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Le Québec n’aura pas plus de pouvoirs en immigration, dit Justin Trudeau

Le premier ministre Trudeau s'est toutefois montré ouvert à certains ajustements, précise François Legault.

Les premiers ministres Trudeau et Legault juste avant leur rencontre de vendredi à Montréal.

La rencontre entre Justin Trudeau et François Legault a duré moins d'une heure, vendredi matin.

Photo : La Presse canadienne / Christinne Muschi

Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a opposé vendredi une fin de non-recevoir à son homologue québécois, François Legault, qui réclame depuis plusieurs années davantage de pouvoirs en matière d'immigration, une compétence partagée entre les deux ordres de gouvernement.

Reconnu pour ses circonvolutions verbales en conférence de presse, M. Trudeau s'est montré cette fois très clair lorsque la question lui a été posée à l'issue de sa rencontre avec M. Legault, vendredi matin, à Montréal.

Non, nous n’allons pas donner plus de pouvoirs [au Québec] en immigration, a-t-il statué. Le Québec a déjà plus de pouvoirs en immigration que n’importe quelle autre province, parce que c’est très important de protéger le français.

Moi, ce qui m’intéresse, c’est de faire fonctionner le système d’une meilleure façon. Ce n’est pas une question de qui a le contrôle de quoi; ce n’est pas une question de compétences ou de Constitution; c’est une question d’arriver à des solutions.

Une citation de Justin Trudeau, premier ministre du Canada

Il n’y a pas un pays dans le monde qui va donner le contrôle de son immigration à une partie de son territoire, a aussi plaidé M. Trudeau au micro de l'émission Midi info, vendredi, sur les ondes d'ICI Première.

En ce qui a trait au milliard de dollars que le gouvernement Legault demande au fédéral pour suppléer aux sommes engagées pour la prise en charge des dizaines de milliers de demandeurs d’asile qui affluent chaque année au Québec, Justin Trudeau a reconnu que la province faisait plus que sa part en la matière.

Sans s’engager à verser toute la somme demandée, M. Trudeau a convenu que l'afflux de ces demandeurs d'asile exerçait une pression non seulement sur les finances de la province, mais aussi sur ses systèmes de santé et d’éducation.

Assurant qu’il y aurait une compensation, il a aussi fait savoir que les calculs effectués par Québec seront examinés en rencontres de travail.

François Legault évaluera ses options

Confronté à une vague massive d'immigration temporaire qui met sous pression les services publics québécois, le premier ministre Legault avait déclaré plus tôt cette semaine qu'il profiterait de cette rencontre pour réclamer les pleins pouvoirs en matière d'immigration.

C'est donc contrit qu'il a admis en point de presse vendredi que, malheureusement, son homologue canadien avait réitéré son refus.

M. Trudeau, cela dit, a fait montre d'ouverture dans plusieurs dossiers, a mentionné François Legault, notamment en lien avec la délivrance de visas, qui pourrait, selon le premier ministre du Québec, être resserrée, à l'instar des Mexicains. Les ressortissants d'autres pays pourraient être visés.

Le premier ministre Trudeau a aussi montré de l'ouverture en lien avec le délai de traitement moyen des demandes d'asile, que le Québec aimerait ramener de 18 à 6 mois, a indiqué M. Legault.

Il se serait en outre montré ouvert à ce que les travailleurs temporaires qui relèvent d'Ottawa soient d'abord approuvés par le Québec; à ce que la connaissance du français devienne pour eux une exigence; et à ce qu'une partie de leurs demandes de renouvellement de permis soit refusée.

Si Ottawa s'assurait d'avoir un certificat d'acceptation du Québec pour tous les travailleurs temporaires, déjà, ça donnerait au Québec une espèce de "droit de veto" sur tous les travailleurs temporaires. Déjà, ce serait un gain.

Une citation de François Legault, premier ministre du Québec

Les premiers ministres du Canada et du Québec ont convenu de se revoir d'ici le 30 juin pour faire le suivi des dossiers dont ils ont discuté vendredi, a fait savoir M. Legault, vendredi.

Entre-temps, le gouvernement du Québec examinera toutes ses options pour réduire rapidement le nombre de demandeurs d'asile et de travailleurs temporaires dans la province, a-t-il dit.

Appelé à en dire davantage, le premier ministre n’a pas voulu partager avec la presse sa stratégie pour la suite des choses, se contentant d’affirmer qu’il était trop tôt pour ce faire. Quand on va être prêts, on va vous le dire, s’est-il limité à dire.

François Legault marche en affichant un air sérieux.

Le premier ministre du Québec, François Legault, a échoué vendredi à obtenir les pleins pouvoirs en immigration.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

À la suite de la rencontre, le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon s'est dit prêt à soutenir la Coalition avenir Québec (CAQ) si l'examen de ces options débouche sur l'organisation d'un référendum sectoriel sur le rapatriement des pouvoirs en immigration, une idée qu'a déjà évoquée le premier ministre Legault.

M. St-Pierre Plamondon a dit trouver triste, voire humiliant que Québec ait ainsi à quémander des pouvoirs en immigration auprès du fédéral, alors que la CAQ a obtenu un mandat fort de 90 députés aux dernières élections.

Le "non" clair et retentissant de Justin Trudeau est cavalier et à la limite du mépris envers une demande légitime, a-t-il estimé vendredi en marge d'une conférence de presse sur un autre sujet.

Le député solidaire Vincent Marissal, qui participait au même événement, s'est dit pour sa part peu surpris de la réponse du premier ministre du Canada, vendredi, à une revendication historique claire du Québec.

On est [encore] dans un scénario de "Ottawa knows best" [Ottawa est mieux placé pour savoir, NDLR], malheureusement, a déploré M. Marissal, selon qui la solution ultime, ce serait qu'on ait tous les pouvoirs, tout le temps, sur tous nos sujets.

En vertu d'une entente conclue avec Ottawa en 1991, le gouvernement du Québec gère lui-même le volume d'entrées de ses futurs résidents permanents et des immigrants économiques. Québec a aussi la responsabilité de veiller à leur intégration et leur francisation.

Le gouvernement fédéral doit s'occuper en revanche de l'accueil des réfugiés, de la réunification familiale et de tous les enjeux liés à la citoyenneté.

Québec réclame notamment du fédéral qu'il mette des autocars à la disposition des demandeurs d'asile qui arrivent à Montréal-Trudeau pour leur permettre de se rendre gratuitement dans d'autres provinces, à l'image du système déployé au bout du chemin Roxham dans les semaines ayant précédé sa fermeture, l'hiver dernier.

Selon la compréhension de François Legault, Ottawa serait hésitant à donner suite à cette requête parce que le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, s'y oppose.

Avec les informations de La Presse canadienne

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