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Stratégie navale : un premier contrat officiel, mais modeste, pour Chantier Davie

Le coût et les échéanciers de construction des brise-glaces promis par le fédéral demeurent inconnus à ce jour.

Une navire entouré de plaques de glace sur un cours d'eau.

Les brise-glaces de programme visent à remplacer des navires vieillissants comme le NGCC Amundsen. (Photo d'archives)

Photo : Elie Dumas-Lefebvre / Résean Québec maritime

Le chantier maritime Davie obtient enfin son premier contrat officiel depuis son intégration à la Stratégie nationale de construction navale du Canada, il y a un an. D'une valeur de 19 millions $, l'entente prévoit les « travaux initiaux » de conception des six brise-glaces de taille moyenne promis par Ottawa, lesquels doivent ensuite être bâtis dans les cales lévisiennes.

L'octroi du contrat a été confirmé ce mardi par Chantier Davie et par le député de Québec Jean-Yves Duclos, ministre des Services publics et de l'Approvisionnement du Canada.

Convenant que ce premier morceau est relativement modeste, M. Duclos l'a comparé au centre de commandement pour lancer la construction des brise-glaces. C'est le bureau de projet qui est mis en place, a-t-il dit en entrevue à Radio-Canada dans le cadre de l'émission Première heure.

Un homme en veston parle au micro.

Le ministre Duclos participe ce mardi au Symposium canadien sur la maintenance navale. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy-Roussel

Le contrat devrait permettre de créer et de maintenir environ 35 emplois par an, indique le fédéral dans son annonce. Ce sont 35 professionnels hautement qualifiés, a dit le ministre, qui veilleront à élaborer les grandes étapes de construction des brise-glaces de taille moyenne.

Le contrat octroyé ce printemps permettra également à Chantier Davie de démarrer les processus d'appels d'offres pour certaines acquisitions en prévision de la construction des brise-glaces.

Aucun échéancier précis n'est encore connu pour la livraison des navires de la garde côtière. Le calendrier de la construction sera précisé au fur et à mesure que le gouvernement du Canada et Chantier Davie progresseront dans les différentes phases de préparation de la construction.

Les brise-glaces devront à tout le moins être construits dans un horizon de 20 à 25 ans.

Logo de Davie sur une de ses installations industrielles.

L'entrée de Davie dans la Stratégie navale confirmait que le chantier maritime satisfaisait aux exigences techniques pour construire les navires de la flotte canadienne. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Marc Andre Turgeon

Modernisation du chantier

Avant de penser à la construction des brise-glaces, toutefois, Chantier Davie doit compléter la modernisation de ses infrastructures du secteur Lauzon. Des investissements de 840 millions $ ont déjà été annoncés l'an dernier. Du montant, 519 millions $ proviennent du gouvernement provincial.

Cette modernisation est nécessaire non seulement pour les brise-glaces, mais aussi pour les travaux de construction de deux traversiers fédéraux confiés à Chantier Davie, à savoir ceux des Îles-de-la-Madeleine et de Caribou en Nouvelle-Écosse.

Il faut que ça démarre prochainement. Il faut que le chantier soit en état pour que ces navires puissent être construits. La construction des traversiers va commencer dans deux ans, a admis Jean-Yves Duclos. Les six brise-glaces ce sera un peu plus tard. Il faut être prêt quand le moment sera venu.

Marcel Poulin est le directeur, Affaires externes et participation industrielle au Chantier Davie.

Marcel Poulin est le directeur, Affaires externes et participation industrielle au Chantier Davie. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Pierre-Alexandre Bolduc

Marcel Poulin, directeur des affaires externes au Chantier Davie, assure que ce chantier de modernisation sera en branle sous peu. Le gros du travail est en période d'appels d'offres, dit-il, également de passage à Première heure mardi. Les fournisseurs n'ont pas encore soumis leurs propositions finales.

M. Poulin est conscient que l'entreprise a deux ans pour la modernisation des infrastructures si elle veut s'assurer de respecter ses échéanciers, notamment celui des traversiers à livrer au plus tard en 2028. Chantier Davie doit aussi recruter massivement. Il faut aller recruter de 1000 à 1200 employés d'ici trois ans.

Ces défis sont accueillis avec beaucoup d'optimisme au chantier qui compte quelque 800 employés à l'heure actuelle. C'est notre premier contrat de la stratégie et on va avoir la chance de développer et concevoir les navires les plus technologiquement avancés jamais construits au Canada, s'est réjoui Marcel Poulin.

Pas encore la panacée

Cette première étape ne représente pas encore la panacée envisagée pour Chantier Davie avec la Stratégie nationale de construction navale.

Selon une étude de la firme Deloitte, dévoilée à l'automne 2022, les retombées économiques de Chantier Davie sont projetées à 21 milliards $ d'ici 2040. Cette même étude soutient que le chantier pourrait permettre le maintien ou la création de 4700 emplois au cours de cette période.

Ce bilan est cependant conditionnel aux contrats promis par Ottawa.

Comme prévu après la préqualification du chantier en 2019, le fédéral a ajouté Chantier Davie à la stratégie de construction navale en avril dernier, aux côtés d'Irving et de Seaspan, afin de répondre aux besoins de renouvellement de la flotte de la Marine royale canadienne et de la Garde côtière canadienne (GCC).

À Lévis, l'objectif est de faire construire six brise-glaces de taille moyenne et un brise-glace de classe polaire. L'an dernier, le premier ministre Justin Trudeau évoquait la somme de 8,5 milliards $ pour les sept navires, alors que d'autres estimations évaluent la cagnotte à plus de 10 milliards $ pour Chantier Davie.

Maquette d'un brise-glace de la Garde côtière canadienne.

Six brise-glaces de programme doivent être construits au Chantier Davie, en vertu de la Stratégie nationale de construction navale du Canada.

Photo : Chantier Davie

Déglaçage et polyvalence

Les six brise-glaces de programme, prévus pour être similaires, doivent prendre la relève des navires vieillissants de la Garde côtière canadienne (GCC) utilisés pour le déglaçage. Plusieurs des navires actuellement en service sont en voie d'atteindre leur fin de vie utile d'ici les 15 prochaines années.

Les nouveaux brise-glaces de programme remplaceront les brise-glaces de la GCC qui desservent les voies navigables du Canada atlantique et du fleuve Saint-Laurent pendant l'hiver, ainsi que l'Arctique pendant l'été, ajoute le fédéral.

Ces brise-glaces de programme assureront les services de déglaçage, escorteront les navires dans les eaux couvertes de glace et dégageront la glace des ports et des quais, ce qui est essentiel pour les pêches commerciales.

Des équipements de recherche modulaires pourront également être placés sur les navires afin d'épauler la recherche. Aucun navire ne sera cependant destiné à la recherche arctique, comme le réclame la communauté scientifique canadienne.

Les brise-glaces de programme en bref...

  • Maintien d'une vitesse de 3 nœuds dans 1,4 mètre de glace;
  • Capacité de chargement général et de conteneurs;
  • Capacité de recevoir et de maintenir un hélicoptère de taille moyenne;
  • Autonomie de 20 000 milles nautiques sans ravitaillement à 12 nœuds;
  • Possibilité d’accueillir plus de 30 membres d’équipage et des équipes de programme de 34 personnes;
  • De 100 à 110 mètres de long; largeur inférieure à 23,8 mètres pour les Grands Lacs;

Source : Chantier Davie

En attendant le polaire

En plus des six brise-glaces de programme, Chantier Davie s'est aussi vu promettre la construction du second brise-glace polaire de la flotte canadienne, aux côtés du John F. Diefenbaker.

Ce dernier est en cours de construction à l'autre bout du pays, au chantier Seaspan de Vancouver. Concurrent de longue date à Chantier Davie, l'entreprise a dévoilé une étape importante le mois dernier.

Le chantier naval Seaspan a construit un bloc prototype pour tester les nouveaux procédés et outils nécessaires pour travailler avec l’acier spécial du navire, annonçait la Garde côtière canadienne en février.

Ce bloc doit garantir à la garde côtière un navire à la fine pointe, capable de naviguer aux latitudes arctiques les plus inhospitalières. La construction du bloc prototype se concentre sur les défis potentiels qui peuvent être rencontrés lors de la construction utilisant de l’acier plus épais.

Deux grues au-dessus de chantiers navals.

Le groupe Seaspan, basé à Vancouver, développe actuellement le premier brise-glace polaire. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Catherine Dib

Chantier Davie devrait en théorie profiter des innovations réalisées chez Seaspan, si Ottawa lui confère comme prévu la construction du deuxième. Selon le ministère fédéral, les leçons générales tirées de ce processus seront utilisées dans l’ensemble du programme des nouveaux brise-glaces polaires.

La Garde côtière canadienne détient les droits de propriété intellectuelle sur la conception de base du brise-glace polaire. Cette propriété intellectuelle servira de base à la construction des deux navires, indique Pêches et Océans Canada.

Seaspan doit pour sa part livrer son navire, annoncé bien avant celui de Davie, d'ici 2030. Chantier Davie, de son côté, n'a toujours pas d'indication à savoir quand elle obtiendra le contrat de construction pour son brise-glace polaire.

Ententes et acquisitions

D'ici l'arrivée des plus gros contrats, Chantier Davie continue de se positionner avec ses partenaires. Lundi, le ministre québécois de l'Éducation, Bernard Drainville, annonçait son intention de créer un programme de formation professionnelle en construction navale qui sera développé en collaboration avec le Centre de services scolaire des Navigateurs.

La Ville de Lévis, de son côté, prépare le terrain avec le gouvernement du Québec pour la mise en place d'un pôle industriel priorisant l'industrie maritime. Cette volonté s'est concrétisée par l'achat récent des terres du défunt projet Rabaska.

Chantier Davie a, pour sa part, fait l'acquisition de Helsinki Shipyard Oy, l'automne dernier, avec une aide provinciale de 67 millions $, sous forme de prêt. L'entreprise finlandaise compte sur 400 employés et a sorti de ses cales près de 60 % de la flotte mondiale de brise-glaces.

Le chantier a enfin conclu une entente économique avec la Nation huronne-wendat, garantissant des retombées économiques pour Wendake.

Depuis 2015, le gouvernement fédéral a investi 2,2 milliards $ en contrats à la Davie sans qu’il fasse partie de la Stratégie navale pour, entre autres, la reconversion de brise-glaces achetés à l’étranger et pour la modernisation de frégates.

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