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De nombreux travailleurs étrangers perdent leur emploi dès leur arrivée en Estrie

Un passeport mexicain.

12 travailleurs ont visité les locaux du service d'aide aux Néo-Canadiens en une seule journée.

Photo : Radio-Canada / Marie-Hélène Rousseau

Radio-Canada

De plus en plus de travailleurs étrangers temporaires se retrouvent sans emploi une fois arrivés en Estrie. C’est que les entreprises mandatées pour les accueillir n’ont parfois plus de travail pour eux. Comme la plupart ont un permis de travail fermé, ils se retrouvent devant rien.

Cette situation place les travailleurs dans un contexte de grande vulnérabilité. Les organismes qui leur viennent en aide se disent débordés. La situation semble empirer depuis le mois de décembre.

Le directeur général du Service d’aide aux Néo-Canadiens, Serge Ranger, a reçu 12 travailleurs dans les locaux de l’organisme en une seule journée pour obtenir de l’aide.

Au cours des dernières années, le nombre de travailleurs étrangers temporaires accueillis au Canada a bondi. On les emploie notamment dans le secteur agricole, mais aussi dans tous les secteurs de l’économie.

Si dans le domaine agricole, les offres d’emploi sont plutôt stables, dans le domaine manufacturier, la situation économique est plus difficile, ce qui pousse les employeurs à licencier des travailleurs. Les travailleurs étrangers sont souvent les premiers à être renvoyés.

Permis fermés : un frein

En venant au Canada, de nombreux travailleurs étrangers détiennent un permis de travail fermé. Ils peuvent ainsi travailler uniquement pour l’employeur avec qui ils ont ce permis. Quand ils se retrouvent sans emploi, c'est très compliqué d'être embauchés ailleurs. Entre autres, ça implique des délais et une autre entreprise doit accepter de faire les démarches et de remplir la paperasse nécessaire pour que ce soit possible.

La situation devient très stressante pour les personnes touchées qui rêvaient de venir travailler au Canada pour améliorer leurs conditions. C’est le cas de trois travailleurs originaires du Mexique, du Guatemala et de la Colombie qui avaient tous obtenu un poste pour la même entreprise de soudure à Sherbrooke. Ils ont accepté de témoigner sous le couvert de l'anonymat par crainte de représailles.

Je survis avec mes économies et je cherche du travail. J'espère qu'une entreprise acceptera de m'embaucher et de faire toute la paperasse, mais c'est difficile, raconte l'un d'eux.

Je suis préoccupé. Ma famille dépend de moi. Je dois payer mon appartement et tout ce qui vient avec.

Une citation de Travailleur étranger temporaire

Je sens que j'ai les mains liées. On veut bien faire les choses et respecter la loi. Écoutez, on demande du travail, on ne demande pas de cadeaux, ajoute un autre travailleur.

La solution? Plus de permis ouverts

À Actions interculturelles, un organisme qui accompagne ces travailleurs, la tâche s’alourdit. Des assouplissements au programme sont réclamés. Depuis plusieurs années, cet organisme demande que les travailleurs étrangers aient accès à des permis ouverts.

Ce type de permis permet de prévenir l’exploitation des travailleurs. En cas de maltraitance, l’employé peut choisir de se tourner vers un autre employeur.

Le coordonnateur du volet des travailleurs étrangers temporaires pour Actions interculturelles, Jasmin Chabot, souligne que la situation est urgente.

C'est un fléau! Tous les organismes qu’on a rencontrés sont débordés par cette situation. Je trouve que c’est un manque de respect envers ces travailleurs qu’on juge essentiels, qui ont un contrat qu'ils n’arrivent pas à faire respecter.

Une citation de Jasmin Chabot, coordonnateur du volet des travailleurs étrangers temporaires, Actions interculturelles

Je comprends que, dans la situation économique, il y a certaines entreprises pour qui ça ne va pas bien, ajoute Jasmin Chabot, mais s’ils sont déjà sur le territoire, est-ce qu’on ne peut pas essayer de les placer d’une façon simplifiée, surtout s’ils ont une lettre de cessation d’emploi?

Dans certains cas, les travailleurs étrangers peuvent avoir accès à l'assurance-emploi s'ils répondent à certains critères.

Le risque du travail au noir

Dans l’éventualité où les travailleurs ne trouvent pas d’emploi, ils risquent de se tourner vers le travail au noir, prévient le Réseau d'aide aux travailleuses et travailleurs migrants agricoles du Québec. Ils vont se retrouver dans des réseaux qui, souvent, les exploitent encore plus. C’est ça qu’il faut éviter. C'est ça que le gouvernement doit éviter, autant le gouvernement québécois que le gouvernement fédéral, soutient son coordonnateur juridique, Michel Pilon.

Je pense que la façon de régler cette situation est que, dans le cadre du programme pour les travailleurs vulnérables du gouvernement fédéral, on pourrait ajouter comme critère le licenciement. Ça permettrait à ces travailleurs de faire une demande de permis ouverts pour les travailleurs vulnérables parce que, de toute façon, quand ils sont licenciés, ils deviennent vulnérables, ajoute-t-il.

Avec les informations de Marie-Hélène Rousseau

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