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Budget : le déficit de l’Ontario triple à 9,8 milliards pour 2024-2025

Malgré un énorme déficit, le gouvernement Ford prolonge le rabais de 5,7 cents/litre sur l'essence et achètera quatre hélicoptères pour la police, notamment.

Doug Ford et Peter Bethlenfalvy présentent le budget à Queen's Park le 26 mars 2024.

Le budget de 2024 de l'Ontario, présenté par le ministre des Finances Peter Bethlenfalvy (à g.) et le premier ministre Doug Ford, prévoit un retour à l'équilibre budgétaire seulement en 2026-2027.

Photo : Radio-Canada / Evan Mitsui

L’Ontario devait sortir du rouge l’an prochain. Dans son budget annuel déposé mardi, le gouvernement de Doug Ford chiffre plutôt à 3 milliards de dollars le déficit pour l’année financière qui se termine et prévoit un manque à gagner de 9,8 milliards pour 2024-2025.

Exception faite de la pandémie, il s’agit du déficit projeté le plus élevé en dix ans. À l’époque, les libéraux étaient au pouvoir et les conservateurs les accusaient de dépenser sans compter.

Faits saillants du budget 2024

  • Baisse de 5,7 cents/litre de la taxe sur l’essence jusqu’au 31 décembre 2024
  • Fonds de 1 G$ pour l'infrastructure municipale et le logement
  • 3,3 G$ sur 3 ans pour offrir Internet haute vitesse partout dans la province
  • 120 M$ de plus pour les services aux enfants autistes
  • 200 M$ sur 3 ans pour les infrastructures communautaires de sports et de loisirs
  • Ouverture d’une nouvelle école de médecine en collaboration avec l’Université York
  • 49 M$ pour la lutte contre les vols de voitures
  • 46 M$ additionnels pour les patrouilles policières, y compris l’achat de 4 hélicoptères pour la Police provinciale de l’Ontario

Malgré le ralentissement économique à l’horizon, le gouvernement Ford garde le cap avec son plan de 10 ans visant à investir des dizaines de milliards dans les infrastructures et le transport en commun.

Le gouvernement crée même un nouveau programme de 1 milliard pour les villes et le logement, en plus de prolonger la réduction de la taxe sur l’essence au coût annuel de 1,2 milliard.

Le retour à l’équilibre budgétaire n’est prévu que pour 2026-2027.

Nous avons un plan pour sortir du rouge. Il est retardé à cause du contexte économique. [...] Le Québec, lui, a un déficit de 11 milliards.

Une citation de Peter Bethlenfalvy, ministre des Finances de l'Ontario
Infographie montrant la hausse des déficits en 2023-2024, 2024-2025 et 2025-2026, qui se chiffreront à 3 milliards, 9,8 milliards et 4,6 milliards.

L'Ontario ne doit renouer avec l'équilibre budgétaire qu'en 2026-2027.

Photo : Radio-Canada

Critiques de l'opposition

La chef de l'opposition officielle, la néo-démocrate Marit Stiles, dit que le budget de 214,5 milliards est rempli de « demi-mesures ».

C'est un budget irresponsable sur le plan financier.

Une citation de Marit Stiles, chef du NPD

Les familles sont « laissées pour compte », renchérissent les libéraux. Jamais n'a-t-on dépensé autant pour accomplir si peu.

[Doug Ford] refuse délibérément de financer la santé, l'éducation et les autres services publics dont nous dépendons, affirme la chef libérale Bonnie Crombie dans un communiqué.

De son côté, l'Association médicale de l'Ontario, qui représente les médecins, se réjouit de l'investissement de 546 millions dans les équipes de soins primaires, mais affirme dans un communiqué qu'il faut faire « plus », alors que 2,3 millions d'Ontariens n'ont pas de médecin de famille.

L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), pour sa part, accueille « favorablement » les investissements pour l'amélioration des services en français. Le budget du ministère des Affaires francophones doit augmenter de 4,7 millions en 2024-2025, grâce à un partenariat avec Ottawa.

Ralentissement économique

La semaine dernière, le premier ministre Doug Ford affirmait que l’Ontario était une puissance économique.

Dans le budget, le gouvernement révise toutefois à la baisse ses projections en matière de croissance.

Graphique indiquant que le PIB réel de l'Ontario augmentera de 0,3 % en 2024, plutôt que 1,3 %, et de 1,9 % en 2025, plutôt que 2,5 %.

L'économie ontarienne croîtra moins rapidement que prévu, admet le gouvernement Ford.

Photo : Radio-Canada

La croissance prévue pour le PIB réel de l’Ontario, par exemple, chute de 1,3 % à 0,3 % pour 2024 et de 2,5 % à 1,9 % pour 2025.

Par ailleurs, la province anticipe une baisse des recettes de la taxe de vente l’an prochain comparativement à cette année.

Recettes fiscales prévues pour l’Ontario (milliards de dollars)

2022-2023 (chiffres réels)2023-2024 (chiffres provisoires)2024-2025 (projection)2025-2026 (projection)2026-2027 (projection)
Impôt sur le revenu des particuliers44,250,651,955,158,3
Impôt des sociétés27,824,224,926,328
Taxe de vente36,139,838,840,642,7

Source : Budget de l’Ontario, 2024

Geneviève Tellier, professeure en sciences politiques à l’Université d’Ottawa, qualifie le déficit prévu pour 2024-2025 de considérable, ce qui est d’autant plus surprenant de la part d'un gouvernement conservateur.

S'il y a un déficit, c'est par la force des choses, dit-elle. L'économie ne va pas aussi bien que ce qu'on pensait en Ontario et les revenus ne sont pas au rendez-vous. Ça explique pourquoi le déficit est de près de 10 milliards de dollars.

Ce n'est pas un budget qui dit aux Ontariens : ''Le gouvernement est là pour vous.'' C'est vraiment un projet de développement économique qui passe par les infrastructures.

Une citation de Geneviève Tellier, politologue, Université d'Ottawa

Une défaite judiciaire qui coûte cher

Une autre raison expliquant la hausse du déficit de l’Ontario est la défaite en cour du gouvernement Ford dans le dossier du quasi-gel salarial de trois ans imposé par la province en 2019 aux employés du secteur public (loi 124). La Cour d’appel de l’Ontario a jugé la loi inconstitutionnelle plus tôt cette année.

Les syndiqués ont obtenu des sommes de rattrapage. Le budget 2024 prévoit des redressements totalisant 6 milliards.

Pas de bouée de sauvetage en éducation

Les collèges et les universités réclamaient une aide provinciale pour faire face au plafond imposé par Ottawa en matière d’étudiants étrangers.

Il n’y a toutefois pas de plan de sauvetage dans le budget pour ces institutions, à part une aide de 10  millions pour les collèges et les universités de petite taille ou des secteurs ruraux et du Nord.

En fait, les dépenses pour l’éducation postsecondaire baissent de 116 millions cette année par rapport aux prévisions du troisième trimestre.

Si ce n’est pas du béton, il n’y a rien pour vous dans le budget, lance la politologue Geneviève Tellier.

Les syndicats d'enseignants accusent le gouvernement Ford de sous-financer les écoles. La Fédération des enseignantes-enseignants des écoles secondaires de l'Ontario (FEESO) souligne que la hausse de 2,7 % des dépenses en éducation est inférieure à l'inflation et ne tient pas compte de la hausse du nombre d'élèves.

Ils disent que c'est une augmentation, mais c'est une coupe, selon la FEESO.

Hausse des mises en chantier, mais...

Le gouvernement Ford hausse ses prévisions en matière de mises en chantier par rapport aux projections du dernier budget.

La province prévoit maintenant 87 900 mises en chantier en 2024, soit près de 9000 de plus que prévu. Ce nombre devrait grimper à 94 400 en 2026, selon le budget.

En théorie, l’Ontario devrait construire de 125 000 à 175 000 nouveaux logements par année, afin d’atteindre son objectif d’avoir 1,5 million de nouvelles habitations d'ici 2031. Le gouvernement comptabilise toutefois les nouveaux lits dans les centres de soins de longue durée comme étant des logements, affirmant qu'il s'agit d'un logis pour les aînés qui y habitent.

Réforme de l'assurance auto

Les automobilistes ressortent gagnants encore cette année dans le budget du gouvernement Ford.

En plus du maintien de la gratuité pour les vignettes d’immatriculation et du prolongement du rabais sur l’essence, notamment, la province promet davantage d’options abordables en matière d’assurance automobile.

Les automobilistes pourront renoncer à une portion de leur couverture si leur assurance de travail, par exemple, les couvre déjà à ce chapitre, indique le gouvernement.

En revanche, la couverture pour les indemnités liées aux frais médicaux en cas d’accident, notamment, continuera à être obligatoire.

Le budget ne précise pas quelles seront les économies moyennes pour les conducteurs.

Cette nouvelle peut être consultée en arabe (Nouvelle fenêtre) sur le site de RCI (Nouvelle fenêtre).

Baisse du budget pour les feux de forêt

Les observateurs anticipent cet été une saison des incendies de forêt encore pire que celle de l'an dernier.

Le gouvernement budgète toutefois 135 millions en 2024-2025 pour la lutte contre les feux de forêt, comparativement à 216 millions cette année.

Avec la collaboration de Camile Gauthier

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