Mort de Maureen Breau : un expert critique la préparation à l’intervention policière
Des erreurs ont miné l'intervention policière qui a mené à la mort de Maureen Breau le 27 mars 2023, selon un expert.
Photo : Radio-Canada
Le manque de préparation mentale et le manque de planification du risque sont deux éléments qui ont fortement influencé le dénouement de l’intervention policière du 27 mars qui a mené à la mort de Maureen Breau, selon un expert qui a témoigné mercredi au palais de justice de Trois-Rivières.
Le spécialiste en analyse de la force Bruno Poulin, qui travaille depuis plus de 30 ans à l’École nationale de police du Québec a présenté une analyse de l’intervention, qu’il a bâtie à l’aide du rapport de la CNESST ainsi que les témoignages qu’il a entendus au cours des semaines de l’enquête publique.
M. Poulin a dit d’emblée que les policiers qui sont intervenus chez Isaac Brouillard Lessard le 27 mars ont été influencés par leur dernière intervention qui s’était bien passé
le sujet le 24 mars. Cette rencontre les a influencés à ne pas prévoir de la violence.
Il déplore par ailleurs que les policiers n’aient pas pris en compte l’existence d’un sabre dans l’appartement du sujet, une arme qu’ils avaient vue lors de leur visite du 24 mars, ainsi que la facilité d’accéder aux couteaux de cuisine dans le petit appartement du sujet.
En ce qui concerne l’intervention elle-même, M. Poulin, affirme que les policiers ont fait une erreur critique dans la planification de leur arrivée devant la porte du sujet.
À lire aussi :
Il indique, de façon rétrospective, qu’en se plaçant devant la porte sans anticiper un couteau, qu’il s’agissait de probablement la pire option d’intervention à exécuter par les policiers auprès d’un sujet qui avait un historique documenté de violence
.
En ce qui concerne les moments qui ont suivi l’attaque au couteau par Isaac Brouillard Lessard, l’expert note que les policiers n’ont pas signalé la présence d’un couteau, comme l’école de police tente d’enseigner à tous les candidats pour devenir policier.
Il concède toutefois qu’il est très normal que ce genre d’apprentissage disparaisse sous le coup du stress lié à une attaque. Il réitère que le manque de préparation mentale
à une attaque pourrait avoir influencé la réaction à la tournure des événements.
En ce qui concerne le repli de l’agent Constant Perreault, M. Poulin croit qu’il ne s’agit pas d’une mauvaise décision en soi, mais que celui-ci aurait dû signifier la présence d’un couteau et avertir son collègue qu’il procédait à un repli.
M. Poulin analyse qu’en raison du caractère spontané de l’attaque au couteau et à la couleur noire de l’arme brandit par Isaac Brouillard Lessard, qu’il est convaincu
que Maureen Breau pourrait ne jamais avoir vu
le couteau qui a été utilisé pour la poignarder.
Elle s’est précipitée pour aller aider l’agent Berrouard
, ajoute-t-il.
M. Poulin a par la suite émis une série de recommandations pour aider les agents à éviter ce genre de tragédie dans le futur.
Il a notamment proposé de mettre en place des formulaires d’analyse du risque pour les patrouilleurs de la Sûreté du Québec pour mieux comprendre quand l’intervention du groupe d’intervention tactique est nécessaire.
Il a aussi proposé un meilleur entraînement en situation de stress pour les policiers, afin de mieux préparer les policiers à mieux répondre aux interventions qui tournent mal.
