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Nickel au port de Québec : « les colonnes du temple ont été ébranlées », selon Marchand

Le port de Québec.

La minière Glencore transborde du nickel au port de Québec. Le ministère de l'Environnement établit un lien entre ses activités et les pics de concentrations de nickel dans l'air de Limoilou. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Carl Boivin

L'avis de non-conformité émis par le ministère de l'Environnement à la minière Glencore sur ses activités de transbordement de nickel au port de Québec, « a ébranlé les colonnes du temple », selon le maire Bruno Marchand. Ce dernier voit d'un bon œil la surveillance accrue des activités portuaires.

Radio-Canada révélait mardi les constats d'une enquête du ministère de l'Environnement. Menée sur 18 mois, l'initiative découlait du plan de contrôle renforcé, mis en place en 2022, pour améliorer la qualité de l'air en Basse-Ville de Québec à la suite de l'assouplissement de la norme sur le nickel.

Après les inspections, la récolte de données et les analyses en laboratoire, le ministère a établi une relation entre le cycle des navires accostés aux installations de Glencore et l'augmentation des concentrations de nickel mesurées dans l'air ambiant à la station d'échantillonnage Québec—Vieux-Limoilou.

Un navire amarré à un port industriel sur des eaux glacées.

Le MV Arvik 1, de la compagnie Fednav, assure le transport du nickel entre Deception Bay, au Nunavik, et les installations portuaires de Québec.

Photo : Radio-Canada

L'enquête ministérielle a aussi permis à l'État québécois d'émettre un avis de non-conformité à Glencore pour des manquements observés à ses infrastructures. L'avis a été délivré le 29 février dernier et un plan de mesures correctives doit être présenté par l'entreprise d'ici le 1er avril.

Le Port de Québec réclame lui aussi des mesures et rappelle que chaque opérateur sur ses terrains a un rôle à jouer pour maintenir la confiance de la population. Le Port de Québec demande à Glencore de produire, d’ici les 60 prochains jours, un plan portant sur des mesures correctives soutenu par une démonstration probante des résultats anticipés, a déclaré l'administration portuaire par écrit.

Glencore s'engage pour sa part à déposer le plan dans les délais déterminés. Un plan d’action est en préparation et lui sera transmis au plus tard le 1er avril prochain. Dans ce contexte, nous ne commenterons pas davantage, a réagi l'entreprise dans une déclaration écrite.

Une bonne nouvelle

Le maire de Québec, Bruno Marchand, s'est quant à lui réjoui des annonces du ministère de l'Environnement.

C’est ce à quoi on s’est engagé il y a deux ans. On s’est engagé à la transparence et c'est exactement ce que le ministère fait. C'est une bonne nouvelle, a-t-il réagi en point de presse, mardi matin. On va aller plus loin, je suis convaincu de la volonté du ministre. Le Port est là. [...] Glencore va s'adapter, Glencore doit s'améliorer.

Le maire rappelle l'entente annoncée en 2022 entre la Ville, l'administration portuaire et le gouvernement provincial, qui ont promis de collaborer pour limiter les impacts des activités industrielles à proximité des quartiers résidentiels, en particulier le Vieux-Limoilou. On est exactement là où on voulait être, affirme Bruno Marchand.

Le ministre de l'Environnement, Benoit Charette, et le maire de Québec, Bruno Marchand.

Le ministre de l'Environnement et le maire de Québec, Bruno Marchand, ont promis de resserrer le contrôle de la qualité de l'air. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Bruno Boutin

À savoir s'il fallait imposer des amendes et non pas que des avis pour faire réagir la multinationale suisse, le maire se dit persuadé des impacts de la récente intervention du gouvernement provincial. Déjà, on a senti que ça avait ébranlé les colonnes du temple.

Outre le maire de Québec, la conseillère municipale de Limoilou et cheffe de Transition Québec, Jackie Smith, s'est aussi réjouie des conclusions du ministère de l'Environnement.

Après toutes ces années d'efforts de la communauté, [...] le ministère pointe enfin du doigt les responsables, a-t-elle déclaré. Nous allons suivre de près les mesures que Glencore compte mettre en place pour corriger la situation et nous allons continuer de demander au ministère qu’il revienne aux normes antérieures de concentration de nickel dans l’air.

La norme journalière de nickel dans l'air ambiant est passée, au printemps 2022, d'un maximum de 14 nanogrammes par mètre cube d'aire à 70 nanogrammes par mètre cube, soit cinq fois plus. Cet assouplissement était réclamé par l'industrie minière, dont Glencore.

L'usine de pâtes et papier White Birch et le port de Québec en bordure des quartiers Saint-Roch et Limoilou.

Le secteur Vieux-Limoilou, ainsi que les quartiers Maizerets et Lairet, sont exposés aux activités industrielles dans le secteur de la baie de Beauport, où se trouve le port de Québec, la White Birch et l'incinérateur. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Erik Chouinard

Pas une bonne nouvelle

Claude Villeneuve, chef de l'opposition à l'hôtel de ville, interprète la situation à l'inverse. Ce n'est pas une bonne nouvelle ce qu'on apprend ce matin, a-t-il tranché. Ce n'est pas une bonne nouvelle de constater que Glencore continue ses activités, même quand ses équipements ne sont pas prêts.

M. Villeneuve, cynique après 15 ans de combat citoyen pour la qualité de l'air dans Limoilou, se désole de voir que le ministère n'a pas émis de sanctions, de pénalités, ni d'amendes. L'avis de non-conformité et la demande de correctifs à Gencore sont insuffisants selon lui. Ça donne l'impression que le ministère ne prend pas la question au sérieux.

On fait l'esbroufe en agitant un avis de non-conformité qui ne sanctionne absolument pas Glencore.

Une citation de Claude Villeneuve, chef de Québec d'abord et conseiller de Maizerets-Lairet

Le député solidaire de Jean-Lesage, Sol Zanetti, penche du même côté que M. Villeneuve. Moi ce qui me choque le plus là-dedans, c'est qu'il n'y a aucune conséquence financière, il n'y a pas de punition. Glencore a fait 4,3 milliards de profit l'an dernier et ils peuvent polluer notre air ici sans conséquence financière, c'est scandaleux, a-t-il pesté. Ce qui attire mon attention, c'est que le ministre ne sévit pas.

Le ministre de l'Environnement, Benoit Charette, réitère qu'il est prêt à prendre des mesures supplémentaires si Glencore ne se conforme pas aux exigences gouvernementales. Un avis d'exécution des travaux pourrait notamment être envoyé pour imposer des réparations. En entrevue à Radio-Canada, une haute fonctionnaire du gouvernement a aussi déclaré que tout était sur la table, y compris des sanctions pécuniaires.

Pas de révision de la norme

Benoit Charette se dit somme toute satisfait du plan de contrôle renforcé mis en place il y a deux ans. Il souligne que la norme de nickel dans l'air, sur une base journalière, n'a été dépassée qu'à quatre reprises depuis sa mise en place, et que la norme annuelle de 20 nanogrammes par mètre cube a été respectée.

Québec n'a d'ailleurs pas l'intention de revoir sa norme assouplie. Les normes de qualité de l’atmosphère pour le nickel ont été établies de façon prudente, selon des méthodologies reconnues, de déclarer un porte-parole du ministère.

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