Les employés d’Airbus Canada à Mirabel se dotent d’un mandat de grève
Des employés travaillent sur un appareil A220-100 à Mirabel.
Photo : Reuters / Christinne Muschi
Les 1300 travailleurs syndiqués spécialisés dans la construction de l’Airbus A220 (anciennement C Series) à Mirabel ont rejeté l'offre patronale dans le cadre des négociations sur leur convention collective et se sont dotés d'un vote de grève.
Ce vote de grève fait en sorte que le comité de négociation a désormais le pouvoir de déclencher une grève générale si l’employeur ne démontre pas davantage d’ouverture aux revendications des travailleuses et des travailleurs
, mentionne dans un communiqué de presse le syndicat, la section locale 712 de l’Association internationale des machinistes et des travailleurs et travailleuses de l’aérospatiale (AIMTA).
Le syndicat indique que plus de 82 % des travailleurs se sont prononcés lors du vote.
Parmi eux, 99,6 % des membres se sont prononcés contre l'offre patronale. Le vote de grève a pour sa part été soutenu par 98,9 % des membres qui ont voté.
Les membres ont été insultés de voir que les augmentations proposées ne compensaient même pas la perte du pouvoir d’achat provoquée par l’inflation des dernières années.
Les hausses de salaire, les primes de quart et d’affectation, les vacances, l’horaire de travail, l’obtention de garanties d’emploi [ainsi que] le régime de retraite et d’assurances collectives sont les principaux enjeux de la négociation
, mentionne le syndicat.
Celui-ci souligne que l'offre de la direction (10,25 % de hausse de salaire sur trois ans) est trop faible pour compenser la hausse du coût de la vie.
Par courriel, la direction de l'entreprise a dit prendre acte
des résultats du vote.
Cette première offre avait été proposée au syndicat à la suite des discussions ouvertes qui ont eu lieu depuis quelques mois et prenait en compte notamment le contexte actuel de l’A220, qui n’a pas encore atteint son seuil de rentabilité.
Airbus ajoute qu'il s'agit d'une étape dans les négociations
et dit souhaiter continuer le dialogue constructif qui s’est amorcé au cours des derniers mois afin que nous puissions, ensemble, trouver un accord qui convienne aux deux parties, tout en veillant au succès à long terme de l’A220
.
Les deux parties poursuivront leurs discussions à la table de négociation lundi.
Même si le syndicat a désormais le pouvoir de déclencher une grève, il n'en est pas encore là, a indiqué M. Rancourt.
Ce qu'on va faire, dès demain matin [lundi], c'est établir des moyens de pression à l'intérieur de l'usine pour ralentir la production, entre autres
, a-t-il dit sans vouloir divulguer plus de détails.
La convention collective des travailleurs de Mirabel est arrivée à échéance le 1er décembre 2023 et les discussions avec la partie patronale se sont amorcées en novembre dernier.
Mauvaise nouvelle pour Airbus
Cette nouvelle survient à un mauvais moment pour Airbus Canada, qui mise sur une accélération de la cadence de production pour être capable de passer graduellement de 6 à 14 appareils assemblés chaque mois d'ici 2026.
Cette hausse de la cadence implique du recrutement et surtout l'engagement des travailleurs
, souligne M. Rancourt.
Les délais de livraison s’étirent actuellement jusqu’à la fin de la décennie pour les avions monocouloirs (dont le A220) et jusqu’en 2028 pour les longs-courriers, comme le A320, précisait il y a un mois à Radio-Canada Christian Scherer, patron d'Airbus Avions commerciaux.
En 2023, le chiffre d’affaires d’Airbus a progressé de 11 % pour atteindre 65,4 milliards d’euros (95 G$ CA). La division Avions commerciaux, qui a progressé de 15 %, a généré près des trois quarts des revenus et 78 % du bénéfice d'exploitation de l’entreprise.
Avec les informations de La Presse canadienne