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AnalyseDoug Ford et le choix du déficit

En éliminant plusieurs sources de revenus, le premier ministre ontarien est devenu le principal architecte de son déficit de presque 10 milliards $ pour 2024-2025.

Le premier ministre Doug Ford parcourt les pages du budget en Chambre, à Queen's Park, aux côtés du ministre Vic Fedeli.

Doug Ford prévoit un déficit de près de 10 milliards de dollars pour 2024-2025.

Photo : Radio-Canada / Evan Mitsui

Depuis des mois, le gouvernement Ford est au régime. Il se prive de revenus substantiels, au nom de la lutte contre l’inflation. Le premier ministre répète qu'il veut porter secours aux Ontariens qui peinent à joindre les deux bouts, ensevelis sous des factures de plus en plus élevées. Or, son coup de pouce à la population n’est pas sans conséquences pour les finances publiques.

Réduction de la taxe provinciale sur l’essence : moins 1,2 milliard $ annuellement dans les coffres de la province. Élimination des frais de vignette sur les plaques d’immatriculation : moins 1 milliard $ chaque année. Fin des péages provinciaux : moins 68 millions $ d’ici 2027. Rabais sur les factures d’électricité : une dépense qui atteint maintenant 7 milliards $.

Tous combinés, ces cadeaux aux citoyens permettraient d’effacer une bonne portion du déficit prévu.

Mais le gouvernement défend ses choix; de nombreux Ontariens en arrachent. Il faut leur prêter main-forte.

Reste que le déficit de près de 10 milliards de dollars semble plutôt vertigineux pour un gouvernement conservateur, porté au pouvoir en 2018 pour faire le ménage dans les finances de la province. S’est-il égaré en chemin?

Devant l’étonnement que suscite la taille du déficit, le ministre des Finances se montre toutefois rassurant. La situation est temporaire, rappelle Peter Bethlenfalvy.

Le ministre des Finances, Peter Bethlenfalvy, est applaudi par ses collègues en Chambre lors du dépôt de son budget, mardi.

Le ministre des Finances, Peter Bethlenfalvy, est applaudi par ses collègues en Chambre lors du dépôt de son budget, mardi.

Photo : Radio-Canada / Evan Mitsui

Des décisions coûteuses

Évidemment, la province n’est pas immunisée contre les aléas de l’économie mondiale. Les pressions inflationnistes ont une incidence sur son budget, mais le gouvernement dispose malgré tout d’un certain contrôle sur ses revenus. Un contrôle qu'il n'a pas voulu exercer.

Est-ce nécessaire de faire économiser 5,7 cents le litre à tous les automobilistes, y compris ceux qui conduisent une voiture de luxe? Devrait-il aider des millionnaires à éclairer leur maison? La question est légitime.

Autre décision lourde de conséquences pour le gouvernement ontarien : sa controversée loi 124, qui devait limiter les augmentations salariales des travailleurs du secteur public.

Avec la victoire des fonctionnaires devant les tribunaux, le gouvernement a commencé à les indemniser. Des paiements rétroactifs qui totaliseront 6 milliards $ et qui contribuent aussi au déficit projeté pour 2024-2025.

Manifestation d'employés d'hôpitaux devant Queen's Park le 22 février 2022.

Des infirmières auxiliaires autorisées et autres employés d'hôpitaux avaient manifesté devant l'Assemblée législative le 22 février 2022 pour réclamer l'abrogation de la loi sur le quasi-gel des salaires dans le secteur public.

Photo : Radio-Canada / Susan Goodspeed

Si la loi 124 n’avait jamais existé, l’Ontario aurait probablement dépensé davantage dans les dernières années pour la rémunération de ses fonctionnaires. Ça va de soi. Mais le gouvernement aurait pu prévoir, budgéter, planifier ces augmentations salariales, plutôt qu'avoir à les verser rétroactivement, en bloc.

Un déficit sans précédent

Toutes ces décisions nous mènent à un déficit sans précédent pour le gouvernement de Doug Ford. En fait, il faut remonter à 2014 et aux libéraux de Kathleen Wynne pour retrouver un déficit plus important (exception faite de la pandémie).

Qu'on le veuille ou non, Doug Ford a fait ses choix : il refuse de se serrer la ceinture et réitère l’importance des investissements en infrastructures. La prospérité économique ne peut pas attendre, pour reprendre les mots du ministre des Finances. Les chantiers de nouvelles routes, de lignes de métro et de tours de télécommunications iront tous de l’avant.

Le plan actuel du gouvernement prévoit un retour à l’équilibre en 2026-2027, juste à temps pour la prochaine campagne électorale. Maintenant, comment renouer avec les excédents sans nouvelles taxes ni augmentation d'impôts? La tâche ne sera pas simple.

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