Il était 15 h 05, un 13 mars, à Amqui
Les cloches ont résonné, des silences se sont déposés, puis quelques centaines de personnes se sont rassemblées mercredi soir pour commémorer la tragédie survenue l'an dernier.
Des citoyens se sont réunis sur le boulevard Saint-Benoît à Amqui pour honorer la mémoire des victimes de l'attaque au camion-bélier survenue le 13 mars 2023.
Photo : Radio-Canada / Jean-François Deschênes
Un soleil vif et printanier a brillé mercredi, à l’image de cet après-midi du 13 mars 2023, au centre-ville d’Amqui. Depuis le début de la matinée, les cloches de l’église ont sonné toutes les heures, en mémoire des trois vies qui ont été fauchées dans une attaque au camion-bélier, et pour les survivants.
Sur le boulevard Saint-Benoît, lieu du drame qui s’est produit il y a un an jour pour jour, des gens sont sortis des commerces. Des personnes, dont le frère d’une des victimes, Gérald Charest, se sont arrêtées sur le trottoir.
C'est vraiment important, parce que ça a été dur. Mon frère est décédé instantanément. [...] Mais le premier tour de roue est fait. Après ça, ça devrait aller mieux un petit peu, tranquillement. On peut pas changer l'histoire, mais il faut que justice soit faite, et on va essayer de continuer tranquillement, en se supportant. Le monde d'Amqui, c'est du monde qui se supporte
, affirme Sylvain Charest.
J'aime pas ça, j'aime pas être ici, mais il faut faire le tour. Et on se rappelle de bons souvenirs. Mon frère Gérald, c'était un gars drôle. On était proches.
La blessure est encore vive dans la communauté.
Photo : Radio-Canada / Jean-François Deschênes
À 15 h 05, moment précis où la vie de bien des familles a été bouleversée à Amqui, les citoyens rassemblés sur le boulevard se sont recueillis en silence.
Pendant trois minutes, une peinture vivante, à la fois poignante et solennelle : tous ont porté leur regard dans la même direction, vers l’est. C’est de là qu’a surgi la camionnette il y a un an, avant de foncer sur la foule.
Au même moment, d’autres proches des victimes se sont réunis sur le parvis de l’église. Ils se sont tenus par la main, en cercle, le temps d’observer une minute de silence.
Des proches des victimes de l'attaque du 13 mars 2023 se sont rassemblés sur le parvis de l'église d'Amqui, à 15 h 05.
Photo : Radio-Canada / Adrianne Gauvin-Sasseville
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La communauté se remet petit à petit du choc, mais elle n’a rien oublié. Certains ont même changé leurs habitudes lorsqu'ils se promènent en ville.
On fait notre trajet et on revient toujours dans le secteur… mais c’est sûr qu’on y pense. Des gens circulent même à l’envers pour voir venir les voitures
, affirme un passant.
La mairesse Sylvie Blanchette rappelle que l'objectif de la cérémonie de mercredi soir n'est pas de s'apitoyer sur le sort de la ville, mais bien d'honorer la mémoire des gens qui les ont quittés le 13 mars 2023, et de se montrer solidaires envers les survivants.
Photo : Radio-Canada / Roxanne Langlois
La mairesse d'Amqui, Sylvie Blanchette, indique que cette journée de commémoration fait remonter bien des émotions. Un rassemblement intime avec des victimes de l'attaque s'est d'ailleurs tenu mercredi après-midi. Il y a la conjointe d’une personne décédée qui n’était pas retournée marcher encore sur ces lieux-là, donc cet après-midi, tous ensemble, on était là
, explique l'élue.
Cet après-midi, on a vécu encore de grandes émotions, [...] et on les vit à la minute.
On est tous ensemble, solidaires, et la vie continue. Et il faut voir les beaux moments qu’on peut vivre aussi. C’est ça qu’on veut retenir
, souligne Mme Blanchette, qui s'est d'ailleurs permis un discours tout en humour lors du rassemblement de mercredi soir, au parc Pierre-et-Maurice-Gagné.
Ça ne s'oublie pas. On aurait pu être dans les victimes parce qu’on venait de quitter le trottoir
, raconte pour sa part une résidente croisée à Amqui.
J’ai trouvé ça beau que le monde se tienne, parce que… c’est épouvantable
, commente une autre.
En ce sens, le maître-mot des commémorations organisées mercredi est solidarité
, selon un bénévole de la fabrique d'Amqui, Daniel Thériault.
On voyait que les gens, ça les touchait, tout comme moi, ça nous touchait personnellement. C’était irréaliste, mais aussi rassembleur
, raconte-t-il.
Les gens se sont regroupés, se sont tenus debout, ont fait des manifestations [...] C’était vraiment extraordinaire de voir toute cette solidarité-là.
Daniel Thériault en compagnie du prêtre de la paroisse, Kindé Cosme Arouko
Photo : Radio-Canada / Roxanne Langlois
De son côté, le curé Kindé Cosme Arouko a indiqué que l'église d'Amqui avait ouvert ses portes pour toute personne, peu importe la foi, qui souhaitait se recueillir ou tout simplement briser l'isolement.
Les gens ont besoin de parler avec d’autres personnes. Ils sont sortis de la maison pour trouver un endroit neutre afin de se recueillir.
L’église, c’est la maison de tout le monde, et nous allons nous rassembler, prier ensemble, nous recueillir, dire aux gens qu’ils ne sont pas seuls et qu’il y a des gens qui les accompagnent, qui les écoutent
, a souligné le prêtre, quelques heures avant une messe tenue en mémoire des victimes.
Avec les informations de Pierre Chapdelaine de Montvalon, Adrianne Gauvin-Sasseville, Roxanne Langlois et Jean-François Deschênes