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Glencore promet des correctifs et de meilleures pratiques de transbordement

La minière a commandé une étude de préfaisabilité pour trouver des solutions à ses problèmes de volatilité des composés de nickel qu'elle transborde au port de Québec.

Les cales d'un navires ouvertes pendant une opération de déchargement.

Le concentré de nickel en provenance de Mine Raglan est déchargé du Arvik 1 au port de Québec. Une brume est utilisée comme filet de sûreté pour maintenir le concentré dans la cale.

Photo : Radio-Canada / David Rémillard

La minière Glencore promet d'apporter les correctifs demandés par le ministère de l'Environnement et bien au-delà. Elle travaille actuellement à la mise au point d'un système de chargement et de déchargement de ses produits du nickel sous couvert.

L'entreprise a ouvert les portes de ses installations portuaires du secteur de Beauport à Radio-Canada, mercredi, pour expliquer les mesures mises en œuvre depuis une dizaine d'années afin de limiter les émissions des produits du nickel transbordés par la multinationale.

La veille, Glencore avait été montrée du doigt par le ministère de l'Environnement pour deux dépassements de la norme de nickel dans l'air ambiant survenus en décembre 2022 et en janvier 2023. Québec a notamment délivré un avis de non-conformité pour des bris d'équipement, lesquels coïncidaient avec ces dépassements.

On reproche à Glencore de ne pas avoir maintenu en bon état de fonctionnement et de ne pas avoir utilisé de manière optimale un équipement permettant de réduire le rejet de contaminants dans l’environnement. L'entreprise promet un plan de mesures correctives d'ici l'échéance fixée au 1er avril.

Un navire rouge est amarré à un port industriel sur des eaux glacées.

Le MV Arvik 1, de la compagnie Fednav, assure le transport du nickel entre Deception Bay, au Nunavik, et les installations portuaires de Québec. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada

Le ministère de l'Environnement a aussi analysé sur 18 mois, dès avril 2022, les pics de concentration de nickel dans l'air à la station d'échantillonnage Québec–Vieux-Limoilou, même ceux sous la norme réglementaire.

La direction régionale du contrôle environnemental de la Capitale-Nationale a ainsi établi une relation entre le cycle des navires accostés aux installations de Glencore et l'augmentation des concentrations de nickel mesurées dans l'air ambiant.

60 millions $ d'investissements

Maurice Moreau, chef des systèmes de gestion environnementale chez Glencore, admet que l'entreprise a encore des obstacles à surmonter à cet effet, malgré des améliorations au cours des dernières années. Nos efforts sont maintenant sur le chargement et le déchargement de nos navires, dit-il, rencontré au quai situé à l'embouchure de la rivière Saint-Charles.

Derrière lui, le Arvik 1 était justement amarré pour le déchargement d'un concentré de nickel provenant de la mine Raglan, au Nunavik. Le brise-glace loué à Fednav, mais conçu spécialement pour Glencore, est entré en service il y a trois ans.

Un homme porte de l'équipement de protection devant des installations industrielles.

Maurice Moreau est chef des systèmes de gestion environnementale chez Glencore

Photo : Radio-Canada / David Rémillard

Chaque année, ce navire fait huit voyages entre le port de Québec et Deception Bay chargé de pentlandite, un concentré contenant 17 % de nickel. En tout, 225 000 tonnes de ce produit transigent par les installations de Québec annuellement.

Chaque déchargement prend de quatre à cinq jours pour être complété, à raison de 24 heures par jour. La cale en déchargement est toujours ouverte, précise M. Moreau. C'est donc dire qu'à chaque transbordement, la pentlandite est exposée à l'air ambiant de 96 à 120 heures.

C'est lors de ces périodes de transbordement que des augmentations de la concentration de nickel dans l'air ont été mesurées dans la communauté, selon le ministère de l'Environnement.

Du concentré de nickel dans une cale de navire.

Le concentré de nickel, pur à 17 %, dans une cale du Arvik 1.

Photo : Radio-Canada / David Rémillard

Mesures d'atténuation

M. Moreau vante plusieurs améliorations au système de déchargement pour éviter que le composé, d'un poids de 5 à 50 microns et donc très volatil, ne soit répandu dans l'atmosphère. Un système de brumisation a notamment été installé pour maintenir le concentré de nickel dans la cale ouverte pendant le déchargement.

Glencore a aussi adapté le système VISION à ses activités, permettant à l'opérateur du bras mécanique de voir en tout temps les niveaux de concentré au fond de la cale. Le bras en lui-même est une innovation récente, poursuit Maurice Moreau. En constant mouvement et désormais sur rails pour accélérer le processus, il est muni de capteurs permettant d'éviter les contacts avec les murs de la cale.

Des installations portuaires et industrielles en hiver

Le concentré de nickel, une fois déchargé du navire, passe un convoyeur sous couvert avant d'être entreposé dans un dome métallique.

Photo : Radio-Canada / Félix Morrissette Beaulieu

Un système d'alerte permet enfin de détecter des concentrations trop élevées de nickel dans l'air au-dessus du navire. On reçoit des alertes sur nos téléphones, cite en exemple le chef des opérations environnmentales.

Malgré ces mesures, la multinationale a été liée à des dépassements de la norme de nickel quotidienne de 70 nanogrammes par mètre cube d'air, ainsi qu'à des pics au-dessus de l'ancienne norme de 14 nanogrammes. Elle n'a pas encore trouvé de solution pour mettre les activités de déchargement de la pentlandite sous couvert. Pour le moment, Glencore a choisi de se concentrer sur ses pratiques de monitorage.

Il y a toujours la possibilité d'erreurs humaines, de bris d'équipement. On fait de notre mieux pour tout maintenir en bon état et respecter les règlements en place.

Une citation de Maurice Moreau, chef des systèmes de gestion environnementale

Maurice Moreau rappelle que la norme de nickel dans l'air ambiant, depuis sa mise à jour au printemps 2022, a été respectée lors de 98 % des échantillons prélevés dans la communauté du Vieux-Limoilou. La norme annuelle moyenne de 20 nanogrammes par mètre cube d'air a quant à elle été respectée depuis son entrée en vigueur, toujours en 2022.

Glencore vient tout juste d'ouvrir une expansion de la mine Raglan et souhaite demeurer au port de Québec pour encore au moins 25 ans, soit la durée de vie du gisement de nickel actuellement exploité près de Salluit.

Solution pour le chargement

Maurice Moreau est plus optimiste de trouver une solution pour le chargement des navires au port de Québec. Dans ce cas-ci, le composé à transboder est de la matte de nickel, un produit obtenu à partir de la pentlandite qui arrive du Nunavik.

De Québec, le concentré de la mine Raglan est envoyé par trains dans une fonderie de Glencore à Sudbury, en Ontario, puis renvoyé au port de Québec une fois transformé en matte.

L'entreprise, confie M. Moreau, a commandé une étude de préfaisabilité et s'approche d'une solution afin de couvrir les activités de chargement de la matte dans les vraquiers, qui s'en vont ensuite en Norvège, où Glencore procède à une dernière transformation du nickel.

Des wagons de train chargés dans un bâtiment bleu

Le chargement et le déchargement des wagons se fait dans un bâtiment couvert. Pendant le chargement, les portes sont fermées en tout temps, assure Glencore.

Photo : Radio-Canada

Contrairement au déchargement, le chargement se fait avec un bras fixe, explique M. Moreau. Ainsi, Glencore travaille à mettre au point des portes qui permettraient de couvrir les cales pendant que la matte est envoyée au fond des bateaux, à l'image d'un entonoir. Le défi, cependant, consiste à trouver un système capable de s'adapter à plusieurs vraquiers différents.

Car contrairement au Arvik 1, qui s'occupe exclusivement du minerai de la mine Raglan, la matte de nickel est transbordée en plus petite quantité, mais beaucoup plus fréquemment, à raison de 25 voyages par année. L'ouverture des cales n'étant pas toujours la même selon les différents navires, la solution devra permettre une certaine polyvalence, selon Glencore.

Notre approche était d'attaquer le chargement car c'état beaucoup plus facile à mettre en place.

Une citation de Maurice Moreau

À terme, si la solution fonctionne pour l'étape du chargement de la matte, Maurice Moreau espère l'adapter au déchargement du concentré de nickel avec le Arvik 1. Il faut qu'on développe une technologie qui n'existe pas. On peut ne pas l'acheter sur une tablette quelque part.

Glencore n'est toutefois pas en mesure de donner d'échéancier précis ni d'évaluer les investissements qui seront nécessaires pour la mise sous couvert des cales de navires. Pour les investissements, on peut pas mettre un total dessus. Il faut développer les technologies et être certain que ça fonctionne, souligne Maurice Moreau.

Ce dernier assure que Glencore est derrière lui à 100 % pour l'atteinte de ces objectifs.

Glencore au port de Québec

1967 : début des activités au port de Québec et transbordement de matte de nickel.

1997 : ouverture de Mine Raglan et transbordement de concentré de nickel au port de Québec.

2015 : mise sous couvert des activités de transbordement, à l'exception des cales de navire, et certification ISO 14001.

2021 : mise en service du Arvik 1, conçu pour le transport du concentré produit à la mine Raglan.

2021-2023 : mise en service du nouveau bras de chargement et du système VISION.

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