Le budget provincial déçoit les organismes communautaires du Saguenay-Lac-Saint-Jean
Plusieurs représentants d'organismes communautaires et de services budgétaires municipaux se sont réunis mardi, dans un restaurant de Jonquière, pour connaître les détails du budget 2024-2025 du gouvernement du Québec.
Photo : Radio-Canada / Jesica Savard
Des organismes communautaires du Saguenay-Lac-Saint-Jean venant en aide aux personnes vulnérables sont insatisfaits du budget provincial 2024-2025 dévoilé mardi.
Dans un restaurant de Jonquière, où une vingtaine de personnes travaillant pour des organismes communautaires de la région se sont réunies mardi après-midi pour regarder la diffusion à la télévision du dévoilement du sixième budget du ministre des Finances, Eric Girard, plusieurs mines étaient basses.
Très, mais très déçus. J’ai hâte qu’on ait un gouvernement qui décide de gouverner. Pour l’instant, on n’a rien dans ce budget-là qui va pour les personnes en situation de précarité ou de pauvreté
, a dénoncé à la sortie du visionnement Sylvain Bergeron, coordonnateur de L.A.S.T.U.S.E, un organisme qui soutient les personnes sans emploi de la région.
Sylvain Bergeron est coordonnateur de L.A.S.T.U.S.E au Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Photo : Radio-Canada / Alexandra Duchaine
Aucun investissement additionnel pour apaiser la crise du logement n’est inscrit dans le nouvel exercice financier, déplore l’intervenant.
À l’automne 2023, Québec avait annoncé une somme de 1,8 milliard de dollars pour la construction de 8000 logements sociaux et abordables.
À cela s’ajoutent, pour l’année 2024-2025, des investissements de 85,5 millions de dollars qui permettront de maintenir le parc de logements sociaux. Un montant de 50,9 millions sera également destiné à adapter le marché de l’habitation alors que 60,3 millions de dollars serviront à maintenir le programme Allocation-logement.
Sylvain Bergeron craint également que la quatrième version du plan de lutte à la pauvreté et que la réforme de l’aide sociale, attendues au printemps, soient retardées, car aucune dépense n’est inscrite en ce sens.
Prévenir plutôt que guérir
De son côté, Lynn Gauthier, membre du collectif Québec sans pauvreté, s’attriste de la stratégie du gouvernement. Même si elle s’attendait à ce que des miettes
soient accordées aux populations dans le besoin, elle déplore que l'État ne mise davantage sur la prévention.
Lynn Gauthier est membre du collectif Québec sans pauvreté.
Photo : Radio-Canada / Alexandra Duchaine
Présentement, ils ont mis le pactole sur l’éducation et la santé. Mais plutôt que d’essayer de guérir ou de mettre un pauvre plaster sur un bobo qui est devenu trop grand pour le plaster, c’est mieux d’aller en amont. L’itinérance, la pauvreté, les gens qui se font jeter d’un appartement et qui se ramassent dans la rue. Ça va coûter beaucoup plus cher à la société
, pense-t-elle.
Hugues Boily-Maltais, agent de mobilisation à la Table régionale des organismes communautaires du Saguenay-Lac-Saint-Jean, aurait voulu qu’en contexte économique difficile, le ministre des Finances innove pour hausser ses revenus, en augmentant par exemple le nombre de paliers d’imposition et ou en taxant les plus aisés. C’est une déception par rapport à l’absence de vision sociale de ce gouvernement-là
, résume-t-il.
Hugues Boily-Maltais est agent de mobilisation à la Table régionale des organismes communautaires du Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Photo : Radio-Canada / Alexandra Duchaine
Ce n’est pas de la surprise. Mais une déception. On parle d’un déficit historique. Mais il y a des crises sociales historiques en ce moment qu’on décide un peu d'ignorer.
Les organismes communautaires de la région se rassemblent chaque année au moment du dépôt du budget provincial dans le but de mettre en commun leur vision et leur compréhension du document. Ils espèrent que l'an prochain, l'exercice sera moins « désespérant », aux dires de Sylvain Bergeron.