L’IA pour décrypter le langage des poules et améliorer leurs conditions d’élevage

Dans les fermes d’élevage, les poules « en ont long à dire ». Pas avec des mots, bien sûr, mais plutôt avec les pauses de leurs gloussements ainsi que le ton et l'énergie qui se dégagent de ceux-ci. Pour décoder la signification de ces sons, un chercheur néo-écossais s'est tourné vers l'intelligence artificielle.

La communication est au cœur des travaux de Suresh Neethirajan, professeur et chercheur au Département des sciences animales et de l’aquaculture de l’Université Dalhousie, à Halifax.

Même nous, les humains, il y a souvent des malentendus lorsqu’on communique. On a tendance à mal interpréter ce que les autres disent. La communication, c’est pourtant la clef pour se comprendre, dit-il.

Et si l’on pouvait comprendre le langage des animaux de ferme comme les poules pour améliorer leur qualité de vie?

Pendant environ 16 semaines, Suresh Neethirajan a mis sur écoute des centaines de poules, au  campus agricole de l'Université Dalhousie, à Bible Hill, un petit village près de Truro.

L'objectif est de déchiffrer la signification de leurs vocalises et de leur comportement.

Tous les jours, nous avons collecté un tas de données, dit-il. Nous avons tenté de créer des situations de stress dans leur champ visuel, par exemple en ouvrant soudainement un parapluie devant eux. Nous avons aussi fait jouer des enregistrements de chiens qui aboient.

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Les scientifiques tentent ainsi de comprendre comment différentes situations de stress peuvent avoir un impact sur les poules et comment elles s’expriment ou communiquent à ces moments précis.

Les poules se regroupent parfois pour exprimer entre elles leur satisfaction, leur mécontentement ou leur frustration, confirme Suresh Neethirajan. Même lorsqu’il y a un délai dans le temps de ravitaillement, un changement dans le protocole d’hygiène ou une augmentation de l’intensité lumineuse, elles peuvent l’exprimer grâce à leurs vocalises.

L'IA et les fonctions cognitives des poules

Au Atlantic Poultry Research Institute (APRI), à Truro, les enregistrements sonores de la ferme sont transmis à un programme d’intelligence artificielle.

L’IA sert alors à analyser les tendances et les fréquences de certains sons, ce qui permet aux scientifiques de mieux comprendre quand et pourquoi les poules les utilisent.

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Puis, nous collaborons avec des spécialistes du comportement animal pour créer un spectre de compréhension de la cognition, précise Suresh Neethirajan.

Ainsi se dévoilent les zones d’émotions positives, négatives ou neutres qui affectent les fonctions cognitives des poules.

Suresh Neethirajan espère que les résultats de ses recherches permettront aux éleveurs et aux autres acteurs de l’industrie d’améliorer le bien-être des poules, du moins lors de leur passage à la ferme.

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L'équipe de Suresh Neethirajan envisage d'appliquer ses recherches à d’autres espèces de ferme, qui, dit-il, ont aussi leurs systèmes de communication.

Les vaches laitières peuvent parfois être passives-agressives et donner des coups de langue vigoureux pour démontrer leur mécontentement, explique-t-il.

Par exemple, pendant la période de mise à bas des vaches, elles ont besoin d'un peu plus d'espace et elles essayent de le communiquer.

En nous intéressant à ces signes très subtils et les vocalises, ça peut nous permettre de développer de nouvelles lignes directrices afin que les éleveurs sachent qu'ils devraient leur donner un peu plus d'espace trois ou quatre jours avant la mise à bas, illustre Suresh Neethirajan.

D’après les informations de Paul Légère et de Feleshia Chandler de CBC