Certains sans-abris ne veulent pas quitter la rue, déclare Blaine Higgs
Une personne couchée sous des escaliers au centre-ville de Moncton. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Patrick Lacelle
Le premier ministre du Nouveau-Brunswick a déclaré mardi que la mort de deux personnes dans un campement à Saint-Jean démontre la nécessité de mettre en place une loi permettant de forcer les sans-abris à suivre un traitement contre la dépendance aux drogues.
Blaine Higgs croit que les autorités devraient être en mesure de forcer ces personnes à se soumettre à des traitements contre leur gré.
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En réponse aux questions des partis d’opposition à l’Assemblée législative, Blaine Higgs a évoqué un projet de loi qui n’a pas encore été présenté.
Certaines personnes ne veulent tout simplement pas sortir de la rue
, a déclaré le premier ministre lors de la période des questions.
Allons-nous considérer cela comme un mode de vie acceptable et le cautionner? Ou bien allons-nous trouver un moyen de les aider à retrouver un chemin vers un logement et une vie qui vaut la peine d'être vécue?
Les autorités ont trouvé deux personnes mortes après un incendie survenu lundi dans un campement de sans-abris le long de la rue Paradise Row à Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick.
Photo : Radio-Canada / Roger Cosman
Une nouvelle loi
Dans le discours du Trône, présenté l'automne dernier, le premier ministre a promis la création d’une nouvelle loi sur l’intervention humanitaire
. Cette loi permettrait aux autorités d’ordonner un traitement en cas de troubles graves liés à l'usage de drogues.
Cette loi vise à venir en aide, dans des cas extrêmes, aux personnes aux prises avec des problèmes de dépendance qui ne sont pas en mesure de subvenir à leurs besoins de base
, peut-on lire dans le discours.
Le premier ministre Blaine Higgs après la lecture du discours du Trône le 17 octobre 2023.
Photo : La Presse canadienne / Ron Ward
On précise que les interventions seraient fondées sur une approche empreinte de compassion
et que cette loi permettrait d’encadrer ces interventions.
Blaine Higgs affirme que ce projet de loi sera déposé plus tard pendant la session parlementaire.
La Charte canadienne des droits et libertés garantit toutefois qu’une personne ne soit pas détenue ou emprisonnée de façon arbitraire
, afin de protéger la liberté individuelle contre l’ingérence injustifiée de l’État
.
Le premier ministre reconnaît que la situation est délicate, mais estime que c’est une conversation nécessaire puisque le statu quo n’est plus acceptable.
C'est là que le débat aura lieu, à la Chambre, lorsque nous le présenterons
, a déclaré Blaine Higgs.
Le ministre de la Santé Bruce Fitch a déclaré mardi qu'il ne savait pas si cette loi aurait pu changer le cours des choses, concernant la mort des deux personnes à Saint-Jean.
L’opposition loin d'être convaincue
La cheffe du Parti libéral Susan Holt et le chef du Parti vert David Coon ont tous deux affirmé que de forcer des personnes en situation d'itinérance à suivre des traitements n’était pas une bonne idée. Selon eux, certaines personnes choisissent de ne pas se rendre dans des refuges parce qu'elles ne s’y sentent pas en sécurité.
Nous avons un gouvernement qui dit que le problème ce sont [les gens dans la rue]
, a déclaré Susan Holt. Pourtant, il existe des solutions que ce gouvernement n'applique pas.
La cheffe du Parti libéral du Nouveau-Brunswick, Susan Holt. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada
Susan Holt préconise des solutions temporaires comme des tentes chauffantes sécurisées, comme celles qui ont été installées cet hiver à Halifax.
David Coon a qualifié les suggestions de Blaine Higgs de folles
et de problématiques
, soulignant qu'il existe déjà une loi qui permet d'arrêter des personnes si elles constituent un danger pour elles-mêmes ou pour autrui.
Nous verrons ce que dit le projet de loi, mais de la façon dont il est présenté, il semble qu'il va beaucoup trop loin
, a-t-il déclaré.
David Coon, chef du Parti vert du Nouveau-Brunswick. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Michel Corriveau
Les verts proposent plutôt de s'inspirer des modèles existants, comme le projet de 12 Neighbors Community Inc à Fredericton, un projet de minimaisons abordables et sécuritaires avec, entre autres, un programme de traitement des dépendances.
Avec des informations de Jacques Poitras de CBC et d'Alix Villeneuve de Radio-Canada