Une étude met en doute la viabilité commerciale de TES Canada
Pour alimenter ses installations de fabrication d'hydrogène en électricité, TES Canada doit construire des éoliennes et des panneaux solaires.
Photo : Associated Press / Godofredo A. Vásquez
Deux chercheurs ont réalisé une étude de cas qui soulève des questions sur l’efficacité énergétique du projet de conversion d’électricité en hydrogène et en gaz naturel synthétique qui est en train d'être élaboré en Mauricie.
Johanne Whitmore, qui est chercheuse principale pour la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal, signe cette étude de cas en compagnie de Paul Martin, ingénieur chimiste et expert en développement de procédés, qui est cofondateur de la Coalition scientifique de l'Hydrogène.
Les deux scientifiques se sont notamment penchés sur l’efficacité énergétique de la conversion d’électricité en gaz naturel synthétique, ainsi que des coûts associés à ce processus.
Dans les deux cas, les deux chercheurs mettent en doute que le projet puisse arriver à ses objectifs de rendre le gaz naturel synthétique rentable.
L’étude estime une perte d’énergie de 57 % à 73 % liée à ses procédés et à la consommation de ce gaz synthétique. Les deux scientifiques ont analysé cette perte d’énergie en utilisant le chauffage de bâtiments et les procédés industriels à haute et basse température comme activités pour l’étude de cas.
En ce qui concerne les coûts de production, l’étude estime de 40 à 90 dollars par gigajoule d’énergie produite, alors que le gaz naturel est vendu au Québec de 3 à 7 dollars par gigajoule d’énergie, alors que le gaz renouvelable se vend de 20 à 25 dollars le gigajoule.
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Les deux scientifiques justifient leur analyse par la nécessité de fournir des données réalistes dans le but de mieux faire la transition énergétique en province.
L’hydrogène vert jouera un rôle dans la transition énergétique, mais pour que sa contribution à la décarbonation soit optimale, les prémisses du projet de TES Canada doivent être transparentes et appuyées par des données probantes rendues publiques
, peut-on lire dans l’étude.
Au sein de l’étude, les scientifiques se demandent si TES Canada sera capable d’arriver à être rentable, comme elle le prétend depuis l’annonce du projet.
TES Canada a déclaré que le projet Mauricie serait rentable pour l'entreprise. Cependant, TES n'a pas encore abordé publiquement deux défis clés : le gaz synthétique sera-t-il abordable pour les utilisateurs finaux, et sera-t-il l'utilisation la plus rentable de l'électricité renouvelable pour décarboniser notre économie?
En analysant les déclarations d’autres dirigeants de TES ailleurs dans le monde, l’étude théorise que le modèle économique de la multinationale ne pourrait être rentable qu’avec des subventions gouvernementales, citant notamment Marco Alverà, PDG de TES.
Il y a beaucoup d'argent à gagner en superposant les différentes subventions. Ainsi, vous obtenez une subvention pour capturer le CO2, une subvention pour produire les énergies renouvelables, une subvention pour produire l'hydrogène
, affirme Marco Alverà en citation dans le rapport.
Il ne fait toutefois pas directement référence au projet de TES Canada dans sa citation
La conclusion du rapport des deux scientifiques est sans équivoque. Notre analyse suggère que la chaîne de production et de consommation du gaz naturel synthétique pourrait être inefficace et coûteuse pour l’économie du Québec
.