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Vivre l’expérience d’un pensionnat pour Autochtones en réalité virtuelle

Une femme qui porte un casque de réalité virtuelle debout dans une salle de classe.

Munie d’un casque de réalité virtuelle, la scénariste et réalisatrice du projet «William» Sonia Bonspille Boileau.

Photo : Gracieuseté de Nish Média, Patrick Kaplin

Découvrir la série William, c’est faire l’expérience oppressante d’un pensionnat pour Autochtones. En six épisodes, casque de réalité virtuelle vissé sur la tête, on se glisse dans la peau d’un garçon de neuf ans arraché à ses parents et à sa communauté. Développé par la société de production audiovisuelle Nish Média, le projet est présenté mercredi à Gatineau, dans le cadre de la Semaine culturelle autochtone de l’Université du Québec en Outaouais (UQO).

Au fil des six épisodes de William, pour une durée d’écoute totalisant une trentaine de minutes, on suit différentes étapes clés de la vie d’un garçon autochtone envoyé dans les années 1960 dans un pensionnat.

Différentes scènes de la vie quotidienne sont transposées dans la série, multipliant les interactions avec différents personnages, des membres de la famille à un agent du gouvernement, en passant par des médecins, des membres du clergé et d’autres pensionnaires.

À la fois série dramatique, expérience immersive et outil pédagogique, le projet est en développement depuis 2015. Tout commence lorsque le producteur du projet William, Jason Brennan, découvre un outil de sensibilisation relatant l’expérience d'un jeune réfugié dans un camp en Syrie.

Lui vient alors l’idée de transposer cette approche à la question des pensionnats pour Autochtones, afin d’aider le système scolaire à éduquer les enfants et les jeunes adolescents sur cette réalité de notre histoire méconnue, explique le producteur membre de la communauté de Kitigan Zibi Anishinaabeg.

Encourager la connaissance et susciter l'empathie

Une jeune fille assise à un bureau dans une salle de classe. Elle écrit sur une feuille, tandis qu'une femme appuyée sur le bureau la regarde.

Sonia Bonspille Boileau durant le tournage de la série immersive « William ».

Photo : Gracieuseté de Nish Média, Patrick Kaplin

Scénariste et réalisatrice du projet William, Sonia Bonspille Boileau a déjà exploré à l’écran la question des pensionnats dans la série Pour toi Flora. Si les deux projets ont été développés parallèlement et se sont mutuellement nourris, c’est sur le tournage de Pour toi Flora que la réalisatrice dit avoir réalisé l'importance d'un outil comme William.

On s'est rendu compte à quel point les gens ne connaissent pas tout à fait ce qui s'est passé dans les pensionnats, [ignorent] l'ampleur, comment en parler et où aller chercher des ressources pour mieux comprendre.

Une citation de Sonia Bonspille Boileau, scénariste et réalisatrice du projet William

L’aspect immersif du projet est un bel outil pour créer de l'empathie, fait valoir Sonia Bonspille Boileau. Une manière d’encourager la connaissance, mais aussi de briser des barrières de communication et de créer des ponts entre allochtones et autochtones, poursuit la réalisatrice mohawk.

Un homme souriant qui regarde la caméra.

Le producteur de Nish Média, Jason Brennan, s’attelle depuis 2015 au développement du projet « William ».

Photo : Radio-Canada / Aïda Semlali

Jason Brennan rappelle pour sa part que les habitudes de consommation face aux écrans ayant changé, la proposition d’une série de réalité virtuelle offre une façon différente d'aborder le sujet et pourrait ainsi intéresser un petit peu plus le public.

Des défis pour transposer la réalité

Tournage à 360 degrés, mise en scène immersive, scènes tournées en plan-séquence, restitution fidèle de l’époque, implication de conseillers psychologiques et dramaturgiques ou encore postproduction ambitieuse, le tournage de la série William a comporté son lot de défis pour ne pas trahir la réalité de cette douloureuse expérience.

Toujours dans ce souci de réalisme, Sonia Bonspille Boileau dit s’être inspirée de l'histoire de son grand-père, survivant de pensionnat. La scénariste a également consulté « spécifiquement pour ce projet » des survivants de pensionnats de la nation atikamekw.

Un jeune garçon qui regarde un tableau dans une salle de classe tandis qu'une femme pointe quelque chose sur le tableau avec une règle en bois.

Dans « William », l’utilisateur se prête à une expérience immersive à hauteur d’enfant.

Photo : Gracieuseté de Nish Média, Patrick Kaplin

Pour être le plus possible collés à la réalité, ces consultants ont partagé des faits, des émotions qu’ils souhaitaient voir transposées au projet, mais aussi des éléments qu’ils jugeaient importants pour tout le volet pédagogique entourant le projet.

« Car le projet William, [...] ce n’est pas que l'histoire qu'on raconte dans les épisodes. C'est aussi accompagné d'un cahier pédagogique, d'un outil pédagogique pour aider les enseignants à enseigner le chapitre sur les pensionnats autochtones à l'école », ajoute la réalisatrice.

La vocation pédagogique du projet s’adresse essentiellement aux jeunes du secondaire et du postsecondaire, certains épisodes étant déconseillés aux moins de 13 ans.

Conseiller pédagogique en autochtonisation et décolonisation à l’UQO, Nicholas Lucas-Rancourt dit avoir immédiatement accepté d’associer son établissement au projet.

C'est une histoire quand même assez traumatisante et lourde. Et beaucoup de personnes [dans le milieu de l’enseignement] ont peur d'en parler.

Une citation de Nicholas Lucas-Rancourt, conseiller pédagogique en autochtonisation et décolonisation à l’UQO

Leur donner ces outils va leur permettre de les inclure dans leur salle de classe, poursuit ce dernier, rappelant que l’autochtonisation fait partie du plan stratégique de son université.

Un homme souriant qui regarde la caméra.

Le conseiller pédagogique en autochtonisation et décolonisation à l’UQO, Nicholas Lucas-Rancourt

Photo : Radio-Canada / Aïda Semlali

Dans la région, en plus de l’UQO, l’Université Carleton propose également l’expérience à son corps enseignant et ses étudiants.

« On veut aussi faire partie d'expositions en musée, en galerie, ici au Canada, au Québec, mais aussi à l'international, pour que ce soit accessible au plus grand nombre de personnes possible », souligne Sonia Bonspille Boileau.

William est un projet financé par le Conseil des arts du Canada, le Fonds des médias du Canada, le Conseil des arts et des lettres du Québec et le Bureau de l'écran autochtone.

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