La Côte-Nord est « absente » du budget Girard, selon la communauté des affaires
Le gouvernement du Québec a présenté peu de mesures dans son budget 2024 concernant le logement et l'itinérance.
Photo : La Presse canadienne / Christinne Muschi
À la lecture du budget annoncé par Québec des chambres de commerce de la Côte-Nord jugent que les investissements en transport et en logement sont insuffisants pour répondre aux besoins de la région. D’autres groupes, comme les propriétaires de forêts privées, semblent avoir réussi à tirer leur épingle du jeu, tandis que certains élus sont perplexes.
Le constat du directeur de la Chambre de commerce de Manicouagan, Jeff Dufour Tremblay, qui représente les intérêts de la communauté d'affaires de la région, est tranchant : Ce qu'on constate, c'est que la région de la Côte-Nord est complètement absente de ce budget.
C’est le même constat pour le directeur général de la Chambre de commerce de Sept-Îles Uashat-mak-Mani-utenam (CCSIUM), John-James Blanchette. La Côte-Nord n’est mentionnée qu’une fois sur un document de 400 pages. C’est inacceptable.
Il regrette qu’aucun investissement ne soit fait pour stimuler l'entrepreneuriat dans la région et que certaines promesses ne soient pas tenues. Le pont de Tadoussac c’est un symbole de ça. On nous avait promis un investissement post-étude. Mais, il n’est pas présent dans le budget
, déplore John-James Blanchette.
De notre côté, on voit dans les dernières années que le pouvoir politique de la Côte-Nord diminue.
Jeff Dufour-Tremblay est le directeur de la Chambre de commerce de Manicouagan. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Camille Lacroix
Pour John-James Blanchette, la discrétion de la Côte-Nord dans le budget du Québec n’est pas due à un manque de communication. On est une région vocale, le gouvernement ne peut pas dire qu’il n’a pas entendu les régions. C’est une question de manque d’écoute
, estime-t-il.
Il y a une semaine, l’assemblée des MRC de la Côte-Nord avait dénoncé la déchéance
du transport aérien régional. Elle n’a toujours pas eu de réponse de la part de Québec.
Le gouvernement prévoit dans son budget la somme de 27 millions de dollars sur trois ans pour améliorer la desserte aérienne des régions. Ces nouvelles sommes viennent surtout bonifier le Programme d’accès aérien aux régions (PAAR), un programme de billets d’avion subventionnés.
Selon le maire de Sept-Îles et préfet de la MRC de Sept Rivières, Denis Miousse, ces nouveaux investissements ne viennent pas régler les problèmes structurants
qui plombent la desserte aérienne des régions comme les retards inexpliqués, les horaires incertains ou les pertes de bagages.
La fiscaliste de Mallette à Baie-Comeau, Réjeanne Lepage, s'inquiète de la répartition de cette enveloppe. Une portion va pour le Nunavik. On ne dit pas quelle part va être donnée pour la Côte-Nord.
Des passagers descendent d'un avion. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Marc-Antoine Mageau
Pour Jeff Dufour Tremblay, la situation actuelle vient handicaper le développement économique de la région. Il espère que le Comité du transport aérien comprend la réalité, puis va faire des annonces dans les prochains mois
.
Il ajoute que ne pas avoir [d’avion] qui atterrit dans la deuxième plus grosse ville de la région et dans l'ensemble des aéroports à desservir, c’est vraiment un enjeu qui pèse lourd sur notre économie, sur notre formation et sur notre capacité d’attraction
.
En ce qui concerne le Plan québécois des infrastructures (PQI), c’est le statu quo
, indique M. Dufour Tremblay. Il n’y a rien de nouveau pour la Côte-Nord.
Investissements en logements : Je trouve ça dommage
, dit Denis Miousse
Alors que le taux d'inoccupation des logements se maintient à 0,5 % à Baie-Comeau et à 1,4 % à Sept-Îles, avec son nouveau budget, le gouvernement du Québec a présenté peu de mesures concernant le logement et l’itinérance.
En effet, le gouvernement provincial maintient les investissements annoncés lors de sa mise à jour économique de novembre. Ce sont 240 millions de dollars qui seront consacrés à la construction de 4700 logements à l’échelle du Québec.
Je trouve ça dommage
, lance Denis Miousse. J’ai l’intention de parler avec les élus de la région [parce que] il faut travailler sur le logement.
Le coût du loyer a augmenté sur le territoire de la Côte-Nord comme à l'échelle de la province. Le loyer moyen, pour un appartement de deux chambres, a été de 7,7 % plus élevé en 2023 par rapport à 2022. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Zoé Bellehumeur
Le directeur de la Chambre de commerce de Manicouagan juge que les sommes annoncées par Québec ne répondent pas aux besoins de la région comme à Baie-Comeau, qui nécessiterait entre 1000 et 1500 nouveaux logements, selon lui.
Le secteur forestier salue les annonces de Québec
C’est un soupir de soulagement du côté des propriétaires de forêts privées. Après les feux de forêt de l’été dernier qui ont décimé 1,3 million d’hectares au Québec, notamment sur la Côte-Nord, le gouvernement du Québec vient investir 147 millions de dollars sur 5 ans pour soutenir les travaux d’aménagement forestiers ou les travaux sylvicoles des forêts privées.
On voit très positivement les annonces faites pour les propriétaires de boiseries
, répond le directeur général de Groupements forestiers Québec, Vincent Garneau.
Pour reboiser les secteurs touchés par les feux de forêt, l’industrie forestière réclamait une importante bonification des sommes destinées à l’aménagement de la forêt. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Marie-Christine Bouillon
Vincent Garneau juge que les travaux d’aménagement forestier sont importants pour s'assurer que les forêts soient résilientes aux changements climatiques
et aux catastrophes comme les feux de forêt.
Le préfet de la MRC de Manicouagan, Marcel Furlong, se dit encouragé
de voir que certains éléments qu’on demandait depuis longtemps
se retrouvent dans le budget présenté par le ministre des Finances, incluant des investissements dans l’industrie forestière.
Le dossier forestier, pour nous autres, c’est un élément majeur et important [...] C’est une très bonne nouvelle .
Ces nouveaux investissements vont permettre aux propriétaires d’être accompagnés par des conseillers forestiers et d’adapter leurs méthodes de production.
Avec les informations de Julie Tremblay