfance, les épreuves se succèdent. Elle reste droite et forte, pour elle mais aussi pour sa famille, la chose la plus précieuse à ses yeux.

Dès son plus jeune âge, la femme innue de Pessamit a été confrontée aux dures réalités de la vie. Alors qu’elle n'était âgée que de sept ans, sa mère s’est enlevée la vie. À sept ans, les enfants ne sont pas outillés pour faire face à un tel drame; il est trop tôt pour passer à l’âge adulte.

De cette première épreuve qui allait façonner son parcours, elle en parle ouvertement, ça fait partie d’elle. Elle en parle, sans tabou, car selon elle, on doit en parler. C’est ce qui peut faire en sorte que plus de gens iront chercher de l’aide.

Ma soeur et moi, on a perdu notre maman de manière tragique. Ça a été dur pour nous de gérer nos émotions. On ne savait pas trop comment faire face à cette épreuve-là.

De la perte de sa mère au combat contre l’alcoolisme de son père, son chemin aurait pu prendre de mauvais tournants à plusieurs reprises dans sa vie. Par contre, une personne a eu un effet positif pour elle : sa kukum.

Une personne se berce sur une chaise.

L'histoire de Mali Rock-Hervieux.

Photo : Radio-Canada / Etienne Rivard

Résonance

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Résonance

Quand Mali parle de sa kukum, c’est avec une grande tendresse et énormément d’admiration. Les aînés dans les communautés autochtones sont des personnes importantes et respectées. Elles sont considérées comme les gardiennes de la langue et du savoir. Mali en est consciente. Sa kukum est en quelque sorte sa guide, son phare dans bien des tempêtes.

La présence de notre grand-mère nous a un peu donné de l’espoir par rapport à la vie qui nous était destinée.

Quatre personnes sont devant une maison.

Mali est bien entouré avec ses nièces et sa kukum, Patricia.

Photo : Radio-Canada / Etienne Rivard

Dans les derniers mois, une nouvelle épreuve s’est dressée sur son chemin : la perte de sa sœur. Sa moitié, comme elle dit. La blessure est récente. Difficile encore de trouver les armes pour faire face à cette nouvelle bataille. Son cœur est triste.

Depuis toujours, elles se complétaient. Les sœurs s'aidaient. Quand l’une avait besoin de l’autre, pas besoin d’attendre bien longtemps avant de pouvoir compter sur de l’aide. Qu'est-ce qui est le plus lourd depuis son départ? Le vide qu’elle a laissé même si sa présence est facilement perceptible dans la cuisine de la maison familiale.

Deux personnes sur le bord d'un lac.

Mali, au côté de sa soeur, vivant le moment présent.

Photo : Radio-Canada / facebook/Mali Rock-Hervieux

Ces dernières années, j’ai appris beaucoup à apprivoiser ma santé mentale dû aux impacts des traumatismes intergénérationnels. J’ai appris à vivre avec des crises d’angoisse intenses. C’est ma sœur qui me venait en aide quand j’avais vraiment besoin d’aide. Elle était celle qui ne me jugeait pas, celle qui m’écoutait. On était vraiment proches, on se parlait de tout.

Malgré la blessure encore fraîche, Mali doit avancer. Ses nièces comptent sur elle. Elle accompagne et vient en aide au quotidien à son beau-frère, leur père. Elle développe de jour en jour ces relations. Chaque jour, elles ont l’occasion de rendre leur mère fière.

Trois personnes habillé en régalia, un habit traditionnel autochtone.

Elle est un modèle pour ses deux nièces, Niska et Sakia.

Photo : Radio-Canada / facebook/Mali Rock-Hervieux

Artiste multidisciplinaire, son art est l’exutoire qui lui permet de garder la tête hors de l’eau et de mettre un peu de lumière dans son quotidien. Elle s’en sert pour faire passer son message.

Elle est révoltée devant l’indifférence que suscite la disparition et l’assassinat de milliers de femmes autochtones et elle se fait un devoir de faire sa part pour qu’elles ne tombent pas dans l’oubli.

Elle se porte également à la défense des droits des gens issus des Premières Nations afin que tous puissent avoir une chance équitable de réussir. Depuis quelques mois, elle a entrepris des études universitaires en droit autochtone dans le but d’avoir les meilleurs outils pour livrer ses batailles.

Elle veut mieux comprendre d’où viennent tous ces traumatismes intergénérationnels pour pouvoir faire une différence autour d’elle. Comme elle le dit, chaque geste compte. Elle multiplie les moments où elle peut prendre la parole ou partager ses créations. C’est non seulement un devoir pour elle, mais également une façon de panser ses blessures.

Même si elle est plus du genre à vivre sa vie au jour le jour, Mali aspire à faire une différence dans sa communauté.

Son parcours, son humilité, son altruisme et son indignation, derrière son visage tranquille et apaisant, font d’elle, à l'âge de seulement 26 ans, une redoutable leader en devenir pour les siens. Si une fleur peut pousser dans l’asphalte, il n’y a rien à son épreuve.

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